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« Bist du bereit? » Un retour sur le programme « Rendez-vous » par Katia Porro
Par Katia Porro – participante du programme « Rendez-vous: rencontres de directeurs, directrices et commissaires d’exposition de centres d’art français et allemands » organisé en novembre 2024 par le bureau des arts visuels de l’Institut français d’Allemagne.
« Es-tu prêt·e ? » Cette question, brodée sur une casquette achetée au Kunsthalle Osnabrück, a, avec le recul, pris la saveur d’un refrain qui aurait pu m’accompagner tout au long du programme Rendez-vous. En y repensant, elle semble murmurer à chaque détour : es-tu prêt·e à explorer 15 espaces d’art dans 12 villes en seulement 4 jours ? À courir – oui, littéralement – valise à la main, d’un centre d’art à l’autre, avant de passer neuf heures à enchaîner les trains pour rentrer en France, courtesy de défaillances de la Deutsche Bahn ? Es-tu prêt·e à grimper dans un espace exigu et discret, à pénétrer à l’intérieur du toit d’un bâtiment de Frank Gehry et comprendre, enfin, comment tout cela tient en place ? Ou encore, es-tu prêt·e à plonger dans l’intensité de ce voyage, à savourer la richesse de chaque rencontre et à réfléchir à la façon dont nous, travailleur·euse·s de l’art partout, naviguons constamment entre l’éclat tapageur du monde de l’art et les défis souvent invisibles qui le maintiennent à flot ?
En novembre 2024, j’ai rejoint Maëla Bescond, Benoît Lamy de La Chapelle, Loïc Le Gall et Alexia Pierre – tou·tes directeur·ices et travailleur·euses dans des centres d’art français – pour un voyage en Allemagne dans le cadre d’un programme visant à encourager la collaboration institutionnelle entre les institutions françaises et leurs homologues allemandes. On pourrait dire que j’utilise le terme « institution » de manière un peu large ici, car In extenso, l’espace dont je suis la directrice, est loin d’être considéré comme tel. Petit lieu associatif à but non lucratif à Clermont-Ferrand fondé en 2002 et éditeur du magazine gratuit d’art contemporain La belle revue, In extenso est souvent sous-estimé en raison de sa taille et de ses ressources, tant humaines que financières. Pourtant, notre travail reflète celui des centres d’art reconnus : produire des expositions, soutenir la recherche et l’expérimentation et développer des actions de médiation. Ma participation à ce programme reflète donc une nécessaire remise en question de la hiérarchie entre structures et échelles, et ce à juste titre, car les défis partagés, vécus à des échelles différentes, ont mis en lumière des réalités communes entre nos pair·es. Mais revenons à ce voyage en Allemagne, en novembre 2024…
Dans un tourbillon – quatre villes par jour ou presque, des conversations furtives pendant des réunions de 45 minutes, qui se poursuivaient dans les transports en commun entre deux expositions, deux villes – nous avons découvert des réalités partagées et tissé des liens entre nous et avec nos homologues allemands. Bien que nous ayons souvent discuté des défis auxquels nous faisons face – réductions budgétaires, ingérences politiques, pression constante sur le travail culturel – ces échanges ont créé un terreau fertile pour comprendre notre condition (en référence au texte du même titre d’Aurélien Catin) en tant que travailleur·euses de l’art. Loin d’éclipser les expositions que nous avons visitées, ces conversations ont résonné avec les propositions artistiques que nous avons découvertes, abordant des problématiques telles que la violence et les rapports de pouvoir.
Ce qui m’a le plus surprise, ce n’est pas tant l’universalité de ces luttes, mais l’intensité avec laquelle elles s’expriment. De grandes institutions, des phares de prestige culturel, se sont révélées soutenues, pour certaines, par des équipes souvent petites et surchargées. Deux, trois personnes parfois, portant à bout de bras des programmes de renom. Il y a une certaine ironie à évoquer nos conditions de travail, souvent invisibles, dans ces anciens lieux bourgeois réaffectés, où nous exerçons notre activité, à la fois imposants et empreints d’une histoire qui masque le poids de notre travail.
Pourtant, ces échanges avaient quelque chose de réconfortant, une solidarité rare et nécessaire. Nous avons partagé la solitude de gérer des institutions artistiques, les nôtres pour la plupart éloignées des grands centres culturels, et ce que cela implique. L’énergie incessante qu’il faut pour persévérer, même lorsque les ressources et la reconnaissance ne sont presque jamais à la hauteur des efforts. Et malgré tout, nous trouvons des raisons de continuer. Des raisons d’être prêt·es, encore et toujours.
Ainsi résonnaient avec les problématiques de violence, d’invisibilisation et de rapports doux-amers à notre milieu certaines des expositions dans lesquelles ces conversations ont eu lieu.
À la Haus am Waldsee, les poupées à l’échelle 1 de Gisèle Vienne – immobiles, marquées de blessures et de charges invisibles – emplissaient l’espace d’un silence lourd. Leur présence imposait une confrontation avec des tensions latentes, inscrites dans la matière même de ces corps figés. Le corps devenait ainsi le lieu des souffrances, mais aussi du silence et du témoignage muet, évoquant les violences familiales. Au-delà de cette dimension, ce travail, d’une rare acuité, abordait de manière plus globale les systèmes de pouvoir qui traversent notre société, mettant en lumière des fractures invisibles. Il incitait à réfléchir sur les formes de violence globales, souvent reléguées au silence dans notre milieu, et à soutenir des pratiques qui dénoncent ces dynamiques de pouvoir. Il soulignait surtout l’urgence de résister à toute forme de répression. Un exemple en est l’exposition par le CCA des photographies de Rene Matić, prises lors d’une manifestation pour la Palestine, une démarche courageuse dans un contexte politique marqué par des accusations de censure.
À Bielefeld, le programme Keychain du Kunstverein offrait un contrepoint, un geste de résilience. Les co-directrices Katharina Klang et Victoria Tarak transmettent les « clés » métaphoriques de leur institution à d’autres, invitant à un dialogue entre les espaces et leurs conditions. Reconnaître le poids des réalités des un·es et des autres, amplifier les voix plutôt que les étouffer – peut-être que l’espoir, comme la lutte, réside là.
Au Dortmunder Kunstverein, Liquid Currency Bar de Zoe Williams étendait la conversation à la valeur et à l’économie. Cette installation composée d’un bar et une scène arborant un rideau jaune-pisse, conçue pour des performances et des événements, interroge les chaînes de valeur. Exemple : une bouteille de champagne à 100 euros consommée, simplement pour être urinée et transformée en déchet. La question des flux entrée/sortie, de notre travail et de sa valeur, surgit alors, questionnant les absurdités des économies libidinales.
Enfin, à Osnabrück, l’exposition personnelle On the Street Where You Live de Steve Bishop. Un tableau suburbain installé dans une ancienne église – une voiture garée devant un garage, du jazz émanant de sa fenêtre, l’odeur familière et étrange d’un congélateur, les photos de famille à Disney, les lumières qui nous suivent comme des veilleuses. Cela ressemblait à un requiem pour l’innocence, un rappel du moment où l’illusion réconfortante de l’enfance éclate, nous laissant face aux contradictions désordonnées de l’âge adulte. Dans le contexte de notre voyage, cela résonnait comme un écho doux-amer : l’équilibre impossible entre la croyance en ce que nous faisons et la navigation dans le désenchantement.
En fin de compte, il ne s’agit pas seulement d’être « prêt·e ». La question, telle que l’a posée Nan Goldin à Berlin le jour de notre départ d’Allemagne, est plus urgente :« Est-ce que vous écoutez ? » S’adressant à la foule lors de l’inauguration de son exposition, elle a évoqué l’amnésie historique et la marée insidieuse du silence. Ses mots sonnaient comme un défi. Rester prêt·e, ensemble. S’organiser. Se battre contre le silence, pour des espaces où l’art peut encore dire la vérité. S’écouter.
Photo 1 : « Bist du bereit »: Merchandising de l’exposition « Bist du bereit? » de Diane Hillebrand à l’occasion de l’anniversaire des 30 ans de la Kunsthalle Osnabrück, 2023. Courtesy Kunsthalle Osnabrück. Photo: Lucie Marsmann
Photo 2 : Steve Bishop, « On the Street Where You Live », Installation Kunsthalle Osnabrück, 2024. Courtesy of the artist and Carlos/Ishikawa. Photo: Steve Bishop
Alexia Pierre – Pause for/to love?
Revue de l’exposition personnelle de Renée Matić, AS OPPOSED TO THE TRUTH, CCA Berlin
Par Alexia Pierre – participante du programme « Rendez-vous: rencontres de directeurs, directrices et commissaires d’exposition de centres d’art français et allemands » organisé en novembre 2024 par le bureau des arts visuels de l’Institut français d’Allemagne.
“I do look at love so much in my work, as a way of surviving
and trying to find a way out of this kind of chaos”
– Renée Matić (par Emma Russel, i-D, Oct. 2023)
La lueur sanguine des néons de l’entrée du Center for Contemporary Arts (CCA), étape de notre marathon berlinois entamé quelques heures auparavant, nous accueille et électrise un contraste avec les lumières bleutées de vitraux filtrant depuis l’extérieur. L’architecture brutaliste que nous offre ce bâtiment, nid d’abeille en béton adjacent à la nouvelle église du Souvenir – Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche, et son agencement au mobilier boisé, enveloppent l’espace d’une atmosphère tout en dualités : froideur fonctionnelle et révérence mémorielle se côtoient, tandis qu’à l’impersonnel bureaucratique de cet ancien foyer semble s’imbriquer la chaleur domestique.
Quelques pas à peine dans le corridor minimaliste dessinant les contours du centre d’art cubique, desservant ses salles d’exposition, une première alcôve donne vue sur un placard en bois lumineux, grand ouvert. Ce dernier dévoile une collection de poupées noires tendrement installées sur les étagères, nous fixant.
C’est sur cette première œuvre que s’ouvre AS OPPOSED TO THE TRUTH, première exposition personnelle dans une institution allemande de l’artiste britannique et basé.e à Londres, Renée Matić (né.e en 1997, Peterborough, UK). La photographie, le film, le texte et l’installation se juxtaposent, se superposent, pour former une pratique résolument personnelle à travers laquelle l’artiste adresse des thématiques ayant attrait à l’identité, aux sous-cultures, à la foi et à la famille. Au-delà de la collection, avec Restoration (débutée en 2022) Matić adopte avec affection ces poupées, dont le manque de soin se révèle dans leurs blessures et cicatrices apparentes autant qu’il renvoie à l’expérience du père de l’artiste, abandonné enfant à Peterborough et ayant trouvé communauté parmi les skinheads. A son origine, dans les années 1960s, le mouvement était porté par le rassemblement autour des genres musicaux jamaïcains, du ska et du reggae. L’affirmation de l’identité noire autant que la foi en l’amour qui persiste, et répare, à travers l’oppression systémique et malgré la marginalisation émergent ainsi parmi les fondations du travail de Matić.
Les baisers se mêlent aux graffitis, les corps dénudés des soirées chevauchent des pancartes de mouvement sociaux. Lumières de la nuit. Pauses que la photographie offre au temps, à la vie, à l’artiste. L’intime, les familles choisies, la danse, la célébration, la manifestation, s’exposent dans la série de photographies Feelings Wheel (débutée en 2022). La spontanéité de ces clichés se reflète, tout en transparence et fragilité, dans leur présentation sur des planches en verre disposées à même le sol, négligemment accolées aux parois de l’alcôve. Elles intiment de s’en approcher, de s’accroupir, de les feuilleter comme l’on chercherait un CD – les superpositions d’une image sur l’autre se déplacent, les histoires se réinventent. Les voix aussi se mélangent, s’assemblent. « Lift me up / Keep me safe, safe and sound. »1 Celle de Rihanna succède à celles de James Baldwin et bell hooks ; les leurs s’agrègent à des conversations personnelles, à des fragments de l’actualité, aux cloches de l’église voisine. Traduisant l’éclatement caractéristique de la société dans laquelle nous vivons, la pièce sonore 365 (2024) s’écoute dans une micro-salle de Ballroom dancing ; le corps est au centre baigné dans le rouge d’un néon.
Le travail aussi tendre que tranchant de Renée Matić, affirme la vulnérabilité de l’intimité, revendique la croyance en ce qui nous bouleverse et nous relève dans la violence environnante. Le désir –le besoin ? – d’amour habitant ses œuvres s’intègre à l’échelle intime du CCA et à son emplacement géographique, que l’on ne peut ignorer : celui d’un mémorial pour la paix, la réconciliation. L’on relève alors tout autant la justesse ironique et symbolique de l’installation Untitled (No Place for Violence) (2024) : un drapeau traversant l’espace central de l’exposition sur lequel sont imprimés les mots « No place » (au recto) « For violence » (au verso). Pile ou face ?
Recueillement en un lieu, en une pratique ; temps suspendu qu’un riche programme de visites, de rencontres, rendit possible. Entre 10 villes et 15 institutions, c’est à cet arrêt que je fais pause.
Photo credit: Rene Matić AS OPPOSED TO THE TRUTH Installation view CCA Berlin 2024-25 Photos Diana Pfammatter-CCA Berlin
1 Paroles empruntées à la chanson « Lift Me Up (From Black Panther: Wakanda Forever» (2022) de Rihanna.
LILA TORQUEO – THE SHOW CAN’T GO ON, SO WHO DO YOU WANT ME TO BE ? (2024)
Lila Torquéo est une jeune commissaire d’exposition et critique d’art sélectionnée en 2024 pour la bourse de voyage et de recherche en Allemagne. Dans le cadre de ce programme, elle a écrit le texte curatorial « The show can’t go on, so who do you want me to be ? (2024) », fruit de ses recherches menées lors de ses visites à Berlin, Cologne, Düsseldorf et Hambourg.
Un mois à parcourir l’Allemagne m’a plongée dans les eaux troubles du romantisme noir, du minimalisme punk et de l’expressionnisme allemand. Tout a commencé dans la Reading Room de Kathy Acker à Cologne, où j’ai collecté quelques textes littéraires et outils théoriques. Ces lectures m’ont échauffée aux visions radicales de Gisèle Vienne, occupant depuis la scène berlinoise. A quelques enjambées de son exposition à la Haus am Waldsee, inaugurée en septembre 2024, s’esquisse une autre forme de théâtralité dans l’exposition de Calla Henkel & Max Pitegoff. Ce texte en rend compte, parmi d’autres expositions découvertes à Berlin ainsi qu’à Cologne, Düsseldorf et Hambourg. Son écriture s’est finalisée entre les rayons de la bibliothèque du CND – Centre National de la Danse – à Pantin, particulièrement bien fournie en ouvrages sur Gisèle Vienne. Ce voyage a été rendu possible grâce au soutien du Bureau des Arts Plastiques | Institut Français d’Allemagne, que je remercie chaleureusement.
Angharad Williams, Origin nature destiny 5, 2024, inkjet print on satin paper, museum glass, custom frame, Courtesy Schiefe-Zähne.
Dans les années 80 et 90, la scène artistique de Cologne avait tout l’air d’un joyeux soap opera, entre les bars et les galeries que Martin Kippenberger et d’autres iconoclastes transformaient en spectacles délirants, dans un mélange de chaos, de camaraderie, et de glamour excentrique. Certain·es d’entre elles et eux comme Michael Krebber et Jutta Koether sont parti·es à New York, tandis que d’autres dont Rosemarie Trockel et Cosima von Bonin sont resté·es. Julia Scher et Matthias Groebel n’avaient pas encore cette reconnaissance que la galerie Drei a depuis contribué à leur apporter. Avec Matthias Groebel nous parlons de la schizophrénie ordonnée, entre son travail de pharmacien et sa vie d’artiste, à tel point qu’apparemment, Cosima von Bonin ignorait qu’elle demandait des médicaments pour ses chiens enrhumés à un artiste tout aussi génial. Nous discutons d’hauntologie, de Mark Fisher, des nuances de gris – sonores, métalliques et sensuelles dans ses œuvres – et du sad grey sans texture, mondain et générique, comme syndrome de l’atrophie postmoderne. Les images de punks que Groebel observait danser lors des midnight programs à la télévision nous fixent aujourd’hui dans les vernissages, que nous peuplons comme des souris égarées, piégées dans le voyeurisme gélatineux de l’époque. Nous, téléspectateur·trices d’hier, sommes devenu·es les acteur·trices d’aujourd’hui.
Pendant ce temps, Julia Scher occupe la galerie Drei. Des fours à micro-ondes se muent en caméras de surveillance, videoprojecteurs, écrans de télé et plateaux tournants, où se mettent en scène et s’entassent des modulors. Ces figurines stéréotypées du dernier stade de l’humanité, y tiennent leur dernier show, quand d’autres mutilées sont déjà sur le déclin et réduites à des nombres, à de la chair crue prête à rôtir. De la note rose édulcorée des appareils ménagers, à la note salée des ondes à haute fréquence exploitées par l’armée, Scher convie le militaire et le domestique sur la table d’opération du XXIe siècle. Son cyber-romantisme s’ouvre sur une quatrième dimension, où les corps s’acceptent dans leur porosité, comme réceptacles d’ondes et de flux, pris dans des jeux cosmiques, d’échelles et de rétroaction. Ces persées infinies rappellent celles de Julie Becker, qui, dans Whole (1999), perfore son studio et le traverse de la maquette de la California Federal Bank, qu’elle voit depuis sa fenêtre. Le dehors entre dans le dedans ; le tissu de l’espace-temps se courbe et s’ouvre sur un trou où se concentrent des boucles d’énergie. Dans les dessins de Julie Becker, le signal de la télévision vibre encore et les poussières d’étoiles résiduelles dont nous sommes issu·es, brillent dans ses miroirs.
En Allemagne, quand l’on jette nos bouteilles et canettes dans les machines à déconsigne, nous entrons dans une chaîne énergétique, ici nommée le « Clean Loop Recycling ». Parmi la série de photographies d’Angharad Williams, Origin nature destiny (2024), l’une d’elle est scotchée au mur de son atelier. On croirait voir un œil de bœuf donnant sur le couloir d’un vaisseau spatial, comme un passage vers un endroit important et matriciel. Il s’agit en fait de l’intérieur d’un de ces automates de déconsignes, de ces points de transfert où les flux de matière, de finance et d’information se croisent et se redistribuent.
Dans son ancienne boutique commerciale à Hambourg, rebaptisée Chess Club, Amanda Weimer perce des trous vers les horizons galactiques et les mécaniques célestes de Mimi Hope et dans les unités sociales de Tim Mann. Des miroirs se multiplient du sol au plafond, face à quoi nos corps narcissiques se fragmentent et laissent leurs reflets à la dérive. Cette configuration nous saisit dans un mouvement elliptique que les œuvres contiennent aussi dans leurs spirales scintillantes. On se retrouve au centre et en périphérie de cet espace, dont la moquette rouge glamour, vue de loin, révèle une pigmentation proche de celle d’un tissu cutané infecté.
The “People Going Up & Down” dans l’exposition de James Whittingham à The Wig à Berlin, sont des automates de papier en kit, proches des diagrammes de Oskar Schlemmer; des combinaisons de trajectoire sur des surfaces planes.
Voyager, se dissocier, faire l’expérience du grand dehors en 4K, et rencontrer le corps social.
Matthias Groebel, Galerie DREI, Frieze London 2023, Courtesy Galerie DREI.
Qui aurait cru que la bibliothèque de Kathy Acker finirait un jour nichée dans une université allemande? C’est pourtant dans une petite salle au style sobre de l’Université de Cologne, revêtue d’une moquette neutre et sans prétention, que réside le trésor radical et mordant d’Acker. Sa littérature intense qui a érigé tant de mondes et qu’elle a absorbée pour construire les siens. En 2015, cette collection a été offerte à l’English Department de l’université par son exécuteur testamentaire, Matias Viegener. Le transport depuis la Californie ne s’est pas fait sans péripéties : certains ouvrages, ayant été endommagés par l’humidité pendant le voyage, ont dû être restaurés. La Reading Room regroupe aujourd’hui ses livres et des manuscrits, parfois annotés de sa main, mais aussi des vinyles, cassettes, correspondances et reliques personnelles. S’y côtoient littérature classique, théorique, expérimentale et transgressive, dont des livres de fiction criminelle, d’érotisme pulp, de pornographie victorienne et de science-fiction. Les livres sont disposés dans un ordre respectant celui qu’ils avaient dans leurs cartons d’origine, inventoriés par Daniel Schulz, le gardien de ce temple littéraire. On y trouve des éditions rares, aujourd’hui épuisées, comme certains romans de Dennis Cooper, préfigurant les visions atroces qu’il manie avec Gisèle Vienne, et leur imminente arrivée à Berlin.
L’ouvrage de Dennis Cooper Jerk, publié en 1993, revisite l’histoire de David Brooks, complice de Dean Corll, un tueur en série qui a tué et torturé une vingtaine d’adolescents dans les années soixante-dix au Texas. Cooper met en scène le personnage de David Brooks, rejouant ces crimes en prison dans un spectacle de marionnettes. Il livre le portrait d’un homme déréalisé, emporté par son délire d’ultra-violence, qui sombre dans une décomposition morale. Le tueur efface l’identité de ses victimes et réincarne leurs cadavres dans des personnages de fiction et des stars de télévision. De ce texte, Gisèle Vienne en a tiré une pièce radiophonique en 2006, puis un spectacle de marionnettes et enfin un film tourné en 2021, au programme de la Sophiensæle à Berlin en septembre.
L’unité scénique du film se concentre sur le buste de Jonathan Capdevielle, assis au milieu d’un plateau nu, dans un plan séquence hypnotique. Dissocié, l’interprète ventriloque se fait à la fois castelet, personnage et manipulateur de trois marionnettes à gaine. A travers ces corps et actions miniaturisées, il nous projette dans un charnier, souillé de sang et de stupre, où le son devient visuel, où la bave se substitue au sperme. Ce délire macabre atteint de tels sommets obscènes qu’il en devient aigrement drôle. La subjectivité des personnages se déforme puis se dissout à un tel degré de schizophrénie que l’on ne sait plus qui baise qui, si c’est le serial killer qui baise le cadavre ou si c’est le ventriloque qui baise le serial killer. S’insinue l’expérience du double, de l’autre qui pourtant coïncide avec le même, générant une confusion totale des identités. Mais comment, dans une période où l’on assiste aux atrocités les plus barbares dans les guerres en cours, est-il légitime de s’autoriser un certain plaisir esthétique devant un pareil spectacle sadique ? Et la contemplation de la cruauté ne risque-t-elle pas d’engendrer le désir de la reproduire ? C’est un dilemme moral qui met mal à l’aise de par son irrésolution. Si cet inconfort demeure sans issue, il confronte néanmoins le public bourgeois à des sujets abjects dont il est complice, à ces monstres que notre société engendre et qui nous rongent de l’intérieur
Durant la guerre froide, Berlin-Ouest représentait un bastion du capitalisme américain, ancrant les valeurs bourgeoises et néolibérales de la République fédérale d’Allemagne. On y trouve les quartiers de Zehlendorf et Dahlem, ornant de villas néoclassiques et néogothiques des étendues très propres, interrompues par des architectures modernistes, abritant ambassades, facultés et bâtiments militaires. C’est dans cette zone que s’inscrivent les expositions de Gisèle Vienne et de Calla Henkel & Max Pitegoff. Et force est de constater que leurs expositions, concernées par l’emprise du programme néolibéral sur les corps, trouvent bien leur place dans cette ancienne bulle économique. C’est à la Haus am Waldsee, une villa aux abords bucoliques, que Gisèle Vienne présente “This Causes Consciousness to Fracture – A Puppet Play”. Non loin de là, “THEATER” de Calla Henkel & Max Pitegoff s’installe dans l’obscurité de Fluentum, un bâtiment massif et ultra guindé, d’abord au service de la Luftwaffe puis de l’armée américaine, composé de marbre noir, tailladé de nervures blanches électriques. Leur pratique diffère mais il existe un désir commun de se synchroniser avec son corps et celui du collectif, et de résister à la dislocation produite par la perversité des rapports sociaux.
Depuis la chute du mur, Berlin a connu des bouleversements marqués par le triomphe de l’économie de marché. Et il va sans dire que les communautés d’artistes, comme celle de Henkel & Pitegoff, sont partie prenante de cette restructuration économique. Depuis leurs études à la Cooper Union, le duo s’est employé à détourner des lieux en bar, en commençant par leurs studios étudiants à Berlin et à New York. En 2011, iels ont géré le Times Bar à Berlin. Puis ce fut au tour du New Theater d’ouvrir en 2013 dans une vitrine à Berlin Kreuzberg. Le TV Bar l’a ensuite succédé en 2019 dans le quartier de Schöneberg. En gérant des bars bondés de créateur·trices expatrié·es, iels se sont confronté·es au paradoxe de nourrir le processus même de la gentrification. Une préoccupation latente dans leurs œuvres, comme dans Apartment III (2014) qui décline des vues d’espaces domestiques à Berlin, dont la décoration ultra-standardisée et désincarnée fait écho aux codes des appartements Airbnb, proliférant dans la ville. A la nostalgie de l’ex-RDA que l’artiste Henrike Nauman mobilise à travers un mobilier kitsch et rétro des années 90, succède l’idéologie entrepreneuriale d’appartements sans âme ni habitant, au service de l’économie collaborative des plateformes de location. Une neutralité supposée qui transpire tout autant de messages idéologiques.
Calla Henkel & Max Pitegoff, New Theater Hollywood, Photo: Calla Henkel and Max Pitegoff.
Le bar, dans sa dimension communautaire, a été à la fois la genèse, la scène et l’un des protagonistes des récits de Henkel & Pitegoff. Iels réinventaient les conversations recueillies dans leur “gossipy scrapbook” en pièces de fiction. Mais depuis le début de l’année, le duo occupe un véritable théâtre, le New Theater Hollywood à Los Angeles. Iels y poursuivent leur défense d’un théâtre amateur entre ami·es, invitant chacun·e à se jouer soi-même. C’est dans ce nouvel espace que le film muet “THEATER”, présenté à Fluentum, a été tourné. Le film suit Kennedy, interprétée par Leilah Weinraub, qui rêve de constituer un ensemble. Grâce à l’argent de son assurance, obtenu après un accident de voiture, elle parvient à acheter un théâtre, mais se voit contrainte pour des raisons financières de vivre sur place tout en le louant à d’autres artistes. Elle découvre que son théâtre a été scindé en deux par un mur qui la sépare d’un autre théâtre identique, dans lequel des performeur·ses suivent un cours accessible en ligne 24 heures sur 24. Captive de son écran, elle s’abandonne à ce reality show, où un professeur aux allures de gourou, sème un climat de violence, de désir et d’exploitation mutuelle entre les apprenti·es. Comme souvent dans les œuvres du duo, ce film expose les conditions matérielles d’existence et de production d’artistes confronté·es à des déplacements et à des dilemmes économiques et moraux. Cette sombre histoire prend une tonalité mélancolique et burlesque, dans son décor composé de miroirs et de guirlandes métalliques qui scintillent et veloutent l’image argentique. Le récit est adouci par l’humour camp du texte et la texture chatoyante de la caméra 16 mm. Cette esthétique rétro entend peut-être mettre en scène la nostalgie et les artifices de la machine à rêves qu’Hollywood alimente, la prénommée par Kenneth Anger “ville de pacotille”.
La voiture et le théâtre ont plus de points communs qu’il n’y paraît : mouvements, lumières, dialogues et directions. C’est aussi là qu’un casting démarre, comme Kennedy en tant que chauffeuse de celles et ceux qui deviendront ses interprètes. Il suffit ensuite de peu pour constituer une scène : un micro et une enceinte, une estrade ou un ensemble de chaises ; Kennedy est prête à dégainer les siennes de son coffre à tout moment. Des protocoles assez simples qui trouvent un écho dans les prises de parole publique à la croisée des boulevards à Los Angeles. Avec ou sans micro, de jeunes artistes et écrivain·es, constitué·es en guerrilla readings, s’emparent de l’espace public de cette ville qui leur est particulièrement hostile. Jusqu’à un certain âge, il semble qu’on puisse encore s’en tirer avec des mythes et des mots, faute de moyens.
“The town was one giant audition.[1]”
Vue d’installation, Gisèle Vienne. This Causes Consciousness to Fracture – A Puppet Play, Haus am Waldsee, 2024, photo: Frank Sperling.
Berlin est aussi le foyer du théâtre expressionniste et de l’angoisse, qui va servir de décor aux poupées de Gisèle Vienne. Celles qu’elle expose à la Haus am Waldsee sont figées dans différentes postures mortuaires, emprisonnées dans la stase de leurs corps raides, parfois gisantes, parfois mises en bière. Il n’y a ici ni émotion, ni horizon – tout est étouffé. On se surprend à parler avec le public parce qu’il bouge alors qu’on aurait cru voir une poupée. On se dit “vous m’avez fait peur”, désolée”, “non c’est moi, j’ai parfois moi-même l’impression d’être une poupée”. On désincarne et on devient complice d’une violence qui nous laisse impuissant·e. La blancheur mélancolique de ses poupées ressemble à celle des lourdes nappes qui recouvrent les tables des cafés bourgeois, où les conversations se font calfeutrées comme s’il fallait étouffer un secret, où les mots sont hachés par les couverts pleins de faisceaux et par le son des larges théières à clapet. Le galbe chromé de ces contenants est idéal pour contrôler les allées et venues, sans regard direct entre les client·es et les serveur·ses. Angharad Williams a d’ailleurs fait une pièce à ce sujet. Dans l’exposition de Vienne, les rideaux de notre théâtre social et normatif s’ouvrent sur des poupées sérieuses et grotesques qui, si elles le pouvaient, iraient peut-être se faire exploser dans ces cafés, ronds comme des hippodromes, pour jouir de plaisir, pleurer et tout bousculer[2]. Rien de plus grave qu’un dessin d’enfant.
Mais que nous disent ces effigies toujours blanches, minces, et éternellement jeunes ? La philosophe Elsa Dorlin associe cette blancheur sourde à celle de la violence hétéropatriarcale, sans pour autant figer ces symboles dans une lecture univoque et héritière de l’impérialisme blanc. L’insistance de ces corps stéréotypés, au fort potentiel mimétique, interpelle tout de même sur les effets de la reproduction des normes machistes et occidentales. L’idéalisation d’une morphologie et d’une identité raciale au détriment de la diversité ne risque-t-elle pas de légitimer les hiérarchies de perception ? La question reste ouverte, mais nous pensons que sa portée prend toute sa force lorsqu’elle s’adresse à un public blanc bourgeois. Ce public qui n’a pas attendu les expositions de Vienne pour être témoin de l’érotisation précoce. Devant ces figures désincarnées, sans biographie ni intériorité, nous assistons aux conséquences cruelles du regard objectivant. Celui qui impose aux corps réels de se conformer à un imaginaire standardisé et de limiter leur psychologie à leur surface maquillée. Manifestement, les marionnettes de Vienne s’érigent en martyres et portent en elles la critique d’un système qui impose un idéal de beauté comme instrument de domination. C’est ainsi qu’elle nous adresse l’horreur du regard qui désincarne et tue. Car comme elle le dit, “l’amour de pygmalion est une agression[3]”. A l’état catatonique de ses poupées, s’opposent les réflexions dont elle a impulsé le dialogue au CN D – Centre National de la Danse – à Pantin. Depuis 2021, se tient le séminaire de Elsa Dorlin “Travailler la violence”, invitée par Vienne à recueillir des réécritures collectives de l’histoire passée et en cours, dans un partage de la mémoire des luttes. Au sein d’un cadre qui semble bien plus propice au “réencodage des perceptions”, pour reprendre ses termes.
Vue d’installation, Gisèle Vienne. This Causes Consciousness to Fracture – A Puppet Play, Haus am Waldsee, 2024, photo: Frank Sperling.
[1] extrait du film THEATER, Calla Henkel et Max Pitegoff, 2024.
[2] Romain, l’adolescent du film de Dennis Cooper Permanent Green Light (2018) éprouve ce désir urgent de se faire exploser, moins pour mourir que pour atteindre l’extase.
[3] Gisèle Vienne dans Feu ! Abécédaire des féminismes présents, dir. Elsa Dorlin, Libertalia, 2021.
ANDREANNE BEGUIN – DU NOTGELD À LA BLOCKCHAIN (2024)
Andréanne Béguin est une jeune commissaire d’exposition et critique d’art sélectionnée en 2024 pour la bourse de voyage et de recherche en Allemagne. Dans le cadre de ce programme, elle a écrit le texte curatorial « Du notgeld à la blockchain » (2024), fruit de ses recherches menées lors de ses visites à Francfort, Berlin et Hambourg.
Le blé, les thunes, l’oseille, le pognon, le flouze, le pèze, les ronds, le fric, la mitraille… Les petits noms familiers donnés à l’argent sont pléthore. Cette profusion de dénominatifs est à l’image de l’importance de l’argent dans nos existences quotidiennes, de ses occurrences les plus intimes à ses manifestations publiques et politiques. Pour reprendre les mots de l’écrivain Thomas Baumgartner, qui vient de publier L’argent des gens, tentative d’épuisement de nos porte-monnaie, « L’argent fait notre quotidien, le fabrique, le contraint, le façonne. Le paradoxe est complet entre omniprésence et évanescence. » (p. 9). Si l’auteur, à rebours d’une étude philosophico-financière, choisit de faire le portrait de l’argent par des témoignages et récits individuels, l’enjeu de ma résidence de recherche en Allemagne n’était pas de craquer le code de la superstructure capitaliste, mais plus simplement d’appréhender l’argent dans sa dualité, à la fois comme sujet et comme médium artistique.
L’art et l’argent. L’homophonie fera sourire, un sourire entendu puisqu’il est de notoriété publique que ces deux mots sont les deux faces d’une même pièce. D’une part, le marché de l’art, par ses excès et ses sommes affolantes, n’en finit pas de défrayer la chronique, de marquer les esprits, de fasciner les un·es et de rebuter les autres. D’autre part, la précarité économique des artistes est une réalité moins reluisante, à laquelle le pouvoir législatif est encore resté sourd malgré le projet de loi déposé en février 2022 pour « une continuité de revenus des artistes auteurices ». Cette conjonction de coordination est évidente et nécessaire, en ce qu’elle permet de concevoir une architecture de valeurs économiques et sociales, des réalités professionnelles et structurelles. Mais s’il est indéniable que l’art a une valeur monétaire, qu’en est-il de la valeur artistique de l’argent ? Quelles sont ses qualités plastiques ? Ses potentialités narratives ? Quelle iconographie charrie-t-il ? Est-ce une iconographie comme les autres ? Sans chercher ni l’exhaustivité, ni la véracité, en entremêlant des visites d’ateliers, des rencontres avec des historiennes, voici une déambulation curatoriale à travers l’Allemagne en suivant ce fil vert.
À l’Historisches Museum Frankfurt, des mètres et mètres linéaires de vitrines conservent plus de 150 000 pièces de monnaie. Des civilisations grecques et romaines jusqu’à l’introduction de l’Euro en passant par l’instauration du pfennig par Charlemagne, elles offrent un condensé historique. Principalement rondes, les motifs et les matières varient, permettant d’inscrire dans le temps et l’espace ces fragments de société. Plus loin, une notice est consacrée à l’une des premières crises financières, désignée comme Kipper- und Wipperzeit (1618–1648). La dévaluation de la monnaie pour financer la guerre de Trente Ans a engendré l’émission de pièces en métal de plus en plus dépréciées. Les gens coupaient et rasaient les pièces aux métaux plus précieux et mélangeaient la face restante avec des métaux moins rares. Encore aujourd’hui, dans un système financier globalisé et généralisé, la matérialité de la monnaie est signifiante. Özlem Günyol & Mustafa Kunt s’en sont d’ailleurs saisis pour créer leur série – au nom évocateur – materialistic painting, qui n’est pas sans rappeler les vicissitudes et autres hybridations métallurgiques du XVIIème siècle. Initiée en 2018, inspirée du minimalisme de Josef Albers et ses carrés, elle consiste en la traduction picturale des pièces de monnaies les plus échangées dans le monde, comme le dollar américain, l’euro, la livre sterling, le yen japonais. Les métaux contenus dans les pièces sont appliqués sous forme de poudre selon des surfaces proportionnelles aux quantités contenues dans chaque pièce. Le cuivre, le laiton, le nickel, le zinc… offrent leurs variations chromatiques. La monnaie, utilisée selon ses caractéristiques chimiques, est abstractisée. Sont néanmoins mises en exergue les richesses minières propres à chaque pays, et la hiérarchie monétaire à l’œuvre dans les conversions internationales est traduite par une surface picturale.
