Les Vitrines 2023 – Exposition de Lola Barrett – « Schneckenprinzessin »

Les Vitrines est un espace d’exposition consacré à la scène artistique française, initié par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et de l’Institut français de Berlin. Pour ce nouveau cycle d’expositions intitulé L’horizon des événements, la direction artistique est confiée à la commissaire Fanny Testas et l’identité visuelle au collective Bye Bye Binary (Eugénie Bidaut, Roxanne Maillet et Léna Salabert). Trois artistes françaises, Vava Dudu, Lola Barrett et Fanny Taillandier, sont conviées à créer trois expositions tout au long de l’année qui invoquent de nouveaux récits et imaginaires sciences-fictionnels, et se prétendent capsules ou vortex temporels.

Dès l’aube de l’humanité, la mer fascine, donnant naissance à de nombreux rêves, mythes et légendes. Encore aujourd’hui, les fonds marins restent en partie inatteignables, moins explorés que la Terre ou l’espace et font l’objet d’infinies divagations.  Dans son exposition Schneckenprinzessin, Lola Barrett met en bocal ses fantasmagories aquatiques, plongeant les spectateur·ice·x·s dans un univers oscillant entre une influence pop enfantine et un délire rétro-futuriste. En s’imaginant vivre parmi les « nudibranches », elle tisse une réalité parallèle, cocon acidulé de sculptures gonflables et molletonnées.

« Schneckenprinzessin » signifie littéralement « princesse des limaces » en allemand et est un clin d’œil assumé à Tsunade, personnage du manga japonais Naruto de Masashi Kishimoto. Surnommée « Namekuji Hime » (princesse des limaces), celle-ci est dotée d’une puissance physique inégalée. Le titre de l’exposition fait également référence au mot d’argot français « schneck » qui désigne le sexe féminin. « Schneckenprinzessin » est un étendard fièrement porté, revendiquant l’être femme comme une force.

Née en 1993 à Paris, Lola Barrett réside entre Bruxelles et Paris. Elle développe sa recherche artistique autour des environnements des êtres et de la manière dont celleux-ci ont des rapports inter-influents entre le vivant et le non vivant, entre le territoire et sa narrativité historique, jusqu’à la façon dont l’humanité se l’approprie. Ses œuvres composent les scènes des histoires que l’artiste raconte et incarne. Tout est affaire de décor, chacune des pièces créées révèle un pan du récit, tout en possédant une valeur plastique intrinsèque.

L’identité visuelle des Vitrines 2023 a été confiée par Fanny Testas à la collective franco-belge Bye Bye Binary qui est à la fois une expérimentation pédagogique, une communauté, un atelier de création typo·graphique variable, un réseau, et une alliance. BBB explore la création de formes graphiques et typographiques adaptables à l’écriture inclusive.

Visual identity by Bye Bye Binary (Eugénie Bidaut, Roxanne Maillet and Léna Salabert-Triby)

Pour le vernissage de l’exposition « Schneckenprinzessin » de Lola Barrett, s’est produit une projection du court métrage « La nacre des ruines », suivi d’une performance. Le court-métrage est issu de l’exposition collective du même nom, basée sur le projet de Lola Barrett 2022, présentée à la Brasserie Atlas à Bruxelles et dont le commissariat a été assuré par Fanny Testas. L’œuvre cinématographique constitue le prologue à l’univers mis en scène dans Les Vitrines. La musique du film a été composée par le musicien et producteur Eric D. Clark, qui vit à Berlin. Elle a été jouée en direct dans le cadre de la projection du film et a accompagné la performance de Lola Barrett.

« La nacre des ruines » s’adresse à nous dans le futur et raconte les reliques de notre présent qui resteront après une montée puis une descente des mers. Ces scénarios futuristes nous plongent dans l’absurdité de l’Anthropocène, du Capitalocène et du Chthuluzène de Haraway et ouvrent un monde onirique pour arrêter la peur. L’avenir est l’inconnu, le mystère : où sont les hommes et quelles formes leur a donné la nature modifiée par leurs propres actions ? Avec un regard commun sur notre futur lointain dans 499 ans, après de nombreux cycles de vie et générations d’êtres vivants, les artistes considèrent les changements possibles de la vie humaine, du monde animal et végétal. De la vie d’autrefois, il ne reste que de doux mouvements d’air, des vagues et des échos de la mémoire. Dans cet espace-temps, ce sont les pierres qui donnent une voix à ces souvenirs, et l’eau et l’air constituent la mémoire de notre histoire. Les temps ont changé, en cette année 2522, mais le temps en soi n’existe plus, seule la vibration du souvenir persiste.

« La nacre des ruines » de Lola Barrett et Fanny Testas
Tourné à la Brasserie Atlas, Bruxelles, en juin 2022.
Avec Lola Barrett, Max Ricat, Marilou Guyon, Adélie Moye et Félix Rochaix.
Costumes : Lola Barrett, Laura Nataf, Max Ricat, Marilou Guyon, Adélie Moye et Félix Rochaix.
Caméra : Zoltan Molnar et Fanny Testas
Musique de film : Eric D. Clark
Montage : Clarisse Decroyer
Animation 3D du titre : Mathias Moreau
Lumière : Florentin Crouzet-Nico
Œuvres présentées d’Abel Jallais, Pedro Riofrío et Lola Barrett
Remerciements particuliers à Nicolas Jorio, Emile Barret et Sonia Saroya.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles