La FIAC ouvre ses portes du 23 au 26 octobre 2014. Entre la réouverture du musée Picasso et l’inauguration de la fondation Louis Vuitton, cette semaine parisienne s’annonce riche en découvertes artistiques.
Mouna Mekouar est doctorante en histoire de l’art et curatrice au Palais de Tokyo entre 2012 et 2014. Elle vient de collaborer comme commissaire associée à l’exposition « Formes Simples » qui se tient au Centre Pompidou-Metz jusqu’en novembre 2014. Pour Jeunes Commissaires, Mouna Mekouar a fait huit suggestions des lieux incontournables pour la FIAC 2014
1. (Ré)ouvertures du musée Picasso et de la fondation Louis Vuitton
Une véritable semaine culturelle s’annonce ! « La Monnaie de Paris, la Fondation Louis Vuitton, le Musée Picasso ouvrent la même semaine, c’est un feu d’artifice pour Paris » affirme Laurent Le Bon, nouveau Président du musée Picasso. Le musée Picasso ouvre ses portes le 25 octobre, date de naissance de l’artiste (25 octobre 1881). Le public découvrira non seulement le réaménagement du musée conçu par l’architecte Jean-François Bodin mais aussi les collections qui présenteront Picasso sous toutes ses facettes. Quant à la Fondation Louis Vuitton, véritable vaisseau en verre conçu par le célèbre Frank Gehry, elle ouvrira au public dès le 27 octobre. Sa collection, encore très peu connue, sera enfin dévoilée. Les commandes faites aux artistes comme Olafur Eliasson, Ellsworth Kelly, Pierre Huyghe seront à découvrir pour cette occasion.
Musée Picasso, ouverture le 25 octobre 2014 à 12h
Fondation Louis Vuitton, ouverture le 27 octobre 2014
2. LAURE PROUVOST – This is the visit – Galerie Nathalie Obadia
Dans le prolongement de son œuvre « Wantee » (2013) primée dans le cadre du Turner Prize, Laure Prouvost invite les visiteurs dans un musée érigé en hommage à son grand-père fictionnel disparu en creusant un tunnel vers l’Afrique. Conçu par sa grand-mère « Wantee » et ses petits-enfants, ce « Visitor Center » mêle installations, tapisseries, peintures, vidéos et sculptures. Entre poésie et humour, fiction et histoire de l’art, l’exposition invite, par une narration cohérente et déconcertante, à « se perdre dans les histoires » de Laure Prouvost.
Galerie Nathalie Obadia, jusqu’au 31 octobre 2014
3. CAMILLE HENROT – The Pale Fox – Bétonsalon
Première grande exposition de Camille Henrot à Paris, « The Pale Fox » rassemble plus de 400 photographies, sculptures, livres et dessins acquis sur eBay, empruntés à des institutions, créés par l’artiste ou simplement trouvés. Associés les uns aux autres, dans un environnement immersif, cet ensemble apparemment incohérent et désordonné, répond à un système de correspondances et de sous-entendus. Cet espace, à la fois physique et mental, met en scène la tentative vaine de l’Homme à vouloir classer, ordonner les idées et les objets. « The Pale Fox » – hommage à l’ouvrage éponyme « Renard pâle », de Germaine Dieterlen et Marcel Griaule – est une méditation sur l’ordre et le désordre, sur l’organisation et la circulation du savoir, sur la vertu poétique et la nécessité des mythes. C’est aussi, peut-être, une façon pour Camille Henrot « de lutter contre l’uniformisation qui menace de tout écraser ».
Bétonsalon, du 20 septembre au 20 décembre 2014
4. LATIFA ECHAKHCH – Prix Marcel Duchamp 2013 – Centre Pompidou
« Dans l’exposition, les nuages flottent ainsi légèrement au-dessus du sol. […] J’ai en quelque sorte cherché à étirer/condenser un paysage dans le lieu, afin de jouer avec différents plans ou strates de lecture, et différentes échelles. » Latifa Echakhch transforme l’espace de l’exposition en un paysage onirique, suspendu entre ciel et terre. Véritable scène dramatique, son installation interroge avec des éléments sculpturaux des objets dérisoires, les notions de décor et décorum. Le visiteur s’arrête devant des fragments d’histoire, des souvenirs d’enfance plongés dans l’encre noire. « J’utilise, le noir, comme un filtre. Le noir renvoie à la fois à l’idée d’un temps d’action passé et arrêté, ainsi qu’à un ensemble en puissance de gestes à venir. » Elle suscite ainsi une déambulation où, par des jeux d’associations et d’interprétations, le visiteur est transporté dans un voyage onirique.
Centre Pompidou, Jusqu’au 26 janvier 2015
5. DANIEL DEWAR ET GREGORY GICQUEL– La jeune sculpture – Musée Rodin
Invités par le Musée Rodin, les deux artistes témoignent de leur capacité à revisiter l’histoire de l’art et à interroger les canons à travers un corpus d’œuvres monumentales coulées dans le béton. Entre humour et parodie, érudition et amateurisme, les œuvres de ce duo d’artistes dialoguent malicieusement avec celles de Rodin. Jambes nues, pieds habillés de chaussures incongrues, fesses nues, gilet en laine ou éléments de toilettes : toutes ces sculptures vacillent entre un hommage rendu au sculpteur légendaire et une ironie bienveillante vis à vis des canons de l’art du XIXème siècle. Le titre de l’exposition est d’ailleurs une référence au Salon de la Jeune Sculpture régulièrement organisé au Musée Rodin dans les années d’après-guerre.
