Nouvelles formes de soutien aux jeunes commissaires d’exposition en France et en Allemagne
Journal
Les Vitrines 2024 – Exposition d’Arthur Gillet – « Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler »
Les Vitrines est un espace d’exposition consacré à la scène artistique française, initié par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et de l’Institut français de Berlin, dont la direction artistique est confiée en 2024 à la commissaire d’exposition Lisa Colin et l’identité visuelle au studio Kiösk.
Nouvelles langues
Cette année, Les Vitrines accueillent tour à tour les artistes Arthur Gillet et Lou Masduraud à prendre part à une révolution romantique. De la peinture sur soie à la patine du bronze, leurs pratiques singulières et minutieuses détournent les savoir-faire traditionnels, et dévoilent des mondes merveilleux, jusqu’ici occultés. Les fresques spécialement créées pour l’occasion prônent le temps long, l’interrelation et la réhabilitation du soin et de l’écoute comme forces indispensables à la reconstruction d’un monde commun.
Arthur Gillet
Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler
08.03 – 15.06.2024
Vernissage le jeudi 7 mars à 19h et performance d’Arthur Gillet à 20h en entrée libre
C’est au travers d’une peinture sur soie de vingt-cinq mètres de long, qu’Arthur Gillet retrace son parcours, conscient de sa difficulté à s’adapter au monde et à l’autre. Cette fresque, à la fois personnelle et universelle, témoigne de la vie d’un CODA – Child of Deaf Adults [enfant entendant de parents sourds], dévoilant des aspects souvent méconnus de la vie des sourd·es et des enjeux socioculturels liés à cette divergence. Par un ensemble de figures, l’œuvre transcende les barrières linguistiques, et explore les subtilités de la communication non-verbale.
D’une flèche qui traverse l’oreille de sa mère, la peinture évoque la perte de son audition, et les étapes de vie qui en découlent : son éducation au couvent où on lui interdit de signer, sa participation au Réveil Sourd – mouvement pour la réhabilitation de la Langue des Signes Française, la naissance d’Arthur et son intégration difficile, situé entre le monde des sourd·es et des entendant·es, l’isolement social, les moqueries et la violence de la différence, avant de trouver, chacun·e, une forme d’émancipation dans les nouvelles technologies. Arthur Gillet s’inspire des enluminures de Cristoforo de Predis, un artiste sourd du Moyen Âge italien, notamment dans l’usage de couleurs vives et la représentation de structures symboliques : les architectures – reclusoir, église, porte, tours – sont autant de lieux d’isolement que de franchissements pour ces personnages, guidés par des présences invisibles. L’iconographie dévoile le rôle souvent occulté de la religion dans l’histoire des sourd·es, où la confusion entre surdité et déficience mentale a conduit à la réclusion et à la stigmatisation. Néanmoins, la figuration, art déjà employé dans les églises pour transmettre le contenu d’un livre à une population analphabète, ne s’est pas arrêtée à une dimension purement pédagogique ou décorative. Les fresques du couvent San Marco de Fra Angelico étaient destinées à devenir un support au dialogue intérieur. Il apparaît dans les cultures sourde et CODA, la conviction qu’au-delà d’une dialectique occidentale (platonicienne, chrétienne ou moderne) l’image n’est pas le substitut d’une vérité intellectuelle qui lui serait supérieure, mais une expression à part entière, riche et pleine de sens, capable de pallier les limites du verbe.
Pour autant, jusqu’en 2005 être sourd·e ou CODA signifie ne pas avoir de langue maternelle. En 1880, le congrès de Milan réunit deux-cent-vingt-cinq « spécialistes » dont seulement trois sourds, et conclut à la nécessité de promouvoir la méthode oraliste au détriment des langues visuelles. Les langues des signes sont interdites jusqu’en 1991[1], et reconnues progressivement en Europe comme langues officielles dans les années 2000 (en France en 2005). L’oralisme exige des personnes sourdes une intégration forcée par mimétisme, au prix de méthodes douloureuses et mutilantes (appareils, trépanations). S’inscrivant dans une pédagogie qui impose que l’on entende et parle avant d’écrire, l’oralisme dénigre les capacités et l’intelligence propres à chaque individu. Des méthodes d’apprentissage forcé se développent, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera[2]. En conséquence, en France en 2003, parmi les deux millions de personnes nées sourdes, l’illettrisme est massif et atteint les 80%[3]. C’est le cas de la mère d’Arthur, qui obtient en 1971 le seul diplôme à sa portée, un certificat d’aptitude professionnelle en Arts Ménagers. Elle participe dans les années 70-80 au Réveil Sourd, mouvement militant pour une éducation bilingue de l’enfant sourd·e, conjointement aux luttes féministes, antiracistes, LGBTQ et décoloniales, qui défendent leurs reconnaissances et leurs droits. C’est par cette rencontre avec d’autres personnes sourdes, que sa mère apprend à l’âge de 17 ans sa « langue naturelle », la langue des signes.