Özlem Günyol & Mustafa Kunt, Materialistic Paintings, 2018 – série en cours. Poudre métallique, papier d’impression fait main Hahnemühle 300 g/m², 76 × 82 cm. Euro, 10 centimes. 89 % Cu, 5 % Al, 5 % Zn, 1 % Sn. Photo : Katrin Binner.
Outre la matérialité, la collection de numismatique de l’Historisches Museum Frankfurt donne à voir une grande variété de représentation frappée sur ces pièces de monnaie. Des aigles, des lions, des portraits, des symboles… Toute une iconographie qui fait de la monnaie pas seulement un moyen de paiement, mais aussi un médium de communication. Pablo Schlumberger s’est amusé à jouer avec la force du message de l’argent. À l’occasion d’une soirée de performances de 2018 à la Klosterruine Berlin, l’artiste a créé six pièces de monnaie, coulées en argent à partir de modèles 3D, chacune correspondant à l’une des performances présentées. Il a ensuite confié l’interprétation de ces six pièces à une chercheuse en numismatique, Ulrike Peter, dont l’analyse a été publiée en 2023 dans une des éditions de l’artiste. La spéculation n’est pas orientée ici sur la valeur de l’objet mais elle est détournée sur le terrain de la signification, de la symbolique. L’argent comme support de représentation permet d’actionner la supposition, l’imagination, la projection mentale et sensible.
À partir d’ « Euro Manikin », une sculpture anthropomorphique en pièces de 1 € – ayant depuis disparu mystérieusement – Pablo Schlumberger réalise des séries de dessins et de photographies qui mettent en scène ce personnage énigmatique. L’artiste nous plonge dans un autre régime de rationalité, où l’argent est personnifié, à la fois malicieux et humoristique. Immergé sous l’eau des fontaines de Rome ou de Naples, il semble vivre ses propres aventures en dehors de nous – ce que l’argent fait finalement très bien aussi dans la vie financière dématérialisée…
Pablo Schlumberger, TOTAL REFUND 13, encre sur papier coloré, 29,7 x 21 cm,2019. Photo: Robert Schlossnickel.
À la Hamburger Kunshtalle, la collection de pièces, monnaies et médailles fait partie du département sculpture car l’ambition de la collection est de mettre en avant la portée artistique de la monnaie, le travail de l’orfèvrerie, les résonances avec d’autres œuvres. L’un des conservateurs historiques qualifiait d’ailleurs la collection de pièces comme une galerie de portraits miniatures. Toute la collection n’est pas exposée, une seule salle du parcours muséal lui est dédié et j’y découvre dans une vitrine une pièce – non pas montrée à plat mais de biais – d’une finesse extrême. Par association matérielle, un lien se fait avec la pratique de Rosa Lüders, qui travaille uniquement avec des feuilles d’aluminium. Ses inspirations sont multiples, des icônes votives grecques sur du métal souple aux salles de jeux d’argent en passant par les pièces émises par la Deutsche Demokratische Republik. Elles encroisent les notions de croyances, de valeurs, de pari, de gain. En lieu et place des chouettes, des chevaux que l’on retrouve à la Kunsthalle, Rosa Lüders donne à l’aluminium des formes de cerises, de flammes, de citrons. Un langage iconographique moderne tout droit sorti des machines à sous, promesses d’argent facile. Tout comme son matériau est réfléchissant, l’artiste joue avec cette force d’aveuglement et les effets de miroitements de l’argent.
Rosa Lüders, Sizzling Hot, 2023 ; 330 x 300 x 30 cm ; aluminium, encre-min.
Rosanna Marie Pondorf travaille elle aussi avec un langage iconographique ultracontemporain que sont les emojis. Sur du Wertschöpfungspapier fabriqué à partir de billets d’euro dévalués, elle imprime certains de ces emoji pour en pointer du doigt les implications géopolitiques. Par exemple, la pièce de monnaie du langage emoji représente un aigle américain et a pour devise « The Crazy One ». Autre exemple, les dollars américains sont dotés de petites ailes. Drôles et décalés, devenus des habitudes quotidiennes de communication, les emojis n’en restent pas moins un maillon signifiant au service du softpower américain et de l’idéologie dominante capitaliste. De l’argent sans valeur qui devient du papier et des emoji apparemment inoffensifs qui deviennent des totems, l’artiste inverse les perceptions pour formuler une critique des intérêts économiques du contrôle du langage digital.
Rosanna Marie Pondorf, Wertschöpfungspapier [flying money], 2023, Tintenstrahldruck auf handgeschöpftem Papier aus entwerteten Euronoten, Spreizstange, Nippelklemmen, Karabinerhaken, Augbolzen, 44 x 29,5 cm.
Des pièces on passe ensuite aux billets, qui sont émis de façon régulière par les banques centrales des États européens au XVIIème siècle. La valeur fiduciaire est décuplée, car elle n’est plus indexée sur la matérialité du support et sa composition métallurgique, mais sur un système de croyance et de confiance. On croit qu’un rectangle en papier vaut 100 dollars. Et on y croit depuis longtemps. Parfois la croyance s’enraye, et l’histoire de l’Allemagne a été marquée par cette défiance fiduciaire. À la fin de la Première Guerre mondiale, dès 1916-1917, la valeur du Reichsmark s’effondre. Dans mes manuels scolaires allemands, les enfants de la République de Weimar faisaient des cerfs-volants avec des billets, pendant que leurs parents allaient faire leurs courses avec des brouettes de marks. Rapidement débordées, les autorités autorisent l’émission d’une monnaie de nécessité – en allemand Notgeld. Émise par des mairies, des entreprises, des banques régionales elle doit permettre de remplacer le mark pendant la crise, et pour la rendre attractive et attirante, ses designs sont confiés à des artistes et des graphistes. Au total sur la période autorisée, jusqu’en 1922, ce sont plus de 1 600 monnaies différentes qui sont imprimées et diffusées.
L’inflation comme source d’inspiration. C’est dans cette anomalie méta que nous entraine Michael Riedel. D’abord invité par le Geldmuseum de Francfort en 2017, l’artiste crée le Riedels, une monnaie uniquement sous forme de billets à partir de la totalité de ses échanges mail avec son galeriste de l’époque. 43 designs voient le jour de 5 à 500 Riedels. Puis c’est tout un système de transaction qui se met en place. Dans ses expositions, des distributeurs permettent d’échanger de l’argent contre des Riedels. Puis par la réalisation d’une édition, la version inflatée des Riedels est diffusée. Parfois des tickets à gratter à acheter permettent de gagner des Inflation Riedels, qui eux même permettent d’acquérir une œuvre de l’artiste. Non seulement, l’argent sert à la création de formes, mais aussi d’interaction, puisque le public « travaille » en quelque sorte à cette architecture transactionnelle, qui utilise des ressorts familiers : l’appât du gain, la convoitise, le toujours plus.
Michael Riedel, Riedels 25.000 (12), 2017. Impression offset sur papier, estampage à chaud, 12,6 x 20,5 cm. © Studio Michael Riedel
Michael Riedel s’est transformé en banque et en système monétaire, là où Niko Abramidis s’est transformé en start-up. Selon lui, la confiance que portent les gens à l’argent est de la même nature que celle que portent les collectionneurs à un artiste. En se vendant des dessins, un artiste n’opérerait-il pas une division de capital en des obligations ? Ainsi sur une série de dessins, il a intégré le tout nouveau système de paiement par puces, que génère entre autres Apple Pay. L’artiste nous fait nous assoir sur une liasse de billets de 500 €, ou autour d’une table de réunion très corpo dans les anciens locaux d’une banque d’affaires. Flirtant avec la dystopie, il invente des Cryptique machines, distributeurs ésotériques d’un futur peut-être pas si lointain où le système capitaliste aurait périclité, où les fentes des distributeurs resteraient béantes.
Dans un contexte de défiance généralisée, les années 1920 ont connu le Notgeld. Aujourd’hui, selon Simon Denny, les crypto-monnaies, les NFT et blockchains sont « de puissantes alternatives aux systèmes dominants de monnaie fiduciaire, de banque et de production d’art tels que nous les connaissons depuis si longtemps. »3 Artiste et curateur, Simon Denny explore les expériences du pouvoir, ses médiums, ses représentants dans des formes simples et non technologiques : des timbres, des jeux de société. Figure de proue de la pensée critique des monnaies alternatives technologiques en art, il a réalisé deux expositions fondamentales : Proof of Work, en 2018 au Pavillon Schinkel et Proof of Stake en 2021 au Kunstverein in Hamburg, rassemblant toutes les deux diverses productions artistiques autour des crypto-monnaies et de leurs réalités politiques, économiques, narratives. L’argent mute vers des formes toujours plus dématérialisées, il est toujours plus inodore et évanescent, et ses imaginaires sont toujours plus tentaculaires. Quand j’étais enfant, Piscou plongeait tête la première dans des piscines d’or et de billets, aujourd’hui CryptoPiscou est le pseudonyme d’un tradeur de Crypto-monnaies.
Vue d’installation Proof of Work, Schinkel Pavillon 2018. Comprenant: CryptoKitties / Guile Twardowski, Celestial Cyber Dimension, (Kitty . 127.), 2018 – Photo: Hans-Georg Gaul.
1) https://journals.openedition.org/critiquedart/114597
2) Pauline Hatzigeorgiou, Jana Euler, Oilopa, Wiels, 21.06-29.09.24
3) https://curamagazine.com/digital/simon-denny-art-and-crypto/
Les Vitrines 2024 – Exposition d’Arthur Gillet – « Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler »
Les Vitrines est un espace d’exposition consacré à la scène artistique française, initié par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et de l’Institut français de Berlin, dont la direction artistique est confiée en 2024 à la commissaire d’exposition Lisa Colin et l’identité visuelle au studio Kiösk.
Nouvelles langues
Cette année, Les Vitrines accueillent tour à tour les artistes Arthur Gillet et Lou Masduraud à prendre part à une révolution romantique. De la peinture sur soie à la patine du bronze, leurs pratiques singulières et minutieuses détournent les savoir-faire traditionnels, et dévoilent des mondes merveilleux, jusqu’ici occultés. Les fresques spécialement créées pour l’occasion prônent le temps long, l’interrelation et la réhabilitation du soin et de l’écoute comme forces indispensables à la reconstruction d’un monde commun.
Arthur Gillet
Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler
08.03 – 15.06.2024
Vernissage le jeudi 7 mars à 19h et performance d’Arthur Gillet à 20h en entrée libre
C’est au travers d’une peinture sur soie de vingt-cinq mètres de long, qu’Arthur Gillet retrace son parcours, conscient de sa difficulté à s’adapter au monde et à l’autre. Cette fresque, à la fois personnelle et universelle, témoigne de la vie d’un CODA – Child of Deaf Adults [enfant entendant de parents sourds], dévoilant des aspects souvent méconnus de la vie des sourd·es et des enjeux socioculturels liés à cette divergence. Par un ensemble de figures, l’œuvre transcende les barrières linguistiques, et explore les subtilités de la communication non-verbale.
D’une flèche qui traverse l’oreille de sa mère, la peinture évoque la perte de son audition, et les étapes de vie qui en découlent : son éducation au couvent où on lui interdit de signer, sa participation au Réveil Sourd – mouvement pour la réhabilitation de la Langue des Signes Française, la naissance d’Arthur et son intégration difficile, situé entre le monde des sourd·es et des entendant·es, l’isolement social, les moqueries et la violence de la différence, avant de trouver, chacun·e, une forme d’émancipation dans les nouvelles technologies. Arthur Gillet s’inspire des enluminures de Cristoforo de Predis, un artiste sourd du Moyen Âge italien, notamment dans l’usage de couleurs vives et la représentation de structures symboliques : les architectures – reclusoir, église, porte, tours – sont autant de lieux d’isolement que de franchissements pour ces personnages, guidés par des présences invisibles. L’iconographie dévoile le rôle souvent occulté de la religion dans l’histoire des sourd·es, où la confusion entre surdité et déficience mentale a conduit à la réclusion et à la stigmatisation. Néanmoins, la figuration, art déjà employé dans les églises pour transmettre le contenu d’un livre à une population analphabète, ne s’est pas arrêtée à une dimension purement pédagogique ou décorative. Les fresques du couvent San Marco de Fra Angelico étaient destinées à devenir un support au dialogue intérieur. Il apparaît dans les cultures sourde et CODA, la conviction qu’au-delà d’une dialectique occidentale (platonicienne, chrétienne ou moderne) l’image n’est pas le substitut d’une vérité intellectuelle qui lui serait supérieure, mais une expression à part entière, riche et pleine de sens, capable de pallier les limites du verbe.
