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Les Vitrines 2024 – Exposition d’Arthur Gillet – « Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler »

Les Vitrines est un espace d’exposition consacré à la scène artistique française, initié par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et de l’Institut français de Berlin, dont la direction artistique est confiée en 2024 à la commissaire d’exposition Lisa Colin et l’identité visuelle au studio Kiösk.

Nouvelles langues

Cette année, Les Vitrines accueillent tour à tour les artistes Arthur Gillet et Lou Masduraud à prendre part à une révolution romantique. De la peinture sur soie à la patine du bronze, leurs pratiques singulières et minutieuses détournent les savoir-faire traditionnels, et dévoilent des mondes merveilleux, jusqu’ici occultés. Les fresques spécialement créées pour l’occasion prônent le temps long, l’interrelation et la réhabilitation du soin et de l’écoute comme forces indispensables à la reconstruction d’un monde commun.

Arthur Gillet

Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler

08.03 – 15.06.2024

Vernissage le jeudi 7 mars à 19h et performance d’Arthur Gillet à 20h en entrée libre

C’est au travers d’une peinture sur soie de vingt-cinq mètres de long, qu’Arthur Gillet retrace son parcours, conscient de sa difficulté à s’adapter au monde et à l’autre. Cette fresque, à la fois personnelle et universelle, témoigne de la vie d’un CODA – Child of Deaf Adults [enfant entendant de parents sourds], dévoilant des aspects souvent méconnus de la vie des sourd·es et des enjeux socioculturels liés à cette divergence. Par un ensemble de figures, l’œuvre transcende les barrières linguistiques, et explore les subtilités de la communication non-verbale.

D’une flèche qui traverse l’oreille de sa mère, la peinture évoque la perte de son audition, et les étapes de vie qui en découlent : son éducation au couvent où on lui interdit de signer, sa participation au Réveil Sourd – mouvement pour la réhabilitation de la Langue des Signes Française, la naissance d’Arthur et son intégration difficile, situé entre le monde des sourd·es et des entendant·es, l’isolement social, les moqueries et la violence de la différence, avant de trouver, chacun·e, une forme d’émancipation dans les nouvelles technologies. Arthur Gillet s’inspire des enluminures de Cristoforo de Predis, un artiste sourd du Moyen Âge italien, notamment dans l’usage de couleurs vives et la représentation de structures symboliques : les architectures – reclusoir, église, porte, tours – sont autant de lieux d’isolement que de franchissements pour ces personnages, guidés par des présences invisibles. L’iconographie dévoile le rôle souvent occulté de la religion dans l’histoire des sourd·es, où la confusion entre surdité et déficience mentale a conduit à la réclusion et à la stigmatisation. Néanmoins, la figuration, art déjà employé dans les églises pour transmettre le contenu d’un livre à une population analphabète, ne s’est pas arrêtée à une dimension purement pédagogique ou décorative. Les fresques du couvent San Marco de Fra Angelico étaient destinées à devenir un support au dialogue intérieur. Il apparaît dans les cultures sourde et CODA, la conviction qu’au-delà d’une dialectique occidentale (platonicienne, chrétienne ou moderne) l’image n’est pas le substitut d’une vérité intellectuelle qui lui serait supérieure, mais une expression à part entière, riche et pleine de sens, capable de pallier les limites du verbe.

Pour autant, jusqu’en 2005 être sourd·e ou CODA signifie ne pas avoir de langue maternelle. En 1880, le congrès de Milan réunit deux-cent-vingt-cinq « spécialistes » dont seulement trois sourds, et conclut à la nécessité de promouvoir la méthode oraliste au détriment des langues visuelles. Les langues des signes sont interdites jusqu’en 1991[1], et reconnues progressivement en Europe comme langues officielles dans les années 2000 (en France en 2005). L’oralisme exige des personnes sourdes une intégration forcée par mimétisme, au prix de méthodes douloureuses et mutilantes (appareils, trépanations). S’inscrivant dans une pédagogie qui impose que l’on entende et parle avant d’écrire, l’oralisme dénigre les capacités et l’intelligence propres à chaque individu. Des méthodes d’apprentissage forcé se développent, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera[2]. En conséquence, en France en 2003, parmi les deux millions de personnes nées sourdes, l’illettrisme est massif et atteint les 80%[3]. C’est le cas de la mère d’Arthur, qui obtient en 1971 le seul diplôme à sa portée, un certificat d’aptitude professionnelle en Arts Ménagers. Elle participe dans les années 70-80 au Réveil Sourd, mouvement militant pour une éducation bilingue de l’enfant sourd·e, conjointement aux luttes féministes, antiracistes, LGBTQ et décoloniales, qui défendent leurs reconnaissances et leurs droits. C’est par cette rencontre avec d’autres personnes sourdes, que sa mère apprend à l’âge de 17 ans sa « langue naturelle », la langue des signes.