Revenant sur des faits parfois traumatisants, Arthur Gillet rend visible des conditions socio-politiques méconnues, et met en lumière l’inversion de la parentalité qui s’opère fréquemment : les enfants CODA se voient jouer le rôle d’intermédiaire ou de parent auprès d’une société entendante validiste (recherche de travail, traduction, socialisation, intégration). Ainsi, il révèle l’impact majeur des avancées technologiques, telles que l’invention du minitel, du téléphone, de la lampe-flash radio Lisa (qui traduit le son en lumière), ou du télétexte Antiope (pour la transcription en direct des dialogues et sons des films, spatialisés par un code couleur) qui ont non seulement facilité la communication et la sociabilisation, mais ont surtout contribué à l’autonomisation des personnes sourdes. Dans sa fresque, l’artiste développe une iconographie multiple de l’invisible, où la technologie prend le pas sur la religion : les anges sont remplacés par des écrans annonciateurs, le clocher de l’église par une tour de transmission, les rayons sacrés sont des ondes radios. Le 21e siècle devient alors l’époque de la magie, les choses adviennent sans qu’on en comprenne leur fonctionnement. Dans la lignée d’Hilma af Klint[4], dont les carnets et peintures sont empreints de spiritisme, l’œuvre d’Arthur Gillet est un portail vers d’autres dimensions, où le réel cohabite avec le fantastique. L’emploi de la figuration rend visible une condition physique qui ne l’est pas, contrant sa « monstruosité », c’est à dire précisément son manque de représentation. Les nouvelles technologies ont également apporté une grande visibilité au mouvement, une représentation politique autogérée, à l’instar d’autres minorités.
La fresque, éclairée par l’arrière, prend des allures de vitraux ou d’écran, et se déroule comme une pellicule cinéma : en longeant la vitrine, on découvre une suite d’images qui s’animent, témoin silencieux de la vie d’un CODA. Entre la revendication d’être « comme les autres » et celle d’être reconnu dans sa spécificité, Arthur Gillet déconstruit les stéréotypes et dépeint la surdité non pas comme une incapacité mais comme une divergence physique, d’intelligence et de sensibilité. Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler est un manifeste visuel ; le témoignage poignant d’une lutte pour l’inclusion et la reconnaissance culturelle.
Lisa Colin
[1] Dès 1975, des associations comme l’IVT – International Visual Theatre vont enseigner en Île-de-France la Langue des signes française. C’est en 1991 que l’amendement « Fabius » reconnaît aux familles le droit de choisir une communication bilingue dans l’éducation de leurs enfants. Ce décret sera très peu respecté, seuls 1 % des élèves sourd·es ont par la suite accès à ces structures.
[2] Marcelle CHARPENTIER, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera. Dès l’âge de la maternelle (Éditions sociales françaises, Paris, 1956).
[3] Brigitte PARRAUD et Carole ROUDEIX, « Bibliothèque, lecture et surdité », BBF – Bulletin des bibliothèques de France (En ligne, 2004).
[4] Peintre suédoise (1862-1944), qui a voué sa vie et son travail à l’exploration de l’invisible.
Arthur Gillet (né en 1986, vit et travaille à Paris) est un artiste plasticien et performeur. Diplômé de l’École des beaux-arts de Rennes, il se forme parallèlement à la danse contemporaine au Musée de la danse. Il grandit en transition de genre, dans une famille sourde et neuro-atypique en marge du marché du travail. Dans ses travaux, Arthur Gillet approfondit les thématiques du désir, de l’identité, de la lutte sociale et des médias ; par sa pratique de la performance et du happening, il investit les espaces publics ou institutionnels. Il est marqué par les autrices et artistes qui ont accompagné son parcours de transition : Naoko Takeuchi, Jane Austen, Valtesse de la Bigne, Virginia Woolf, Murasaki Shikibu, Isabelle Queval, Geneviève Fraisse, Elisabeth Lebovici. Arthur Gillet a présenté son travail en France et à l’international, au CAC Brétigny, au Palais de Tokyo (Paris), à PROXYCO Gallery (New-York), au Transpalette – Centre d’art contemporain de Bourges, entre autres.