Pour autant, jusqu’en 2005 être sourd·e ou CODA signifie ne pas avoir de langue maternelle. En 1880, le congrès de Milan réunit deux-cent-vingt-cinq « spécialistes » dont seulement trois sourds, et conclut à la nécessité de promouvoir la méthode oraliste au détriment des langues visuelles. Les langues des signes sont interdites jusqu’en 1991[1], et reconnues progressivement en Europe comme langues officielles dans les années 2000 (en France en 2005). L’oralisme exige des personnes sourdes une intégration forcée par mimétisme, au prix de méthodes douloureuses et mutilantes (appareils, trépanations). S’inscrivant dans une pédagogie qui impose que l’on entende et parle avant d’écrire, l’oralisme dénigre les capacités et l’intelligence propres à chaque individu. Des méthodes d’apprentissage forcé se développent, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera[2]. En conséquence, en France en 2003, parmi les deux millions de personnes nées sourdes, l’illettrisme est massif et atteint les 80%[3]. C’est le cas de la mère d’Arthur, qui obtient en 1971 le seul diplôme à sa portée, un certificat d’aptitude professionnelle en Arts Ménagers. Elle participe dans les années 70-80 au Réveil Sourd, mouvement militant pour une éducation bilingue de l’enfant sourd·e, conjointement aux luttes féministes, antiracistes, LGBTQ et décoloniales, qui défendent leurs reconnaissances et leurs droits. C’est par cette rencontre avec d’autres personnes sourdes, que sa mère apprend à l’âge de 17 ans sa « langue naturelle », la langue des signes.
Revenant sur des faits parfois traumatisants, Arthur Gillet rend visible des conditions socio-politiques méconnues, et met en lumière l’inversion de la parentalité qui s’opère fréquemment : les enfants CODA se voient jouer le rôle d’intermédiaire ou de parent auprès d’une société entendante validiste (recherche de travail, traduction, socialisation, intégration). Ainsi, il révèle l’impact majeur des avancées technologiques, telles que l’invention du minitel, du téléphone, de la lampe-flash radio Lisa (qui traduit le son en lumière), ou du télétexte Antiope (pour la transcription en direct des dialogues et sons des films, spatialisés par un code couleur) qui ont non seulement facilité la communication et la sociabilisation, mais ont surtout contribué à l’autonomisation des personnes sourdes. Dans sa fresque, l’artiste développe une iconographie multiple de l’invisible, où la technologie prend le pas sur la religion : les anges sont remplacés par des écrans annonciateurs, le clocher de l’église par une tour de transmission, les rayons sacrés sont des ondes radios. Le 21e siècle devient alors l’époque de la magie, les choses adviennent sans qu’on en comprenne leur fonctionnement. Dans la lignée d’Hilma af Klint[4], dont les carnets et peintures sont empreints de spiritisme, l’œuvre d’Arthur Gillet est un portail vers d’autres dimensions, où le réel cohabite avec le fantastique. L’emploi de la figuration rend visible une condition physique qui ne l’est pas, contrant sa « monstruosité », c’est à dire précisément son manque de représentation. Les nouvelles technologies ont également apporté une grande visibilité au mouvement, une représentation politique autogérée, à l’instar d’autres minorités.
La fresque, éclairée par l’arrière, prend des allures de vitraux ou d’écran, et se déroule comme une pellicule cinéma : en longeant la vitrine, on découvre une suite d’images qui s’animent, témoin silencieux de la vie d’un CODA. Entre la revendication d’être « comme les autres » et celle d’être reconnu dans sa spécificité, Arthur Gillet déconstruit les stéréotypes et dépeint la surdité non pas comme une incapacité mais comme une divergence physique, d’intelligence et de sensibilité. Tout ce dont vous n’avez jamais entendu parler est un manifeste visuel ; le témoignage poignant d’une lutte pour l’inclusion et la reconnaissance culturelle.
Lisa Colin
[1] Dès 1975, des associations comme l’IVT – International Visual Theatre vont enseigner en Île-de-France la Langue des signes française. C’est en 1991 que l’amendement « Fabius » reconnaît aux familles le droit de choisir une communication bilingue dans l’éducation de leurs enfants. Ce décret sera très peu respecté, seuls 1 % des élèves sourd·es ont par la suite accès à ces structures.
[2] Marcelle CHARPENTIER, Cet enfant sera comme les autres : il entendra, il parlera. Dès l’âge de la maternelle (Éditions sociales françaises, Paris, 1956).
[3] Brigitte PARRAUD et Carole ROUDEIX, « Bibliothèque, lecture et surdité », BBF – Bulletin des bibliothèques de France (En ligne, 2004).
[4] Peintre suédoise (1862-1944), qui a voué sa vie et son travail à l’exploration de l’invisible.
Arthur Gillet (né en 1986, vit et travaille à Paris) est un artiste plasticien et performeur. Diplômé de l’École des beaux-arts de Rennes, il se forme parallèlement à la danse contemporaine au Musée de la danse. Il grandit en transition de genre, dans une famille sourde et neuro-atypique en marge du marché du travail. Dans ses travaux, Arthur Gillet approfondit les thématiques du désir, de l’identité, de la lutte sociale et des médias ; par sa pratique de la performance et du happening, il investit les espaces publics ou institutionnels. Il est marqué par les autrices et artistes qui ont accompagné son parcours de transition : Naoko Takeuchi, Jane Austen, Valtesse de la Bigne, Virginia Woolf, Murasaki Shikibu, Isabelle Queval, Geneviève Fraisse, Elisabeth Lebovici. Arthur Gillet a présenté son travail en France et à l’international, au CAC Brétigny, au Palais de Tokyo (Paris), à PROXYCO Gallery (New-York), au Transpalette – Centre d’art contemporain de Bourges, entre autres.
Site internet : https://arthurgillet.com/
Instagram : @arthurouge
Crédits photos : Kathleen Pracht
Kiösk est un studio de design graphique basé à Ivry-sur-Seine. Le duo composé d’Elsa Aupetit et Martin Plagnol dessine des identités visuelles, des sites Internets, des affiches, des éditions, des signalétiques, dans le cadre de la commande publique comme privée. Ils ont également fondé la maison d’édition indépendante Dumpling Books.
Instagram : @studio_kiosk
LES VITRINES 2022 | Exposition du duo Ferruel & Guédon
19 octobre 2022 – 08 janvier 2023
AFFG est un duo d’artistes françaises, composé d’Aurélie Ferruel (née en 1988) et de Florentine Guédon (née en 1990), qui travaillent ensemble la sculpture et la performance depuis une dizaine d’années. Nourri par les rites populaires et les savoir-faire régionaux, leur travail s’appuie sur des traditions ancestrales qu’elles tentent de dépasser. En s’affranchissant des héritages avec humour, spontanéité et sens critique, elles donnent à voir un monde imaginaire construit à partir de matériaux vivants dans une économie de moyens. Pour Les Vitrines de l’Institut Français de Berlin, le duo s’interroge sur le rôle de la vitrine. Espace sacré, muséal, commercial, espace de protection, de tentation, de conservation. Les réflexions d’AFFG explorent la place d’un monde vivant mis sous cloche, privé de son évolution naturelle. La scénographie imaginée questionne notre lien sensoriel à l’heure de toutes les crises et dépoussière l’espace traditionnel de la vitrine pour devenir le théâtre de nouvelles fabulations.
LES VITRINES 2022 | Philipp Röcker – Sentimental building
08 juin 2022 – 09 octobre 2022
Pour l’exposition Sentimental building, l’artiste Philip Röcker présente pour la première fois un ensemble de bronzes de tailles et formes variées qui explorent l’idée du soin et d’attention portée à la matière. Il y parvient par étapes qui tendent à transformer l’éphémère en impérissable. Sur du sable, il dessine au doigt des formes libres dont l’empreinte est ensuite coulée en cire puis en bronze. Allongées au sol, accoudées au mur, en équilibre, chaque pièce réclame une proximité du spectateur pour observer la douceur de l’irrégularité autant que la fragilité d’un matériau robuste. L’espace surélevé des Vitrines conduit notre regard vers la lecture d’une multitude de caresses en volumes qui selon leur combinaison construisent un répertoire de formes diverses – une lettre, un volume, un moulage. L’artiste rattache ses constructions sentimentales aux œuvres paléolithiques dont la plupart restent aujourd’hui énigmatiques. Il y ajoute ici la possibilité de devenir sculptures, et y oppose la noblesse du bronze à la simplicité d’un geste.
LES VITRINES 2022 | Raphaël Larre – Forêt intérieure
Initiées depuis 2021, « Les Vitrines » sont un espace d’exposition dédié à la scène artistique française, mis en place par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et l’Institut français de Berlin. Cette année, la direction artistique des Vitrines est confiée à la commissaire Anne-Laure Lestage et l’identité visuelle au Studio Haberfeld.
18 février 2022 – 29 mai 2022
À la recherche de nouvelles formes de fabrication du trait, l’artiste français Raphaël Larre dessine. Guidé par le mouvement, sa recherche sur papier, animée ou performée, représente les choses de la vie – la rue, les gens, la nature – sans hiérarchisation. L’œuvre murale Forêt intérieure, produite pour Les Vitrines, aborde la question fondamentale de la place de la nature dans nos villes. Combinaisons de dessins végétaux réalisés sur le vif dans un parc berlinois et de motifs décoratifs allemands travaillés en atelier, l’artiste superpose les lignes autant qu’il les oppose. Traditionnellement présent dans les intérieurs cossus, un papier peint se retrouve déchiré de multiples façons pour révéler une végétation débordante traitée au fusain. Contradiction entre le monde domestique et sauvage, le geste vif de l’artiste rappelle que notre comportement intérieur peut avoir une action politique autant que poétique.
Les Vitrines 2023 – Exposition de Fanny Taillandier – « J’AI DEMANDÉ MA ROUTE AU MUR (il m’a dit d’aller tout droit) »
Les Vitrines est un espace d’exposition consacré à la scène artistique française, initié par le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne et de l’Institut français de Berlin. Pour ce nouveau cycle d’expositions intitulé L’horizon des événements, la direction artistique est confiée à la commissaire Fanny Testas et l’identité visuelle au collective Bye Bye Binary (Eugénie Bidaut, Roxanne Maillet et Léna Salabert). Trois artistes françaises, Vava Dudu, Lola Barrett et Fanny Taillandier, sont conviées à créer trois expositions tout au long de l’année qui invoquent de nouveaux récits et imaginaires sciences-fictionnels, et se prétendent capsules ou vortex temporels.
Si les espaces de libre circulation se développent autour du monde, ils s’accompagnent paradoxalement de frontières de plus en plus difficiles à franchir : murs, barbelés, patrouilles maritimes … Au libre-échange répond alors la militarisation, à la mobilité croissante, l’inflation de juridictions exceptionnelles faisant obstacle aux parcours humains. À la langue du droit et de ses limitations, par nature impersonnelle, répondent les chants collectifs des migrations, dont l’épopée est l’expression depuis la naissance de l’écriture.
Quel dialogue possible entre les normes juridiques, qui laissent passer ou barrent la route au nom de principes à géométrie variable, partout sur terre, et nos consciences individuelles et collectives, mues par le désir et la nécessité d’arpenter le monde ? En faisant dialoguer deux machines par essence incapables de s’entendre, l’exposition J’AI DEMANDÉ MA ROUTE AU MUR (il m’a dit d’aller tout droit) propose de donner à voir les impossibles accords de régimes de parole dont la légitimité ne naît pas au même endroit, et qui pourtant, par leurs forces respectives, forment le monde où nous vivons. Alors que la barre des 100 millions de personnes exilées dans le monde a été franchie en 2022, penser les frontières comme espace de dialogues multiples et de confrontation entre des imaginaires différents est une façon de donner la parole au futur.
Les œuvres de Fanny Taillandier sont accompagnées d’une sélection de photographies de Samuel Gratacap, issues de son travail Bilateral, publié en 2023.
L’identité visuelle des Vitrines 2023 a été confiée par Fanny Testas à la collective franco-belge Bye Bye Binary qui est à la fois une expérimentation pédagogique, une communauté, un atelier de création typo·graphique variable, un réseau, et une alliance. BBB explore la création de formes graphiques et typographiques adaptables à l’écriture inclusive.