Musée Rodin, jusqu’au 26 octobre 2014
6. VOICES OF URGENCY– École nationale des Beaux-Arts
Ce cycle de rencontres autour de la poésie, conçu et orchestré par l’artiste Alex Cecchetti dans le cadre de la FIAC en collaboration avec l’ENSBA, part du constat que la poésie est essentielle dans notre société. Elle permet, grâce à l’ornement des mots, de révéler le monde sous un autre jour et d’annoncer les changements à venir. Par sa voix, l’Histoire, les maux de la société mais aussi les questions du futur résonnent en nous autrement. Ces rendez-vous associant poètes et chercheurs (sciences, littérature) permettront, grâce à une confrontation directe des idées, d’interroger la pensée contemporaine.
Participeront : Vinciane Despret (philosophe des sciences et éthologue, Belgique), Yuri I. Manin (mathématicien, Russie), Ariana Reines (poète, USA), Serhij Zhadan (poète, Urkraine), Abdellatif Laâbi (poète, Maroc), Peter Semolic (poète, Slovénie), Eileen Myles (poète, USA).
École nationale supérieure des Beaux-Arts, du 23 octobre au 26 octobre, 18h-20h
7. INSIDE – Palais de Tokyo
Métamorphosés par les artistes, les espaces du Palais de Tokyo invitent le visiteur à plonger littéralement à l’intérieur de lui-même. Cette traversée, à la fois physique et mentale, devrait conduire chacun de nous, à découvrir ses pensées les plus secrètes et les souvenirs les plus enfouis de sa mémoire. Tel un voyage incitatif, l’ensemble des œuvres de « Inside » conduit à une expérience profonde, troublante et déroutante.
Commissaires : Jean de Loisy, Daria de Beauvais et Katell Jaffrès
Artistes : Jean-Michel Alberola, Dove Allouche, Yuri Ancarani, Sookoon Ang, Christophe Berdaguer & Marie Pejus, Christian Boltanski, Peter Buggenhout, Marc Couturier, Nathalie Djurberg & Hans Berg, Dran, Marcius Galan, Ryan Gander, Ion Grigorescu, Hu Xiaoyuan, Eva Jospin, Jesper Just, Mikhail Karikis & Uriel Orlow, Mark Manders, Bruce Nauman, Mike Nelson, Numen/For Use, Abraham Poincheval Araya Rasdjarmrearnsook, Reynold Reynolds & Patrick Jolley, Ataru Sato, Stéphane Thidet, Tunga, Andra Ursuta, Andro Wekua, Valia Fetisov et Artur Zmijewski.
Palais de Tokyo, du 20 octobre au 11 janvier
8. KATINKA BOCK – Populania – Galerie Jocelyn Wolff
Ce projet in situ de Katinka Bock explore les notions de contenu et contenants, d’ouvertures et de cloisons. L’artiste joue avec l’articulation des surfaces et des matériaux mais aussi avec les ouvertures et les fermetures pour transformer l’espace de la galerie. Elle joue avec les matériaux – verre, céramique, tissu – et crée une fenêtre qui communique avec les réserves de la galerie. Par ces jeux de reflets et d’ouverture, l’artiste incite à une nouvelle circulation du regard qui transforme la galerie en paysage intérieur et extérieur.
Galerie Jocelyn Wolff, jusqu’au 8 novembre 2014
Mouna Mekouar
Diplômée de l’Institut national du patrimoine (Conservateur, spécialité musées) et doctorante en histoire de l’art, Mouna Mekouar est commissaire d’exposition indépendante. Elle vient de collaborer comme commissaire associée à l’exposition Formes Simples qui se tient au Centre Pompidou-Metz jusqu’en novembre 2014.
Curator au Palais de Tokyo de 2012 à 2014, elle a été en charge comme co-commissaire de la Carte blanche consacrée à Philippe Parreno à l’automne 2013.
En 2010, elle a participé comme commissaire associée à l’exposition inaugurale – Chefs-d’œuvre ?- du Centre Pompidou-Metz. Elle a parallèlement contribué à deux éditions (2009 et 2011) de Photoquai, Biennale des images du monde organisée par le Musée du quai Branly, en sélectionnant les photographes du Maghreb et du Golfe. En 2007, elle a été commissaire de l’exposition Roger Parry au Jeu de Paume.
Elle est l’auteur de plusieurs essais parus dans des catalogues d’exposition (Roger Parry, Gallimard, 2007 ; Chefs-d’œuvre ? éd. Centre Pompidou-Metz, 2011 ; Anywhere, Anywhere out of the world, 2013) et dans des revues spécialisées (Études photographiques, Images re-vues, Patrimoines, Revue de l’art). Elle collabore régulièrement dans ArtPress et a aussi publié deux manuels dans le cadre du Baccalauréat option histoire des arts, l’un consacré à la création et au rayonnement du Centre Georges Pompidou (CNDP, 2009), l’autre à Tadashi Kawamata (CNDP, 2012).