Site internet : https://arthurgillet.com/
Instagram : @arthurouge
Crédits photos : Kathleen Pracht
Kiösk est un studio de design graphique basé à Ivry-sur-Seine. Le duo composé d’Elsa Aupetit et Martin Plagnol dessine des identités visuelles, des sites Internets, des affiches, des éditions, des signalétiques, dans le cadre de la commande publique comme privée. Ils ont également fondé la maison d’édition indépendante Dumpling Books.
Instagram : @studio_kiosk
LES VITRINES 2022 | Exposition du duo Ferruel & Guédon
19 octobre 2022 – 08 janvier 2023
AFFG est un duo d’artistes françaises, composé d’Aurélie Ferruel (née en 1988) et de Florentine Guédon (née en 1990), qui travaillent ensemble la sculpture et la performance depuis une dizaine d’années. Nourri par les rites populaires et les savoir-faire régionaux, leur travail s’appuie sur des traditions ancestrales qu’elles tentent de dépasser. En s’affranchissant des héritages avec humour, spontanéité et sens critique, elles donnent à voir un monde imaginaire construit à partir de matériaux vivants dans une économie de moyens. Pour Les Vitrines de l’Institut Français de Berlin, le duo s’interroge sur le rôle de la vitrine. Espace sacré, muséal, commercial, espace de protection, de tentation, de conservation. Les réflexions d’AFFG explorent la place d’un monde vivant mis sous cloche, privé de son évolution naturelle. La scénographie imaginée questionne notre lien sensoriel à l’heure de toutes les crises et dépoussière l’espace traditionnel de la vitrine pour devenir le théâtre de nouvelles fabulations.
LES VITRINES 2022 | Philipp Röcker – Sentimental building
08 juin 2022 – 09 octobre 2022
Pour l’exposition Sentimental building, l’artiste Philip Röcker présente pour la première fois un ensemble de bronzes de tailles et formes variées qui explorent l’idée du soin et d’attention portée à la matière. Il y parvient par étapes qui tendent à transformer l’éphémère en impérissable. Sur du sable, il dessine au doigt des formes libres dont l’empreinte est ensuite coulée en cire puis en bronze. Allongées au sol, accoudées au mur, en équilibre, chaque pièce réclame une proximité du spectateur pour observer la douceur de l’irrégularité autant que la fragilité d’un matériau robuste. L’espace surélevé des Vitrines conduit notre regard vers la lecture d’une multitude de caresses en volumes qui selon leur combinaison construisent un répertoire de formes diverses – une lettre, un volume, un moulage. L’artiste rattache ses constructions sentimentales aux œuvres paléolithiques dont la plupart restent aujourd’hui énigmatiques. Il y ajoute ici la possibilité de devenir sculptures, et y oppose la noblesse du bronze à la simplicité d’un geste.
Projets
Les Vitrines 2024 – Exposition d’Arthur Gillet – « Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler »
Les Vitrines est un espace d’exposition consacré à la scène artistique française, initié par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et de l’Institut français de Berlin, dont la direction artistique est confiée en 2024 à la commissaire d’exposition Lisa Colin et l’identité visuelle au studio Kiösk.
Nouvelles langues
Cette année, Les Vitrines accueillent tour à tour les artistes Arthur Gillet et Lou Masduraud à prendre part à une révolution romantique. De la peinture sur soie à la patine du bronze, leurs pratiques singulières et minutieuses détournent les savoir-faire traditionnels, et dévoilent des mondes merveilleux, jusqu’ici occultés. Les fresques spécialement créées pour l’occasion prônent le temps long, l’interrelation et la réhabilitation du soin et de l’écoute comme forces indispensables à la reconstruction d’un monde commun.
Arthur Gillet
Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler
08.03 – 15.06.2024
Vernissage le jeudi 7 mars à 19h et performance d’Arthur Gillet à 20h en entrée libre
C’est au travers d’une peinture sur soie de vingt-cinq mètres de long, qu’Arthur Gillet retrace son parcours, conscient de sa difficulté à s’adapter au monde et à l’autre. Cette fresque, à la fois personnelle et universelle, témoigne de la vie d’un CODA – Child of Deaf Adults [enfant entendant de parents sourds], dévoilant des aspects souvent méconnus de la vie des sourd·es et des enjeux socioculturels liés à cette divergence. Par un ensemble de figures, l’œuvre transcende les barrières linguistiques, et explore les subtilités de la communication non-verbale.