Revenant sur des faits parfois traumatisants, Arthur Gillet rend visible des conditions socio-politiques méconnues, et met en lumière l’inversion de la parentalité qui s’opère fréquemment : les enfants CODA se voient jouer le rôle d’intermédiaire ou de parent auprès d’une société entendante validiste (recherche de travail, traduction, socialisation, intégration). Ainsi, il révèle l’impact majeur des avancées technologiques, telles que l’invention du minitel, du téléphone, de la lampe-flash radio Lisa (qui traduit le son en lumière), ou du télétexte Antiope (pour la transcription en direct des dialogues et sons des films, spatialisés par un code couleur) qui ont non seulement facilité la communication et la sociabilisation, mais ont surtout contribué à l’autonomisation des personnes sourdes. Dans sa fresque, l’artiste développe une iconographie multiple de l’invisible, où la technologie prend le pas sur la religion : les anges sont remplacés par des écrans annonciateurs, le clocher de l’église par une tour de transmission, les rayons sacrés sont des ondes radios. Le 21e siècle devient alors l’époque de la magie, les choses adviennent sans qu’on en comprenne leur fonctionnement. Dans la lignée d’Hilma af Klint[4], dont les carnets et peintures sont empreints de spiritisme, l’œuvre d’Arthur Gillet est un portail vers d’autres dimensions, où le réel cohabite avec le fantastique. L’emploi de la figuration rend visible une condition physique qui ne l’est pas, contrant sa « monstruosité », c’est à dire précisément son manque de représentation. Les nouvelles technologies ont également apporté une grande visibilité au mouvement, une représentation politique autogérée, à l’instar d’autres minorités.

La fresque, éclairée par l’arrière, prend des allures de vitraux ou d’écran, et se déroule comme une pellicule cinéma : en longeant la vitrine, on découvre une suite d’images qui s’animent, témoin silencieux de la vie d’un CODA. Entre la revendication d’être « comme les autres » et celle d’être reconnu dans sa spécificité, Arthur Gillet déconstruit les stéréotypes et dépeint la surdité non pas comme une incapacité mais comme une divergence physique, d’intelligence et de sensibilité. Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler est un manifeste visuel ; le témoignage poignant d’une lutte pour l’inclusion et la reconnaissance culturelle.

Lisa Colin

[1] Dès 1975, des associations comme l’IVT – International Visual Theatre vont enseigner en Île-de-France la Langue des signes française. C’est en 1991 que l’amendement « Fabius » reconnaît aux familles le droit de choisir une communication bilingue dans l’éducation de leurs enfants. Ce décret sera très peu respecté, seuls 1 % des élèves sourd·es ont par la suite accès à ces structures.

[2] Marcelle CHARPENTIER, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera. Dès l’âge de la maternelle (Éditions sociales françaises, Paris, 1956).

[3] Brigitte PARRAUD et Carole ROUDEIX, « Bibliothèque, lecture et surdité », BBF – Bulletin des bibliothèques de France (En ligne, 2004).

[4] Peintre suédoise (1862-1944), qui a voué sa vie et son travail à l’exploration de l’invisible.

Arthur Gillet (né en 1986, vit et travaille à Paris) est un artiste plasticien et performeur. Diplômé de l’École des beaux-arts de Rennes, il se forme parallèlement à la danse contemporaine au Musée de la danse. Il grandit en transition de genre, dans une famille sourde et neuro-atypique en marge du marché du travail. Dans ses travaux, Arthur Gillet approfondit les thématiques du désir, de l’identité, de la lutte sociale et des médias ; par sa pratique de la performance et du happening, il investit les espaces publics ou institutionnels. Il est marqué par les autrices et artistes qui ont accompagné son parcours de transition : Naoko Takeuchi, Jane Austen, Valtesse de la Bigne, Virginia Woolf, Murasaki Shikibu, Isabelle Queval, Geneviève Fraisse, Elisabeth Lebovici. Arthur Gillet a présenté son travail en France et à l’international, au CAC Brétigny, au Palais de Tokyo (Paris), à PROXYCO Gallery (New-York), au Transpalette – Centre d’art contemporain de Bourges, entre autres.

Site internet : https://arthurgillet.com/

Instagram : @arthurouge

Crédits photos : Kathleen Pracht

Kiösk est un studio de design graphique basé à Ivry-sur-Seine. Le duo composé d’Elsa Aupetit et Martin Plagnol dessine des identités visuelles, des sites Internets, des affiches, des éditions, des signalétiques, dans le cadre de la commande publique comme privée. Ils ont également fondé la maison d’édition indépendante Dumpling Books.