Visual identity by Bye Bye Binary (Eugénie Bidaut, Roxanne Maillet and Léna Salabert-Triby)
Le vernissage a eu lieu le jeudi 12 octobre 2023 à partir de 19h avec une performance de Fanny Taillandier et Noé Balthazard.
Katharina Ziemke, exposition « Unwetter » (Intempéries)
Texte écrit par Lisa Colin dans le cadre de la bourse de voyage et de recherche Jeunes Commissaires 2023
De la peinture à la performance, en passant par l’art vidéo, l’artiste allemande Katharina Ziemke déploie un univers artistique cru et minutieux. Elle s’inspire des domaines de la science et des sciences humaines afin d’élaborer des séries d’œuvres empreintes de considérations écologiques, féministes ou médiatiques. Ses peintures grand format, sur toile de coton, dibond ou feuille de riz, dévoilent des scènes figuratives, aux couleurs vives, qui attrapent le regard et nous confrontent à des réalités inquiétantes.
Katharina Ziemke, Tempest #4, 2020, aquarelle sur toile de coton, 95 x 125 cm
Au printemps 2023, l’artiste est invitée en résidence à la Cité des Arts à Paris où elle déploie un ensemble de recherches sur les tempêtes, en tant que phénomènes météorologiques et métaphores des défis environnementaux actuels. Dans son studio, les peintures et œuvres vidéo présentent une diversité de perspectives relatives aux tempêtes, soulignant en particulier les faits que nous pensons connaître.
Lors du voyage de recherche à Berlin, je rencontre à nouveau Katharina Ziemke qui me propose le commissariat de son exposition Unwetter. Entre représentation et abstraction, rêve et réalité, le corpus d’œuvres met en lumière des intempéries à travers le monde. Les peintures à l’huile ou à l’encre sur papier de riz capturent la beauté sublime et la force destructrice des tempêtes, bénéficiant de la capacité du médium à transmettre des couleurs et des textures intenses et émouvantes.
Vue de l’exposition Unwetter, Humboldt Universität zu Berlin du 28.09 au 10.11.2023 © Stefan Klenke
Conçue comme une installation globale en dialogue avec l’architecture de la Humboldt Universität, l’exposition invite le public à déambuler entre les œuvres, mêlant peintures, vidéos et performances. Au centre, la série ‘Episode : Sturm’ collecte les réflexions de différents acteurs de la société : responsable RSE, politicien, chimiste, scientifiques et adolescents. Le dessin qui apparaît peu à peu à l’écran se juxtapose aux interviews, qui abordent les thèmes de la durabilité, des politiques de santé, des technologies futuristes, de la biodiversité, de l’inaction comme de l’adaptation. L’installation offre une réflexion sur notre responsabilité environnementale commune face au changement climatique.
Vue de l’exposition Unwetter, Humboldt Universität zu Berlin du 28.09 au 10.11.2023 © Stefan Klenke
Si ces fragments subjectifs donnent inévitablement à l’œuvre une teinte mélancolique, Katharina Ziemke nous encourage à nous défaire de cette humeur. L’exposition souligne la nécessité de réunir l’art et la science pour mieux comprendre les phénomènes et les émotions qui nous traversent. Unwetter est une expérience poétique, pour laquelle le public est invité à considérer les catastrophes actuelles d’un nouvel œil : l’installation accueille de nombreux débats, performances, cours universitaires, visites guidées et ateliers, pour repenser ensemble nos engagements.
La bourse de voyage et de recherche est une initiative du BDAP, et un projet soutenu par l’OFAJ (Office Franco-Allemand pour la Jeunesse).
« Il y aura des tempêtes et des tornades. »* — Clara Jo, Nests of Basalt, Nests of Wood
Texte écrit par Sarah Lolley dans le cadre de la bourse
de voyage et de recherche Jeunes Commissaires 2023
Le second volet de l’exposition « Indigo Waves and Other Stories. Re-Navigating the Afrasian Sea and Notions of Diaspora » s’est tenu du 6 avril au 13 août 2023 au musée berlinois Martin-Gropius-Bau. Il réunissait une trentaine d’artistes autour de la mer Afrasienne[2], de son potentiel narratif, et de sa capacité à lier – par l’eau, mais pas uniquement – les continents de l’Afrique et de l’Asie. Curatée par Natasha Ginwala, Bonaventure Soh Bejeng Ndikung avec Michelangelo Corsaro, l’exposition visait à mettre en exergue les superpositions et transferts diasporiques entre les deux régions, la mer Afrasienne se muant en « horizon commun révélant les nuances d’un parcours culturel, linguistique, politique et historique depuis les temps anciens jusqu’à aujourd’hui[3] ». L’eau s’envisage dès lors comme outil discursif, agent révélateur d’histoires niées, oubliées, historiques ou fictionnelles, vecteur de liens géographiques et temporels.
Parmi les nombreuses œuvres qui ponctuaient le parcours des visiteur·ices – des peintures textiles de Lavanya Mani aux sculptures en caoutchouc naturel de Rossella Biscotti – Nests of Basalt, Nests of Wood de l’artiste Clara Jo frappe par sa capacité à incarner avec justesse la propension de la fiction à mettre en lumière les cicatrices et traumatismes profondément ancrés dans certains lieux. Ici, il est question de trois d’entre eux : un cimetière anonyme à Albion sur l’île Maurice ; Flat Island, un îlot inhabité situé à 12 km au large de la côte nord de cette même île et utilisé comme station de quarantaine au XIXe siècle[4] ; et un troisième espace fictionnel, brillamment conçu en animation 3D par l’artiste Noam Rezgui.
Écran blanc. La vidéo débute par un piqué dans les nuages qui dévoile un monde insulaire sombre et quasi-dystopique. Une superposition de deux voix – illustration par le son du lien intergénérationnel entre l’oiseau-narrateur, un paille-en-queue endémique, et ses aïeuls – nous conte une histoire. Celle de bipèdes sans plumes débarquant un matin, sous l’œil inquisiteur des créatures des îles et des mers, mais aussi celle transmise oralement au volatile par les générations précédentes, antérieures à la présence humaine sur l’île.

© Courtesy of Clara Jo, extrait de son œuvre vidéo « Nests of Basalt, Nests of Wood »
Cette idée de transmission inter-espèces et entre les générations est primordiale dans l’œuvre où le chant des oiseaux “trouve son chemin jusqu’aux antennes des insectes et les entrailles des crabes”. Fruits de ses recherches archivistiques, les scènes en animation 3D rendent compte de mythes océaniques auxquels se mêlent symboles et anecdotes tirées de théories conspirationnistes ou encore des fragments de remèdes médicinaux datant du XIXe siècle. L’ensemble constitue un espace où questionner les narrations édulcorées et aseptisées d’un passé “officiel”, une troisième voie·x, à la manière de ce troisième lieu en 3D qui se meut sous nos yeux.
Quittant le monde terrestre, Clara Jo nous fait ensuite visiter les abysses, dévoile un monde sous-marin fantasmé, illustre visuellement là d’où vient “le grondement qui s’échappe des profondeurs” évoqué par l’oiseau.

© Courtesy of Clara Jo, extrait de son œuvre vidéo « Nests of Basalt, Nests of Wood »
Le paille-en-queue comme narrateur s’est imposé à Clara Jo et à l’écrivain Aqiil Gopee, à l’origine du texte de la voix off, alors qu’ils étaient en mission archéologique à Flat Island. De toute part, des nids les contraignent à changer leurs trajectoires, à s’adapter au terrain, formant une cartographie d’un nouveau genre et muant le volatile en forme d’animal-guide spirituel associé, dans leurs esprits, à la mission qu’ils étaient venus mener. Quant à la perspective aérienne, si elle peut évoquer une forme de vision impérialiste, elle est en réalité l’outil qui permet à Clara Jo de nous faire voir les fissures – entre autres géologiques – des espaces qu’elle dépeint depuis des niveaux, échelles et points de vue variés que seule la vue en plongée permet.
L’oiseau commente la fouille archéologique qui se déroule sous nos yeux, celle d’humains qui tentent de comprendre, en explorant les empreintes matérielles, comment et pourquoi leurs ancêtres sont venus ici il y a plus d’un siècle. Parallèlement, il raconte aussi la colonisation de Flat Island par des “monstres de démesure” se faisant construire des nids de basalte “par ceux qu’ils prenaient pour des serviteurs”, qui, eux, vivaient dans des nids de bois branlants. Il souligne également que si la trace des nids de basalte perdure jusqu’à nos jours, les nids de bois ont été balayés par le temps, mettant en relief le fait que “tous finiront par être oubliés, mais certains plus que d’autres”. Par Nests of Basalt, Nests of Wood, l’artiste née aux États-Unis et basée à Berlin nous invite ainsi à participer à sa réflexion autour de l’imaginaire nautique, de la colonisation et de ce qu’il en reste, mais aussi autour des notions de décomposition et de détention, propres aux espaces qu’elle illustre : un cimetière aux tombes sans épitaphes et un lieu de quarantaine.

© Courtesy of Clara Jo, extrait de son œuvre vidéo « Nests of Basalt, Nests of Wood »
Cette œuvre vidéo révèle aussi une certaine histoire des épidémies, à rebours de celle traditionnellement racontée à travers un prisme colonial. L’artiste y explore les liens entre la diffusion de maladies d’origine hydrique et les réseaux mercantiles qui ont dessiné les géographies coloniales, tous deux assujettis aux vents des moussons. Cette œuvre est également un écho à d’autres précédemment réalisées par Clara Jo, notamment sa vidéo De Anima (2022). Dans cette dernière, elle aborde la manière dont la peur de la contamination par le monde non-humain est alimentée par les divers systèmes économiques, métaboliques, raciaux ou de genre intrinsèquement imbriqués dans le système de santé mondial, ce que la récente crise sanitaire a largement mis en lumière. Plus généralement, les deux vidéos soulignent notre capacité à oublier les pans les plus traumatisants de l’histoire.
Dans Nests of Basalt, Nests of Wood, Clara Jo livre une ode contre l’oubli, un hommage aux secrets que l’eau garde en son creux et vient déverser sur les rivages, à ceux nichés dans les fissures de l’île où se réfugient les oiseaux quand le ciel se trouble. Mêlant archives, faits scientifiques et mythes existants, elle emprunte un chemin liminaire où la narration spéculative permet, non pas de combler les manquements d’une histoire coloniale biaisée, mais plutôt de souligner que ces lacunes existent et d’ainsi « remonter la trace[5]» d’histoires tues.
La fin de la vidéo s’apparente à l’œil d’un cyclone, ce temps calme suspendu au milieu de la tourmente similaire à celui de la commémoration abordé par l’artiste dans son œuvre. Ce temps qui augure de nouveaux tumultes à venir, ce temps qui, loin de constituer une fin en soi, est un rappel pour demain : “Il y aura des tempêtes et des tornades”.
Sarah Lolley
Plus d’information sur Sarah Lolley
La bourse de voyage et de recherche est une initiative du BDAP, et un projet soutenu par l’OFAJ (Office Franco-Allemand pour la Jeunesse).
[*] Extrait de Clara Jo, Nests of Basalt, Nests of Wood, Installation vidéo 4K, Son stéréo, 24’59”, 2023.
[2] Dans l’exposition, John Njenga Karugia souligne l’héritage colonial du terme “océan Indien” et encourage l’utilisation du terme “mer Afrasienne” qu’il justifie ainsi : « Chaque communauté avait un nom pour désigner cette masse d’eau océanique. […] L’utilisation du terme « océan Indien » comme perspective analytique brouille et bloque de nombreuses questions liées au cosmopolitisme de ces espaces océaniques. Elle impose également une identité ethnique et nationale « indienne » à des géographies qui ont leurs propres ethnies et nations. La perspective de l’océan Indien nous limite également au littoral, c’est-à-dire à la rencontre des eaux océaniques et de la Terre. En revanche, la perspective de la mer Afrasienne ouvre des possibilités de réflexion sur les nombreuses dynamiques qui relient l’Afrique et l’Asie sans se limiter au littoral. »
[3] Texte introductif de l’exposition.
[4] Au cours de l’épidémie de choléra dans les années 1850, celle de paludisme des années 1860 ou encore de peste bubonique au début des années 1900, Flat Island était une station de quarantaine majeure dans la région. Les malades, principalement des travailleur·euses ou ancien·nes travailleur·euses, passager·es libres et Mauricien·nes y étaient placé·es pour être séparé·es du reste de la population.