D’une flèche qui traverse l’oreille de sa mère, la peinture évoque la perte de son audition, et les étapes de vie qui en découlent : son éducation au couvent où on lui interdit de signer, sa participation au Réveil Sourd – mouvement pour la réhabilitation de la Langue des Signes Française, la naissance d’Arthur et son intégration difficile, situé entre le monde des sourd·es et des entendant·es, l’isolement social, les moqueries et la violence de la différence, avant de trouver, chacun·e, une forme d’émancipation dans les nouvelles technologies. Arthur Gillet s’inspire des enluminures de Cristoforo de Predis, un artiste sourd du Moyen Âge italien, notamment dans l’usage de couleurs vives et la représentation de structures symboliques : les architectures – reclusoir, église, porte, tours – sont autant de lieux d’isolement que de franchissements pour ces personnages, guidés par des présences invisibles. L’iconographie dévoile le rôle souvent occulté de la religion dans l’histoire des sourd·es, où la confusion entre surdité et déficience mentale a conduit à la réclusion et à la stigmatisation. Néanmoins, la figuration, art déjà employé dans les églises pour transmettre le contenu d’un livre à une population analphabète, ne s’est pas arrêtée à une dimension purement pédagogique ou décorative. Les fresques du couvent San Marco de Fra Angelico étaient destinées à devenir un support au dialogue intérieur. Il apparaît dans les cultures sourde et CODA, la conviction qu’au-delà d’une dialectique occidentale (platonicienne, chrétienne ou moderne) l’image n’est pas le substitut d’une vérité intellectuelle qui lui serait supérieure, mais une expression à part entière, riche et pleine de sens, capable de pallier les limites du verbe.
Pour autant, jusqu’en 2005 être sourd·e ou CODA signifie ne pas avoir de langue maternelle. En 1880, le congrès de Milan réunit deux-cent-vingt-cinq « spécialistes » dont seulement trois sourds, et conclut à la nécessité de promouvoir la méthode oraliste au détriment des langues visuelles. Les langues des signes sont interdites jusqu’en 1991[1], et reconnues progressivement en Europe comme langues officielles dans les années 2000 (en France en 2005). L’oralisme exige des personnes sourdes une intégration forcée par mimétisme, au prix de méthodes douloureuses et mutilantes (appareils, trépanations). S’inscrivant dans une pédagogie qui impose que l’on entende et parle avant d’écrire, l’oralisme dénigre les capacités et l’intelligence propres à chaque individu. Des méthodes d’apprentissage forcé se développent, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera[2]. En conséquence, en France en 2003, parmi les deux millions de personnes nées sourdes, l’illettrisme est massif et atteint les 80%[3]. C’est le cas de la mère d’Arthur, qui obtient en 1971 le seul diplôme à sa portée, un certificat d’aptitude professionnelle en Arts Ménagers. Elle participe dans les années 70-80 au Réveil Sourd, mouvement militant pour une éducation bilingue de l’enfant sourd·e, conjointement aux luttes féministes, antiracistes, LGBTQ et décoloniales, qui défendent leurs reconnaissances et leurs droits. C’est par cette rencontre avec d’autres personnes sourdes, que sa mère apprend à l’âge de 17 ans sa « langue naturelle », la langue des signes.
Revenant sur des faits parfois traumatisants, Arthur Gillet rend visible des conditions socio-politiques méconnues, et met en lumière l’inversion de la parentalité qui s’opère fréquemment : les enfants CODA se voient jouer le rôle d’intermédiaire ou de parent auprès d’une société entendante validiste (recherche de travail, traduction, socialisation, intégration). Ainsi, il révèle l’impact majeur des avancées technologiques, telles que l’invention du minitel, du téléphone, de la lampe-flash radio Lisa (qui traduit le son en lumière), ou du télétexte Antiope (pour la transcription en direct des dialogues et sons des films, spatialisés par un code couleur) qui ont non seulement facilité la communication et la sociabilisation, mais ont surtout contribué à l’autonomisation des personnes sourdes. Dans sa fresque, l’artiste développe une iconographie multiple de l’invisible, où la technologie prend le pas sur la religion : les anges sont remplacés par des écrans annonciateurs, le clocher de l’église par une tour de transmission, les rayons sacrés sont des ondes radios. Le 21e siècle devient alors l’époque de la magie, les choses adviennent sans qu’on en comprenne leur fonctionnement. Dans la lignée d’Hilma af Klint[4], dont les carnets et peintures sont empreints de spiritisme, l’œuvre d’Arthur Gillet est un portail vers d’autres dimensions, où le réel cohabite avec le fantastique. L’emploi de la figuration rend visible une condition physique qui ne l’est pas, contrant sa « monstruosité », c’est à dire précisément son manque de représentation. Les nouvelles technologies ont également apporté une grande visibilité au mouvement, une représentation politique autogérée, à l’instar d’autres minorités.