Studio Kiösk 

Instagram : @studio_kiosk

Liberty Adrien

[LES VITRINES 2021]

Liberty ADRIEN est commissaire d’exposition indépendante, historienne et critique d’art. Elle vit et travaille entre Berlin et Paris.

Elle a fondé le centre d’art Âme nue à Hambourg, en Allemagne, en 2015, dédié à la création contemporaine. Elle y a été commissaire de nombreuses expositions et a notamment présentée : Ruth van Beek (2017), Sarah Feuillas (2015), Robin Hinsch (2019), Stefan Marx (2018), Moshtari Hilal (2019), Roman Moriceau (2016, 2019), Sarah Naqvi (2019), et Lu Yang (2018). Elle a créé le salon du livre d’artiste et de l’édition d’art STAPLED (2018, 2019) et plusieurs séries de tables rondes : « In Conversation With » et « Entering the Anthropocene » (en collaboration du journaliste de DIE ZEIT Fritz Habekuß). Elle a co-fondé les ateliers d’artistes Âme Nue, à Paris, et la librairie de livres d’artiste en ligne Liberty Matters Books, en 2020.
Dans sa pratique curatoriale, elle collabore avec des institutions à l’échelle européenne, à l’instar de l’International Cultural Exchange – Ministère de la culture et des médias Hambourg, l’Institut français, l’Institut Goethe, et le Centre Photographique Marseille. Elle est éditrice en ligne pour la maison d’édition de livres d’art Hatje Cantz, et critique d’art pour le magazine d’art contemporain en ligne PASSE-AVANT, dédié à la scène émergente.

Lauréate de la bourse curatoriale du Cnap (2016-2017) pour son Étude sur l’histoire des acquisitions d’œuvres d’artistes femmes pour la collection nationale d’art française, de 1791 à nos jours, sa recherche a été présentée dans le magazine de l’Association AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, et au ARTE Journal (2020). Elle a donné plusieurs conférences à ce sujet, à Berlin et Frankfurt.

MISSION AU SEIN DE LA KUNSTHALLE PORTIKUS X LUCAS JACQUES-WITZ

Cette année, le jeune commissaire Lucas Jacques-Witz a été sélectionné pour intégrer l’équipe de curation de la Kunsthalle Portikus à Francfort-sur-le-Main pour travailler en étroite collaboration avec les équipes de l’institution allemande pour l’organisation et la mise en œuvre de la manifestation PORTIKUS ART BOOK FESTIVAL et des programmes de médiation.

Se déroulant du 19 au 23 octobre 2022, parallèlement à la Foire internationale du livre de Francfort, PORTIKUS ART BOOK FESTIVAL est un projet d’expositions, d’ateliers et de conférences publiques qui vise à mettre en lumière le travail d’éditeurs et d’éditrices de livres d’art indépendants et internationaux, à partager et échanger sur les pratiques contemporaines de création de livres d’artistes, fanzines, magazines, multiples, etc. Son objectif est de présenter une pluralité de créateurs et créatrices, d’exposer leur travail et de les faire dialoguer au sein d’une scénographie d’exposition spécialement conçue pour l’occasion par le studio d’architecture espagnol MAIO. La présentation des livres y sera en constante évolution, invitant les visiteurs, avec l’aide de l’équipe de Portikus, à établir de nouvelles connexions entre les différentes pratiques de l’édition. PORTIKUS ART BOOK FESTIVAL présentera également une série de discussions publiques axées sur la transmission des connaissances et des expériences d’acteurs internationaux de l’édition de livres d’art et pour un public plus jeune, des ateliers artistiques axés sur la création de fanzines seront organisés, en collaboration avec une école locale et des étudiants de la Städelschule.