[5] E. Boehmer, A. Mondal, “Networks and Traces”, Wasafiri, n°27, 2012, p. 31.
Bourse de voyage et de recherche 2023 – Appel à candidature
BOURSE DE VOYAGE ET DE RECHERCHE EN ALLEMAGNE
Date limite de candidature : 02.05.2023
La scène artistique allemande est mondialement reconnue par son dynamisme. A travers un grand nombre de structures et manifestations artistiques réparties sur l’ensemble de son territoire, l’Allemagne offre de nombreuses opportunités pour les jeunes curateur.ice.s.
Le Bureau des arts plastiques propose deux bourses de voyage et de recherche vers l’Allemagne s’adressant aux commissaires d’exposition français.e.s ou travaillant en France qui mènent des projets dans le domaine de l’art contemporain.
La bourse est dotée de 1.100 EUR TTC, et permet de couvrir, même partiellement, les frais de voyage et/ou d’hébergement. Les frais de matériel et les honoraires ne sont pas pris en charge.
Mission Transmediale – Jade Barget
Le festival transmediale propose de nouvelles perspectives sur l’évolution des technologies et invite à réfléchir aux façons dont ces technologies transforment nos sociétés post numériques. En tant que curatrice indépendante, je m’intéresse aux cultures de l’écran et de l’image en mouvement, notamment à l’influence de l’évolution des médias sur nos subjectivités, nos mémoires et nos histoires. À travers le programme Jeunes Commissaires, je me suis retrouvée parachutée au sein de l’observatoire spéculatif qu’est la transmédiale, en pleine phase de conception du festival 2021-22. Cette expérience m’a fait réfléchir aux formes curatoriales discursives, et m’a encouragée à aborder les problématiques de mes recherches de manière technique, appliquées à notre monde computationnel. It’s a match.
D’octobre 2021 à février 2022, j’ai travaillé à distance à la réalisation du symposium This is Not Anarchy, This is Chaos, me rendant sur place à deux reprises, en novembre, et en février, pour la production du festival.
Le symposium de deux jours a eu lieu à la Haus der Kulturen der Welt, et a mêlé performances, projections, lectures, et discussions entre penseur·euse·s. Conçu comme une séance de binge-watching (visionnage boulimique), le symposium s’articulait autour de la notion du refus – ses formes possibles, son potentiel et ses limites.
Le premier jour fut consacré aux façons dont les algorithmes créent le désir, le fantasme et la foi dans notre ère de post-vérité. Le symposium proposa également une réflexion sur la force « atomisante » des algorithmes : la façon dont ceux-ci peuvent annihiler les formes de collectivité. Les penseur·euse·s invité·e·s ont réfléchi aux possibilités et limites du refus dans ce contexte computationnel régi par les algorithmes. Les invité·e·s étaient : Adam Bobbette, Antonia Hernández, Bassam El Baroni, Bassem Saad, Che Applewhaite, Distributed Cognition Cooperative (Anna Engelhardt, Sasha Shestakova), Donal Lally, Imani Jaqueline Brown, Laura Cugusi, MELT (Ren Loren Britton & Isabel Paehr), Nishant Shah, Paolo Gerbaudo, Robert Gerard Pietrusko, Phanuel Antwi, Sabine Gruffat, Xenia Chiaramonte, Zach Blas.
Le deuxième jour, le symposium porta une réflexion sur les stratégies de refus face à la dette et à la pénurie, proposant une étude des tactiques de l’évasion, du compromis, et de la spéculation, en donnant la parole à : Ahmed Isamaldin, AM Kanngieser, Bahar Noorizadeh, Byung-Chul Han, Cindy Kaiying Lin, Dele Adeyemo, Elaine Gan, Elsa Brès, Gary Zhexi Zhang, Jack Halberstam, Magda Tyżlik-Carver, Mary Maggic, Maya Indira Ganesh, Max Haiven, Olúfẹ́mi O. Táíwò, Patricia Domínguez et Nicole L’Huillier, Samir Bhowmik, Timothée Parrique.
Aujourd’hui, en juin 2022, quatre mois après la fin du symposium, certaines contributions continuent d’influencer mes pensées. Notamment, la lecture d’Olúfẹ́mi O. Táíwò, et celle de Phanuel Antwi. O. Táíwò analyse les crises telles que la crise écologique comme inscrite dans un système de distribution planétaire établi par l’impérialisme racial, lui-même construit sur le colonialisme et l’esclavagisme. Cet ordre ou système de distribution permet l’accumulation des denrées comme la richesse, le savoir ou encore la capacité de recherche dans le Nord, et les déchets toxiques, la pauvreté et la violence dans le Sud. Selon lui, la réparation passe par l’élaboration d’un nouveau système de distribution planétaire.
Phanuel Antwi, quant à lui, refuse de penser le rêve comme activité passive. Il parle du rêve anticolonial qui, en particulier s’il est un rêve partagé avec d’autres rêveurs, peut avoir une force d’organisation de luttes et de transformation du monde.
À la fin du symposium, nous nous sommes quittés, mais la séparation fut très courte : deux mois, pour être exact. Aujourd’hui, j’habite entre Berlin et Paris, et je travaille sur l’édition 2023 du festival.
Tianzhuo Chen The Dust, 2021, installation © Luca Giradini
Alaa Mansour, The Mad Man’s Laughter, 2021, still © Luca Giradini
#Throwbackto Jeunes Commissaires
Le Bureau des Arts plastiques lance sa nouvelle série #Throwbackto Jeunes Commissaires sur Instagram et sur son site internet. Sous forme de courts entretiens, nous avons choisi de donner la parole aux ancien.ne.s lauréat.e.s du programme Jeunes Commissaires. L’occasion de (re)découvrir le parcours professionnel et les activités récentes des anciens participant.e.s du programme.
Participant.e.s:
Agnès Violeau
Céline Poulin
Karima Boudou
Tristan Deschamps
Diane Turquety
Marianne Derrien
Sophie Lapalu
Agnès Violeau
Pouvez-vous nous parler de votre expérience Jeunes Commissaires?
Je m’appelle Agnès Violeau, je suis curatrice et écrivaine (1976, Paris). Mes recherches portent sur l’exposition en tant que phénoménologie. J’ai été invitée par JC en 2015 – 2016 dans le cadre de In Extenso, avec Mark Bembekoff, Céline Poulin, lornce Ostende et Karima Boudou pour explorer la performance en contexte d’espace public. En tant que principale intervenante aux côtés de Christian Jankowski et Léa Gauthier, j’ai axé mon intervention sur la notion d’interprétation. La dernière exposition dont nous avons assuré le commissariat, « A space is a space is a space » à DAZ en 2016, était un projet in situ, dans un espace public, mais aussi un projet en ligne et éditorial, visant à mettre en scène le contexte, la fugacité et la narration. Conçue comme une mise en scène performative, l’exposition comportait des ramifications sur le papier, dans les corps et sur Internet, sous la forme d’une expérience spatiale et temporelle.
Quoi de neuf depuis Jeunes Commissaires?
Je suis actuellement commissaire d’exposition et responsable des expositions et des publications au 49 Nord 6 Est Frac Lorraine, ainsi que curatrice indépendante. J’ai également enseigné le curating et l’esthétique à Paris et à Shanghai. Après la fin de ‘The Real Show’ – un concept copyleft mené par le Cac Bretigny (avec Céilne Poulin) qui reliera le CAC et le FRAC à Sandwich Bucharest, LCCA Riga et PLATO, Ostrava, je prépare une exposition au FRAC Lorraine avec les œuvres immatérielles de sa collection puisqu’elle sera immobilisée pour inventaire jusqu’en mars 2023. L’exposition mettra en valeur la seconde vie d’une œuvre et le matériau commun des objets. Elle engagera les visiteurs à co-créer l’exposition, dont ils seront la composante principale.
Quel serait le projet de vos rêves?
J’ai eu la joie de co-créer avec Sandwich Bucarest un projet finaliste pour le pavillon roumain à la dernière biennale de Venise et j’aimerais beaucoup revivre cette expérience. Le projet proposait une réflexion sur la destruction des œuvres d’art, un sujet qui est non seulement un élément clé de ma recherche, mais aussi une menace réelle quand on voit la situation de guerre mondiale actuelle. J’aimerais organiser une Biennale avec des thèmes comme la dématérialisation et les méta-situations comme lieux d’individuation. Dans cinq ans, j’espère pouvoir travailler avec des artistes et des auteurs d’autres disciplines sur de nouvelles formes et idées stimulantes qui me tiennent en vie.
‘Language is a skin’ au 49 Nord 6 Est Frac Lorraine, un spectacle solo de Hanne Lippard (rencontrée au KW à Berlin en 2015 après une rencontre avec les Jeunes Commissaires à DAZ) qui a eu lieu au Frac en 2021. Le spectacle, conçu sur le principe d’un jeu vidéo ou d’un livre dont vous êtes le héros, ouvre un espace réflexif autant que physique d’individuation à travers une série d’œuvres sonores et textuelles questionnant notre obsolescence programmée. Hanne Lippard (1984, Royaume-Uni, vit et travaille à Berlin) utilise sa voix comme matériau dans des installations, des textes ou des pièces sonores traitant des usages sociaux et de la prédominance de la voix féminine. L’exposition reflète son travail avec le métavers dans lequel nous naviguons, offrant un espace de libre expression comme alternative au patriarcat numérique.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste et du Frac Lorraine, photos : Fred Dott.
‘Wax Figures’, une exposition personnelle de Delphine Balley qui a eu lieu au MAC Lyon en 2021. J’ai été invitée comme curatrice associée en 2019 par Matthieu Lelièvre avec une artiste que je ne connaissais pas auparavant . Les deux années de covid sont devenues l’occasion d’élaborer un projet situé avec l’artiste dont c’était la première exposition personnelle institutionnelle. L’exposition a été conçue comme une mise en scène de notre propre impermanence. L’ensemble du parcours, composé de vidéos, de photographies et pour la première fois de sculptures, était activé par les visiteurs et leur déplacement dans la structure du musée qui devenait un théâtre temporel – salles, couloirs et rideaux rapportés.
Courtesy de l’artiste et MAC Lyon, photos : Blaise Adilon
Céline Poulin
Comment votre participation à Jeunes Commissaires a-t-elle influé sur votre activité actuelle?
C’est amusant car j’ai rencontré Agnès Violeau – avec qui je suis maintenant co-commissaire d’une exposition au CAC Brétigny – il y a 7 ans avec JC, et nous avons réalisé ce merveilleux projet « A SPACE IS A SPACE IS A SPACE » avec J-P. Flavien. Quand j’ai rouvert le CAC Brétigny en 2016, Flavien et moi avons imaginé une nouvelle version de cette connexion entre l’espace d’exposition et l’espace d’internet pour faire suite à la question du flou entre espace privé et espace public (JUMP). Agnès faisait partie de nos invités bien sûr !
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Actuellement, je présente « The Real Show » au CAC Brétigny, où j’assure le poste de directrice depuis 2016. Agnès Violeau et moi codirigeons ce spectacle qui creuse et expose les mécanismes ascendants et descendants de la popularité et de ses représentations. Ce concept « copyleft » exploré à travers plusieurs opus, « The Real Show » sera présenté dans différents lieux à travers le monde. La première manifestation à Brétigny est l’épisode pilote d’une succession d’événements qui reprendront le modèle des séries télévisées ou des films, avec spin-off, prequel, reboot ou sidequel.
Quels sont vos projets à venir ?
Je veux aller plus loin dans ma recherche pratique en cours à la croisée de l’art contemporain et de l’éducation populaire, très liée aux travaux et recherches de Marie Preston. Je mène des projets au CAC Brétigny, comme ELGER avec de jeunes et brillants artistes (Juliette Beau Denès, Laura Burucoa, Morgane Brien-Hamdane, Pauline Lecerf, Vinciane Mandrin, Zoé Philibert, co-commissionné avec Fanny Lallart), et Ǝcole, un espace de discussion et d’expérimentation sur les pratiques et les savoirs en arts visuels, co-construit avec certains usagers du CAC.
Photo atelier été culturel Vinciane Mandrin Marolles en Hurepoix accueil de loisirs 19-07-21
Atelier avec Pauline Lecerf, à l’Ecole André Malraux à Villiers-sur-Orge.«ELGER», CAC Brétigny, 2021. Photo: © Louise Ledour.