La fresque, éclairée par l’arrière, prend des allures de vitraux ou d’écran, et se déroule comme une pellicule cinéma : en longeant la vitrine, on découvre une suite d’images qui s’animent, témoin silencieux de la vie d’un CODA. Entre la revendication d’être « comme les autres » et celle d’être reconnu dans sa spécificité, Arthur Gillet déconstruit les stéréotypes et dépeint la surdité non pas comme une incapacité mais comme une divergence physique, d’intelligence et de sensibilité. Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler est un manifeste visuel ; le témoignage poignant d’une lutte pour l’inclusion et la reconnaissance culturelle.
Lisa Colin
[1] Dès 1975, des associations comme l’IVT – International Visual Theatre vont enseigner en Île-de-France la Langue des signes française. C’est en 1991 que l’amendement « Fabius » reconnaît aux familles le droit de choisir une communication bilingue dans l’éducation de leurs enfants. Ce décret sera très peu respecté, seuls 1 % des élèves sourd·es ont par la suite accès à ces structures.
[2] Marcelle CHARPENTIER, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera. Dès l’âge de la maternelle (Éditions sociales françaises, Paris, 1956).
[3] Brigitte PARRAUD et Carole ROUDEIX, « Bibliothèque, lecture et surdité », BBF – Bulletin des bibliothèques de France (En ligne, 2004).
[4] Peintre suédoise (1862-1944), qui a voué sa vie et son travail à l’exploration de l’invisible.
Arthur Gillet (né en 1986, vit et travaille à Paris) est un artiste plasticien et performeur. Diplômé de l’École des beaux-arts de Rennes, il se forme parallèlement à la danse contemporaine au Musée de la danse. Il grandit en transition de genre, dans une famille sourde et neuro-atypique en marge du marché du travail. Dans ses travaux, Arthur Gillet approfondit les thématiques du désir, de l’identité, de la lutte sociale et des médias ; par sa pratique de la performance et du happening, il investit les espaces publics ou institutionnels. Il est marqué par les autrices et artistes qui ont accompagné son parcours de transition : Naoko Takeuchi, Jane Austen, Valtesse de la Bigne, Virginia Woolf, Murasaki Shikibu, Isabelle Queval, Geneviève Fraisse, Elisabeth Lebovici. Arthur Gillet a présenté son travail en France et à l’international, au CAC Brétigny, au Palais de Tokyo (Paris), à PROXYCO Gallery (New-York), au Transpalette – Centre d’art contemporain de Bourges, entre autres.
Site internet : https://arthurgillet.com/
Instagram : @arthurouge
Crédits photos : Kathleen Pracht
Kiösk est un studio de design graphique basé à Ivry-sur-Seine. Le duo composé d’Elsa Aupetit et Martin Plagnol dessine des identités visuelles, des sites Internets, des affiches, des éditions, des signalétiques, dans le cadre de la commande publique comme privée. Ils ont également fondé la maison d’édition indépendante Dumpling Books.
Instagram : @studio_kiosk
MISSION AU SEIN DE LA KUNSTHALLE PORTIKUS X LUCAS JACQUES-WITZ
Cette année, le jeune commissaire Lucas Jacques-Witz a été sélectionné pour intégrer l’équipe de curation de la Kunsthalle Portikus à Francfort-sur-le-Main pour travailler en étroite collaboration avec les équipes de l’institution allemande pour l’organisation et la mise en œuvre de la manifestation PORTIKUS ART BOOK FESTIVAL et des programmes de médiation.