STAPLED

STAPLED est un événement d’une semaine qui servira de plateforme pour les éditeurs d’art expérimental du monde entier. éditeurs d’art expérimental du monde entier de se rencontrer et d’échanger des idées pendant la Foire du livre de Francfort, la plus grande foire du livre au monde. d’échanger des idées pendant la Foire du livre de Francfort, la plus grande foire du livre au monde. du monde. STAPLED vise à jeter un pont entre les différentes scènes de l’édition d’art. entre les différentes scènes de l’édition d’art. En mettant l’accent sur la création d’un dialogue entre les éditeurs d’art internationaux, une sélection d’artistes, de studios de une sélection d’artistes, de studios de graphisme et d’éditeurs internationaux seront invités à présenter leur travail dans une scénographie d’exposition spécialement commandée pour l’exposition. dans une scénographie d’exposition spécialement conçue pour l’occasion. pour l’occasion. Repenser les façons de s’engager avec les livres aujourd’hui, un artiste ou un architecte sera invité à créer une scénographie d’exposition spécialement commandée pour l’occasion. sera invité à créer une scénographie d’exposition spécialement pour l’occasion. Cette scénographie unique sera au centre de la toute première présentation de Portikus sur les pratiques de l’édition d’art. présentation de Portikus sur les pratiques de l’édition d’art. Il sera essentiel de Il sera essentiel de s’engager les uns avec les autres et avec les livres présentés. L’objectif de STAPLED L’objectif de STAPLED est de présenter une famille cohérente de créateurs de livres en exposant leurs travaux ensemble et en les faisant dialoguer dans le cadre d’une exposition. en exposant leurs travaux ensemble et en les faisant dialoguer dans le hall principal de Portikus. La présentation des livres changera constamment, invitant les visiteurs à tracer de nouvelles frontières entre les différentes approches de l’édition. L’exposition STAPLED est gratuite et sera s’accompagnera de diverses séances de dédicaces avec des artistes et des locales et internationales qui se dérouleront tout au long de la journée.

 

LES VITRINES 2022 | Exposition du duo Ferruel & Guédon

19 octobre 2022 – 08 janvier 2023

AFFG est un duo d’artistes françaises, composé d’Aurélie Ferruel (née en 1988) et de Florentine Guédon (née en 1990), qui travaillent ensemble la sculpture et la performance depuis une dizaine d’années. Nourri par les rites populaires et les savoir-faire régionaux, leur travail s’appuie sur des traditions ancestrales qu’elles tentent de dépasser. En s’affranchissant des héritages avec humour, spontanéité et sens critique, elles donnent à voir un monde imaginaire construit à partir de matériaux vivants dans une économie de moyens. Pour Les Vitrines de l’Institut Français de Berlin, le duo s’interroge sur le rôle de la vitrine. Espace sacré, muséal, commercial, espace de protection, de tentation, de conservation. Les réflexions d’AFFG explorent la place d’un monde vivant mis sous cloche, privé de son évolution naturelle. La scénographie imaginée questionne notre lien sensoriel à l’heure de toutes les crises et dépoussière l’espace traditionnel de la vitrine pour devenir le théâtre de nouvelles fabulations.

LES VITRINES 2022 | Philipp Röcker – Sentimental building

08 juin 2022 – 09 octobre 2022

Pour l’exposition Sentimental building, l’artiste Philip Röcker présente pour la première fois un ensemble de bronzes de tailles et formes variées qui explorent l’idée du soin et d’attention portée à la matière. Il y parvient par étapes qui tendent à transformer l’éphémère en impérissable. Sur du sable, il dessine au doigt des formes libres dont l’empreinte est ensuite coulée en cire puis en bronze. Allongées au sol, accoudées au mur, en équilibre, chaque pièce réclame une proximité du spectateur pour observer la douceur de l’irrégularité autant que la fragilité d’un matériau robuste. L’espace surélevé des Vitrines conduit notre regard vers la lecture d’une multitude de caresses en volumes qui selon leur combinaison construisent un répertoire de formes diverses – une lettre, un volume, un moulage. L’artiste rattache ses constructions sentimentales aux œuvres paléolithiques dont la plupart restent aujourd’hui énigmatiques. Il y ajoute ici la possibilité de devenir sculptures, et y oppose la noblesse du bronze à la simplicité d’un geste.

LES VITRINES 2022 | Raphaël Larre – Forêt intérieure

Initiées depuis 2021, « Les Vitrines » sont un espace d’exposition dédié à la scène artistique française, mis en place par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et l’Institut français de Berlin. Cette année, la direction artistique des Vitrines est confiée à la commissaire Anne-Laure Lestage et l’identité visuelle au Studio Haberfeld.

18 février 2022 – 29 mai 2022

À la recherche de nouvelles formes de fabrication du trait, l’artiste français Raphaël Larre dessine. Guidé par le mouvement, sa recherche sur papier, animée ou performée, représente les choses de la vie – la rue, les gens, la nature – sans hiérarchisation. L’œuvre murale Forêt intérieure, produite pour Les Vitrines, aborde la question fondamentale de la place de la nature dans nos villes. Combinaisons de dessins végétaux réalisés sur le vif dans un parc berlinois et de motifs décoratifs allemands travaillés en atelier, l’artiste superpose les lignes autant qu’il les oppose. Traditionnellement présent dans les intérieurs cossus, un papier peint se retrouve déchiré de multiples façons pour révéler une végétation débordante traitée au fusain. Contradiction entre le monde domestique et sauvage, le geste vif de l’artiste rappelle que notre comportement intérieur peut avoir une action politique autant que poétique.

LES VITRINES 2022

Initiées depuis 2021, « Les Vitrines » sont un espace d’exposition dédié à la scène artistique française, mis en place par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et l’Institut français de Berlin. Cette année, la direction artistique des Vitrines est confiée à la commissaire Anne-Laure Lestage et l’identité visuelle au Studio Haberfeld.

La proposition imaginée par Anne-Laure Lestage pour « Les Vitrines 2022 » invite tout au long de l’année rythmée de trois expositions des artistes français.es en solo ou en duo qui réfléchissent, de manière élargie, l’écriture sauvage dans leur pratique. Titre éponyme du poème pastoral de Mallarmé et de la chorégraphie bestiale de Nijinski, L’après-midi d’un faune fait l’éloge d’une créature, mi-homme mi- animal, à la poursuite de son désir. À travers des formes libres et intuitives, les artistes révèlent avec fragilité, douceur et brutalité des altérités entre les mondes vivants. Ce prélude champêtre se retrouve ici au carrefour d’une rue berlinoise, telle une plante rudérale qui pousserait entre les failles du ciment. Humain et animal, domestique et instinctif s’entrelacent par des jeux de représentations, de gestes et de matières équivoques. Les vitrines tentent de réfléchir à la question du monde sauvage.

Anne-Laure Lestage

La pratique curatoriale d’Anne-Laure Lestage vise à croiser l’art contemporain, les arts décoratifs et l’artisanat. Elle s’intéresse particulièrement aux questions liées à l’anthropocène et aux arts domestiques. En 2019 elle crée un espace curatorial a mano studio à Biarritz avec pour objectif de décloisonner les pratiques artistiques contemporaines et de renouer avec les savoir-faire ancestraux.

Raphaël Larre – Forêt intérieure

Philipp Röcker – Sentimental building

Exposition du duo Ferruel & Guédon

BOURSE DE VOYAGE ET DE RECHERCHE 2024 – APPEL À CANDIDATURE

BOURSE DE VOYAGE ET DE RECHERCHE EN ALLEMAGNE

Date limite de candidature : 22.04.2024

La scène artistique allemande est reconnue par son dynamisme et sa diversité. A travers un grand nombre de structures et manifestations artistiques réparties sur l’ensemble de son territoire, l’Allemagne offre de nombreuses opportunités pour les jeunes curateur.ice.s.

Le Bureau des arts plastiques propose deux bourses de voyage et de recherche vers l’Allemagne s’adressant aux commissaires d’exposition français.e.s ou travaillant en France qui mènent des projets dans le domaine de l’art contemporain.

La bourse est dotée de 2.250€ TTC pour un voyage d’une durée minimum de 3 semaines. Elle couvre les frais de voyage et/ou d’hébergement, les frais de visites d’expositions et de documentation, les per diem, et les honoraires/droit d’auteur pour la rédaction d’un texte curatorial.

Les voyages devront s´effectuer entre le 15 mai et le 1er décembre 2024.

Objectifs:

– Permettre aux commissaires français.e.s d’approfondir leur connaissance de la scène artistique allemande et internationale

– Leur offrir une perspective privilégiée sur l’actualité de la scène artistique contemporaine allemande par le biais de mobilités dans le pays.

– Encourager la mise en place de projets incluant des acteur.ice.s français.e.s et allemand.e.s de la scène artistique contemporaine.

– Promouvoir la mise en réseau entre professionnel.le.s

Conditions de réalisation :

– À l’issue du voyage de recherche, le.a commissaire rédigera un texte curatorial de deux pages minimum sur un sujet lié à son séjour. Il devra être transmis au Bureau des Arts Plastiques et sera publié sur le site de Jeunes Commissaires et les supports de communication du bureau.

– Si des expositions, projets, publications, etc. sont réalisés à la suite de ce voyage, la mention du soutien apporté par le Bureau des arts plastiques et le logo de l’Institut français d’Allemagne et de l’Office franco-allemand pour la jeunesse devront être utilisés dans les médias liés au projet (dossier de presse, site Internet).

– La bourse ne peut pas être accordée pour couvrir un déficit lié à une invitation de résidence, pour le commissariat de projets d’exposition déjà prévus ou pour des invitations à des conférences.

– La bourse ne peut pas non plus être accordée pour des recherches universitaires (par exemple, dans le but de faire des recherches pour des mémoires ou de préparer des cours à l’université).

Conditions d’éligibilité :

1- La bourse s’adresse aux commissaires indépendant.e.s ou salarié.e.s, critiques et historien.ne.s de l’art, et artistes exerçant, même ponctuellement, une activité curatoriale de moins de 36 ans.