Se déroulant du 19 au 23 octobre 2022, parallèlement à la Foire internationale du livre de Francfort, PORTIKUS ART BOOK FESTIVAL est un projet d’expositions, d’ateliers et de conférences publiques qui vise à mettre en lumière le travail d’éditeurs et d’éditrices de livres d’art indépendants et internationaux, à partager et échanger sur les pratiques contemporaines de création de livres d’artistes, fanzines, magazines, multiples, etc. Son objectif est de présenter une pluralité de créateurs et créatrices, d’exposer leur travail et de les faire dialoguer au sein d’une scénographie d’exposition spécialement conçue pour l’occasion par le studio d’architecture espagnol MAIO. La présentation des livres y sera en constante évolution, invitant les visiteurs, avec l’aide de l’équipe de Portikus, à établir de nouvelles connexions entre les différentes pratiques de l’édition. PORTIKUS ART BOOK FESTIVAL présentera également une série de discussions publiques axées sur la transmission des connaissances et des expériences d’acteurs internationaux de l’édition de livres d’art et pour un public plus jeune, des ateliers artistiques axés sur la création de fanzines seront organisés, en collaboration avec une école locale et des étudiants de la Städelschule.
STAPLED
STAPLED est un événement d’une semaine qui servira de plateforme pour les éditeurs d’art expérimental du monde entier. éditeurs d’art expérimental du monde entier de se rencontrer et d’échanger des idées pendant la Foire du livre de Francfort, la plus grande foire du livre au monde. d’échanger des idées pendant la Foire du livre de Francfort, la plus grande foire du livre au monde. du monde. STAPLED vise à jeter un pont entre les différentes scènes de l’édition d’art. entre les différentes scènes de l’édition d’art. En mettant l’accent sur la création d’un dialogue entre les éditeurs d’art internationaux, une sélection d’artistes, de studios de une sélection d’artistes, de studios de graphisme et d’éditeurs internationaux seront invités à présenter leur travail dans une scénographie d’exposition spécialement commandée pour l’exposition. dans une scénographie d’exposition spécialement conçue pour l’occasion. pour l’occasion. Repenser les façons de s’engager avec les livres aujourd’hui, un artiste ou un architecte sera invité à créer une scénographie d’exposition spécialement commandée pour l’occasion. sera invité à créer une scénographie d’exposition spécialement pour l’occasion. Cette scénographie unique sera au centre de la toute première présentation de Portikus sur les pratiques de l’édition d’art. présentation de Portikus sur les pratiques de l’édition d’art. Il sera essentiel de Il sera essentiel de s’engager les uns avec les autres et avec les livres présentés. L’objectif de STAPLED L’objectif de STAPLED est de présenter une famille cohérente de créateurs de livres en exposant leurs travaux ensemble et en les faisant dialoguer dans le cadre d’une exposition. en exposant leurs travaux ensemble et en les faisant dialoguer dans le hall principal de Portikus. La présentation des livres changera constamment, invitant les visiteurs à tracer de nouvelles frontières entre les différentes approches de l’édition. L’exposition STAPLED est gratuite et sera s’accompagnera de diverses séances de dédicaces avec des artistes et des locales et internationales qui se dérouleront tout au long de la journée.
LES VITRINES 2022
Initiées depuis 2021, « Les Vitrines » sont un espace d’exposition dédié à la scène artistique française, mis en place par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et l’Institut français de Berlin. Cette année, la direction artistique des Vitrines est confiée à la commissaire Anne-Laure Lestage et l’identité visuelle au Studio Haberfeld.
La proposition imaginée par Anne-Laure Lestage pour « Les Vitrines 2022 » invite tout au long de l’année rythmée de trois expositions des artistes français.es en solo ou en duo qui réfléchissent, de manière élargie, l’écriture sauvage dans leur pratique. Titre éponyme du poème pastoral de Mallarmé et de la chorégraphie bestiale de Nijinski, L’après-midi d’un faune fait l’éloge d’une créature, mi-homme mi- animal, à la poursuite de son désir. À travers des formes libres et intuitives, les artistes révèlent avec fragilité, douceur et brutalité des altérités entre les mondes vivants. Ce prélude champêtre se retrouve ici au carrefour d’une rue berlinoise, telle une plante rudérale qui pousserait entre les failles du ciment. Humain et animal, domestique et instinctif s’entrelacent par des jeux de représentations, de gestes et de matières équivoques. Les vitrines tentent de réfléchir à la question du monde sauvage.
La pratique curatoriale d’Anne-Laure Lestage vise à croiser l’art contemporain, les arts décoratifs et l’artisanat. Elle s’intéresse particulièrement aux questions liées à l’anthropocène et aux arts domestiques. En 2019 elle crée un espace curatorial a mano studio à Biarritz avec pour objectif de décloisonner les pratiques artistiques contemporaines et de renouer avec les savoir-faire ancestraux.
Raphaël Larre – Forêt intérieure