2- Les candidat.e.s doivent être enregistré.e.s comme résidant en France.

3- Les candidat.e.s ne doivent pas déjà résider en Allemagne.

3- Les candidat.e.s doivent détenir un numéro SIRET.

4- les candidat.e.s doivent travailler sur la préparation d’un projet ou faire de la recherche et démontrer qu’un voyage en Allemagne est une étape importante pour le développement de leurs travaux.

5- Les étudiant.e.s ne sont pas éligibles.

Les candidat.e.s doivent présenter une demande détaillée incluant:

– Une lettre de motivation (une page maximum) décrivant des objectifs du voyage de recherche et de l’itinéraire prévu (durée du séjour, indication des lieux, institutions et personnes à visiter).

– Un curriculum vitae incluant l’indication d’un numéro SIRET et de la date de naissance

Merci d’envoyer votre dossier de candidature en français ou en anglais à info.bdap@institutfrancais.de

La sélection des dossiers sont effectuées par le Bureau des arts plastiques. Elle sera basée sur la pertinence du projet de recherche et sur l’intérêt du voyage en Allemagne pour le développement de ce projet.

Ce projet est réalisé avec le soutien du ministère de la Culture et l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (Ofaj)

MISSION EN INSTITUTION 2024 CHEZ SLAVS&TATARS | PICKLE BAR BERLIN – APPEL À CANDIDATURES

Recherche un.e commissaire d’exposition dans le cadre du projet mission en institution au Pickle Bar / Slavs and Tatars, Berlin

Date de mission : du 27 mai au 27 décembre 2024

Appel ouvert aux commissaires d’exposition français.es ou basé.e.s en France.

Présentation du programme « Jeunes Commissaires »

Le programme « Jeunes Commissaires » a été créé en 2013 par le Bureau des arts plastiques (BDAP) de l’Institut français d’Allemagne en étroite collaboration avec le Ministère de la Culture et l‘Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ). « Jeunes Commissaires » vise à établir de nouvelles formes de soutien aux commissaires d’exposition émergent.e.s de la scène française sur la scène artistique allemande.

Tous les ans, le BDAP soutient la mission d’un.e commissaire d’exposition basé.e en France au sein d’une structure partenaire en Allemagne. Le choix est opéré selon la pertinence des projets présentés dans le contexte donné par les équipes du BDAP et de l’institution partenaire.

En 2024, le partenariat a lieu avec le Pickle Bar, Berlin, espace de projet à but non lucratif lancé en 2020 par le collectif d’artistes Slavs and Tatars et les commissaires Patricia Couvet et Anastasia Marukhina. Celui-ci offre l’opportunité à un.e commissaire de travailler en étroite collaboration avec son équipe curatoriale pour l’assister dans le développement d’un programme artistique  précis qui portera cette année sur le thème du langage, et dont le titre est « Sturm and Slang ».   

Projet Sturm and Slang

Composé d’une série de conférences, d’ateliers et de performances, Sturm and Slang sera un programme public prévu pour le printemps-automne 2024. Le programme examinera la transformation et la perturbation des langues, des argotismes et des dialectes en tant qu’outils pour forger de nouvelles identités en Europe de l’Est, dans le Caucase, en Asie centrale et dans leurs importantes communautés de diaspora. Dans une sphère publique de plus en plus politisée, la langue est militarisée, souvent sans tenir compte de son potentiel d’autonomisation et de libération. Berlin et l’Allemagne partagent une longue histoire, quoique complexe, avec l’Europe de l’Est et les anciens États soviétiques. Ce projet est particulièrement pertinent dans le climat politique et social actuel, en particulier à Berlin, point de jonction entre l’Est et l’Ouest. Le public peut aborder les questions de langue et de traduction culturelle de manière ludique à travers différents formats au Pickle Bar, connu internationalement comme un lieu de performances contemporaines et de programmes innovants de discours public, activement engagé dans le discours mondial de l’art contemporain. Le projet vise à favoriser une collaboration étroite avec les communautés et les collaborateurs locaux tout en créant une résonance internationale en contribuant au discours sur la justice linguistique parmi les universitaires et les travailleurs culturels du monde entier. Grâce aux contributions d’universitaires, d’artistes émergents et établis, de poètes et d’écrivains, et d’activistes linguistiques, Sturm and Slang célèbre et redore le blason de la nature intrinsèquement fluide de la langue en tant que moyen d’autodétermination et d’autonomisation.

Missions

Le ou la commissaire se joindra à l’équipe de Pickle Bar / Slavs and Tatars pour assister l’équipe curatoriale dans les diverses missions de la structure. Les missions auxquelles le curateur ou la curatrice prendra part sont les suivantes :

  • Assister l’équipe curatoriale du Pickle Bar et soutenir la production d’événements dans le cadre du programme performatif et discursif autour de l’évolution et l’hybridation des langues (argots, queer linguistiques et langages secrets) en Europe Centrale et de l’Est, les pays Baltes, le Caucase et en Asie centrale
  • Conceptualiser et organiser un workshop pour un jeune public (-36 ans) autour des sujets du programme du Pickle Bar
  • Possibles tâches quotidiennes liées à la gestion d’un studio d’artistes (inventaire d’œuvres, archivage presse)
  • Assurer la liaison artistique et des recherches pour une exposition de Slavs and Tatars planifiée en France en 2025

Le ou la commissaire devra également rédiger un rapport d’activité qui sera publié sur www.jeunescommissaires.de.

Présentation du Pickle Bar

Pickle Bar est un espace de projet à but non lucratif, qui se concentre sur la recherche, les performances et les discussions, situé dans le quartier Moabit de Berlin, lancé en 2020 par le collectif d’artistes Slavs and Tatars avec Patricia Couvet et Anastasia Marukhina pour étendre la plateforme eurasienne du collectif (Europe de l’Est, Caucase et Asie centrale) à un plus grand public. Dédié à une forme inattendue de production de connaissances – où l’hospitalité et le discours sont inséparables – Pickle Bar aborde des questions cruciales, par des études profondes dans des domaines d’étude souvent négligés, les histoires orales et culturelles, la culture matérielle, la langue et les études de genre. Pickle Bar invite d’autres artistes, penseurs.se.s, écrivain.e.s et chercheur.se.s à explorer les limites des idéologies et des systèmes de croyance en se concentrant particulièrement sur le langage, à la fois en tant qu’affect et discours, traversés tous les deux par la fermentation.

Consulter le site internet de Pickle Bar : https://picklebar.berlin/

Présentation de Slavs and Tatars

Slavs and Tatars est un collectif artistique de renommée internationale qui se consacre à la région située à l’est de l’ancien mur de Berlin et à l’ouest de la Grande Muraille de Chine, connue sous le nom d’Eurasie. Depuis sa création en 2006, le collectif a fait preuve d’une compréhension aiguë des questions polémiques de la société, ouvrant de nouvelles voies au discours contemporain par le biais d’une forme totalement idiosyncrasique de production de connaissances : culture populaire, traditions spirituelles et ésotériques, histoires orales, mythes modernes, ainsi que recherche universitaire. La pratique du collectif s’articule autour de trois activités : les expositions, les publications et les conférences-performances. Leur travail a fait l’objet d’expositions individuelles au Musée d’art moderne de New York, à Salt, Istanbul, à la Sécession de Vienne, à la Kunsthalle de Zurich et à l’Albertinum de Dresde, entre autres. Slavs and Tatars a publié plus de dix livres à ce jour, dont Wripped Scripped (Hatje Cantz, 2018) sur les politiques linguistiques, ainsi qu’une traduction du légendaire périodique satirique azerbaïdjanais Molla Nasreddin (actuellement dans sa 2e édition chez I.B Tauris, 2017). Les artistes travaillent par cycles, où de longues périodes de recherche donnent vie à un écosystème d’installations, de sculptures, de conférences et d’imprimés qui remettent en question notre compréhension du langage, du rituel et de l’identité. Imprégné d’humour et de générosité d’esprit, leur travail mêle couramment visuels pop et traditions ésotériques, rituels oraux et analyses savantes, d’une manière qui remet en question notre façon souvent unidimensionnelle de voir les relations entre la science, la religion, le pouvoir et l’identité. Outre le lancement d’un programme de résidence et de mentorat pour les jeunes professionnels de leur région, Slavs and Tatars a récemment ouvert Pickle Bar, un bar à aperitivo slave et un espace de projet à quelques pas de leur studio à Moabit.

Consulter le site internet de Slavs and Tatars : https://www.slavsandtatars.com/news

Profil recherché

  • Le ou la candidat.e devra être capable de travailler de façon indépendante, individuellement ainsi qu’en équipe.
  • Une formation en art, édition d’art, architecture ou en commissariat d’exposition ainsi qu’une très bonne connaissance de la scène artistique européenne sont souhaitées.
  • Le ou la candidate doit avoir une connaissance et une compréhension du fonctionnement d’un artist-run-space et un intérêt particulier pour les pratiques performatives et discursives, et les scènes artistiques concernées par le programme du Pickle Bar.
  • Le ou la candidat.e doit être de nationalité française ou résider en France.
  • Le ou la candidat.e doit avoir la possibilité de résider à Berlin de mai à décembre 2024 et doit prévoir un endroit où se loger au moins jusqu’à juillet 2024 (possibilité de logement par Slavs and Tatars à partir de juillet 2024).
  • La maîtrise de la langue anglaise est obligatoire, celle de la langue allemande est un plus.
  • Le ou la candidat.e doit être âgé.e de moins de 36 ans au début de la mission.

Rémunération et durée

La période de travail se tiendra de mai à décembre 2024, soit une durée de sept mois.

Le budget inclue un honoraire de 10.500€ TTC pour la mission curatoriale et l’organisation d’un workshop pour jeune public (-36 ans), et une aide aux frais de voyages et d’hébergement à Berlin d’un montant total de 1.500€ TTC pour les 6 mois de mission.

La mission se déroulera en présentiel et requiert une quantité de travail d’un minimum de 4 jours par semaine.

Documents de candidature en PDF

  • Un curriculum vitae incluant date de naissance et le numéro SIRET
  • Une lettre de motivation (1 page)
  • Liste des projets auxquels le ou la commissaire a participé (si elle n’est pas comprise dans le CV)

Merci d’adresser votre dossier de candidature en anglais par e-mail à l’adresse suivante : info.bdap@institutfrancais.de

Volume max. de l’ensemble des documents : 5 MB

Date limite de candidature : 1er avril 2024

Interview : la semaine du 8 avril

Contact

Bureau des arts plastiques | Institut français d’Allemagne

Französische Botschaft, Pariser Platz 5, 10117 Berlin

+49 (0)30 590 03 9244

info.bdap@institutfrancais.de  | www.jeunescommissaires.de

Responsable : Oriane Durand | Chargée de projets culturels : Alix Weidner

Ce projet est réalisé avec le soutien du ministère de la Culture et l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (Ofaj)

Les Vitrines 2023 – Exposition de Fanny Taillandier – « J’AI DEMANDÉ MA ROUTE AU MUR (il m’a dit d’aller tout droit) »

Les Vitrines est un espace d’exposition consacré à la scène artistique française, initié par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et de l’Institut français de Berlin. Pour ce nouveau cycle d’expositions intitulé L’horizon des événements, la direction artistique est confiée à la commissaire Fanny Testas et l’identité visuelle au collective Bye Bye Binary (Eugénie Bidaut, Roxanne Maillet et Léna Salabert). Trois artistes françaises, Vava Dudu, Lola Barrett et Fanny Taillandier, sont conviées à créer trois expositions tout au long de l’année qui invoquent de nouveaux récits et imaginaires sciences-fictionnels, et se prétendent capsules ou vortex temporels.

Si les espaces de libre circulation se développent autour du monde, ils s’accompagnent paradoxalement de frontières de plus en plus difficiles à franchir : murs, barbelés, patrouilles maritimes … Au libre-échange répond alors la militarisation, à la mobilité croissante, l’inflation de juridictions exceptionnelles faisant obstacle aux parcours humains. À la langue du droit et de ses limitations, par nature impersonnelle, répondent les chants collectifs des migrations, dont l’épopée est l’expression depuis la naissance de l’écriture.

Quel dialogue possible entre les normes juridiques, qui laissent passer ou barrent la route au nom de principes à géométrie variable, partout sur terre, et nos consciences individuelles et collectives, mues par le désir et la nécessité d’arpenter le monde ? En faisant dialoguer deux machines par essence incapables de s’entendre, l’exposition J’AI DEMANDÉ MA ROUTE AU MUR (il m’a dit d’aller tout droit) propose de donner à voir les impossibles accords de régimes de parole dont la légitimité ne naît pas au même endroit, et qui pourtant, par leurs forces respectives, forment le monde où nous vivons. Alors que la barre des 100 millions de personnes exilées dans le monde a été franchie en 2022, penser les frontières comme espace de dialogues multiples et de confrontation entre des imaginaires différents est une façon de donner la parole au futur.

Les œuvres de Fanny Taillandier sont accompagnées d’une sélection de photographies de Samuel Gratacap, issues de son travail Bilateral, publié en 2023.

L’identité visuelle des Vitrines 2023 a été confiée par Fanny Testas à la collective franco-belge Bye Bye Binary qui est à la fois une expérimentation pédagogique, une communauté, un atelier de création typo·graphique variable, un réseau, et une alliance. BBB explore la création de formes graphiques et typographiques adaptables à l’écriture inclusive.

Visual identity by Bye Bye Binary (Eugénie Bidaut, Roxanne Maillet and Léna Salabert-Triby)

Le vernissage a eu lieu le jeudi 12 octobre 2023 à partir de 19h avec une performance de Fanny Taillandier et Noé Balthazard.