Vues de l’exposition «JUMP», Commissaire: Céline Poulin. CAC Brétigny, 2016. Photo: © Aurélien Mole.
Vues de l’exposition «JUMP», CAC Brétigny, 2016. Capture d’écran du site cacbretigny.com
Inventer l’école, penser la co-création, Marie Preston, dir. Céline Poulin et Marie Preston. Editions Tombolo Presse et CAC Brétigny, 2021. Photo: Aurélien Mole
Hanne Lippard, Anonymities, 2017. Courtesy de l’artiste et de LambdaLambdaLambda Prishtina—Bruxelles. Vue de l’exposition «The Real Show». Commissaires: Agnès Violeau et Céline Poulin, assistées d’Ariane Guyon. CAC Brétigny, 2022. Photo: Aurélien Mole.
Vue de l’exposition «The Real Show». Commissaires: Agnès Violeau et Céline Poulin, assistées d’Ariane Guyon. CAC Brétigny, 2022. Photo: Aurélien Mole.
Vue de l’exposition «The Real Show». Commissaires: Agnès Violeau et Céline Poulin, assistées d’Ariane Guyon. CAC Brétigny, 2022. Photo: Aurélien Mole.
Vue de l’exposition «The Real Show». Commissaires: Agnès Violeau et Céline Poulin, assistées d’Ariane Guyon. CAC Brétigny, 2022. Photo: Aurélien Mole.
Karima Boudou
© Katrina Sorrentino
Comment votre participation à Jeunes Commissaires a-t-elle alimenté votre activité actuelle ?
Cette participation en 2015 m’a permis de poursuivre un travail de long terme, commencé en 2012 et auquel l’Institut français de Paris avait contribué en me permettant de prendre part au programme international de commissariat d’exposition à De Appel à Amsterdam. Cela m’a permis de rester active dans un réseau professionnel international, me fournissant ainsi un important ensemble d’outils. Depuis, je suis parvenue à garder plusieurs cordes à mon arc : aujourd’hui, je travaille comme collaboratrice scientifique à la Haute école des arts de Berne (HKB), comme historienne de l’art et comme commissaire d’exposition indépendante.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Dans le cadre de mon emploi à la Haute école des arts de Berne (HKB), je travaille au sein de l’Institut Pratiques et théories des arts (unité de recherche « Cultures auditives ») sur un projet de recherche à long terme intitulé « Esthétique collaborative dans l’art sonore mondial « . En parallèle, je vais bientôt commencer à écrire un nouvel essai pour Trigger, le magazine de FOMU – Fotomuseum Antwerpen. Il traitera de mon travail sur la vie et les archives de l’homme politique et panafricaniste Mehdi Ben Barka, en croisant à la fois les archives familiales et mon travail dans les archives photographiques de la Bancroft Library (UC Berkeley, Californie). Le mois prochain, je me rends à Francfort pour donner un séminaire à la Städelschule intitulé « Jazz is my religion, and Surrealism is my point » sur le surréaliste afro-américain Ted Joans ! Je fais également partie d’une équipe internationale de curateurs pour le projet The Color Curtain and The Promise of Bandung qui prendra la forme d’une exposition au Berkeley Art Museum, à la Pacific Film Archive (États-Unis) et au Gropius Bau à Berlin.
Quels sont vosprincipaux objectifs pour les années à venir ?
Mon premier objectif est d’approfondir et de maintenir mon travail de recherche avec mon équipe à Berne au sein de l’université jusqu’en septembre 2025. Mon deuxième objectif est de finalement faire la transition vers l’institution et de trouver le contexte et les circonstances pour travailler comme curatrice dans un musée dans les domaines de l’art moderne et contemporain. Pour moi, travailler à la fois dans une université et dans un musée serait un scénario idéal qui combine la théorie, la recherche, le contexte social avec la collectivité, l’histoire de l’art et la pratique des expositions. Mon troisième objectif à très court terme est d’établir dans ma nouvelle maison à Schaerbeek mon bureau avec mes archives et ma bibliothèque privées. Je pense que mon avenir s’écrira ici en Belgique, avec des allers-retours à Berne.
1-54 FORUM Let’s Play Something Let’s Play Anything Let’s Play dedicated to Ted Joans (1928-2003) and curated by Karima Boudou, event Jazz Is My Religion, Surrealism is my point of view at Le 18, Marrakech, 2019. Ted Joans, an ongoing research line with multiple iterations 2019 – 2024. Photo courtesy Le 18 and 1-54 FORUM.
John Digby, Bill Wolak, Joyce Mansour and Ted Joans, with Arthur Rimbaud. Ted Joans, an ongoing research line with multiple iterations 2019 – 2024. Date and courtesy unknown.
1-54 FORUM Let’s Play Something Let’s Play Anything Let’s Play dedicated to Ted Joans (1928-2003) and curated by Karima Boudou, event Jazz Is My Religion, Surrealism is my point of view at Le 18, Marrakech, 2019. Ted Joans, an ongoing research line with multiple iterations 2019 – 2024. Photo courtesy Le 18 and 1-54 FORUM.
Dutch newspaper clipping on Ted Joans, from the archive of Laurens Vancrevel. Ted Joans, an ongoing research line with multiple iterations 2019 – 2024. Photo courtesy Laurens Vancrevel.
1-54 FORUM Let’s Play Something Let’s Play Anything Let’s Play dedicated to Ted Joans (1928-2003) and curated by Karima Boudou, event Keepin’ Words Surreal: here with Boniface Mongo-Mboussa drawing on the life and work of Congolese poet Tchicaya U Tam’si (1931-1988) and his involvement with surrealism; and M’barek Bouhchichi giving insights into his work and research around M’barek Ben Zida (1925-1973), a black Amazigh poet from Tata, south-eastern Morocco. Ted Joans, an ongoing research line with multiple iterations 2019 – 2024. Photo © Katrina Sorrentino.
Ted Joans performing at « Vingården »in Copenhagen. Ted Joans, an ongoing research line with multiple iterations 2019 – 2024. Photo courtesy of Tor Jones.
The Institut Mehdi Ben Barka – Mémoire Vivante and the SNES – at a gathering in the memory of Ben Barka, 56 years after the kidnapping and abduction of the Moroccan Third World leader. Friday, October 29, 2021 at 6:00 pm Boulevard Saint-Germain in front of the Brasserie LIPP. Mehdi Ben Barka (1920-1965), an ongoing research line with multiple iterations 2020 – 2024. Photo by Karima Boudou.
Conducting research on Mehdi Ben Barka in the archives of the International Institute for Social History (IISH), February 2020 in Amsterdam. Mehdi Ben Barka (1920-1965), an ongoing research line with multiple iterations 2020 – 2024. Photo by Karima Boudou.
Event BOOKS with Karima Boudou at Witte de With Center for Contemporary Art, October 2020, Rotterdam. In this BOOKS program, art historian and curator Karima Boudou opens up her research into the remarkable life and archive of Mehdi Ben Barka. Mehdi Ben Barka (1920-1965), an ongoing research line with multiple iterations 2020 – 2024.
Books by Mehdi Ben Barka from the private archive of Karima Boudou. Mehdi Ben Barka (1920-1965), an ongoing research line with multiple iterations 2020 – 2024.Photo Karima Boudou.
Event BOOKS with Karima Boudou at Witte de With Center for Contemporary Art, October 2020, Rotterdam. In this BOOKS program, art historian and curator Karima Boudou opens up her research into the remarkable life and archive of Mehdi Ben Barka. Mehdi Ben Barka (1920-1965), an ongoing research line with multiple iterations 2020 – 2024. Photo Karima Boudou.
Development of the research line in the office in Schaerbeek – with material from the private archive of Karima Boudou. Mehdi Ben Barka (1920-1965), an ongoing research line with multiple iterations 2020 – 2024. Photo Karima Boudou.
Announcement for a conference, in the frame of the project The Color Curtain and The Promise of Bandung, Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive and Städelschule, organized by Philippe Pirotte, 21 October 2021. Image courtesy Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive and Städelschule.
Fragment of a press article on Mehdi Ben Barka, “Morocco – The Challenger”, published in Time Magazine, September 1959. Photo courtesy the Ben Barka Family Archive.
Tristan Deschamps
Quoi de neuf depuis Jeunes Commissaires ?
Depuis que j’ai participé au programme Jeunes Commissaires, j’ai eu la chance de travailler sur différents projets d’exposition, seul, mais aussi avec le project space que je co-dirige avec Cristina Ramos et Flavio Degen, +DEDE. Et surtout de développer davantage mon émission de radio « The Eggman Gallery Radio Hour », que j’ai créée en 2020 avec mon ami Sebastian Fuller. Je suis très heureux que nous ayons maintenant une diffusion bimensuelle sur Cashmere Community Radio à Berlin.
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je viens de rentrer à Berlin de Bangkok où je travaillais sur mon exposition « stricte intimité » qui a été inaugurée à la Biennale de Bangkok le 26 février. C’est un beau projet, une exposition de groupe avec 9 artistes, qui a été retardée ces deux dernières années à cause de la pandémie, je suis très reconnaissant qu’elle ait finalement pu avoir lieu. Ce projet a été, et est toujours, un grand sujet de préoccupation pour moi, car je m’efforce de construire une relation durable entre ma pratique et la scène de l’Asie du Sud-Est.
Quel est ton projet de rêve ?
Pouvoir co-curater une exposition avec des personnes de différents domaines d’expertise et avec des artistes et autres professionnels extérieurs à l’art contemporain, et surtout avoir suffisamment de temps pour la préparer. En raison de mes autres activités et surtout de mon travail alimentaire, il est souvent difficile d’allouer tout le temps nécessaire à la planification idéale d’une exposition.
Stricte intimité, exposition curatée par Tristan Deschamps, Biennale de Bangkok 2022. Crédits photos: @beebaa
Diane Turquety
Quoi de neuf depuis Jeunes commissaires ?
J’ai collaboré à Sismographie des luttes. L’exposition a circulé à Dakar, Rabat, New York et Marseille. Elle offre un récit, depuis les revues non-européennes, des luttes d’émancipation menées aux 19e et 20e siècles. J’ai aussi été lauréate avec Victorine Grataloup de l’appel à projet curatorial de Mécènes du Sud, Montpellier-Sète. Aube immédiate, vents tièdes, a réuni 12 artistes contemporains autour du post-exotisme, oeuvre littéraire d’Antoine Volodine – une manière encore, d’affirmer les possibles de la fiction au coeur du politique.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment?
Je conduis actuellement le projet “Partage d’archives du 1er festival culturel de Dakar 1966”. Ce projet est porté dans le cadre du programme de recherche interdisciplinaire du Labex “Les passés dans le present”. Il fédère partenaires africains et européens pour rendre accessibles les archives papiers, radio et cinema de cet événement essentiel de l’histoire du panafricanisme. Des outils numériques en ligne sont développés et des manifestations scientifiques et culturelles sont menées à Paris et à Dakar.
Quels sont vos projets à venir?
La Biennale de Dakar ouvre le 19 mai et pour ma part, du 25 au 27 mai, je serai avec l’ensemble des partenaires du projet “Partage d’archives” à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Au programme : journée d’études, séminaire interdisciplinaire, cycle de projections en lien avec la programmation de films panafricains “Tigritudes” (prog. Valérie Osouf et Dyana Gaye) et une exposition d’archives photos à la Bibliothèque de l’UCAD pour la Biennale OFF.
Sismographie des luttes, FID / La compagnie, Marseille, photo Sébastien Arrighi
Aube immédiate, vents tièdes. Dimitri Robert-Rimsky, photo Elise Ortiou Campion
Aube immédiate, vents tièdes. Dimitri Robert-Rimsky, photo Elise Ortiou Campion
Festival de Dakar 1966, photo Maya Bracher, musée d’ethnographie de Neuchâtel
Affiche de l’événement Replay ! Dakar 66, septembre 2021, musée du quai Branly – Jacques Chirac
Biennale OFF Dakar 2022
Tigritudes
Marianne Derrien
Pouvez-vous nous parler de votre expérience Jeunes Commissaires?
C’était en 2019 pour l’exposition collective SOME OF US, j’ai été commissaire associée aux côtés de Jérôme Cotinet-Alphaize, commissaire invité. Dans la continuité de certains de mes projets, j’avais ce désir de contribuer à un projet conséquent dédiée à la scène française et à sa diffusion à l’international, notamment en Allemagne de par ma double culture franco-allemande. Faire ce panorama de la scène française à travers plus d’une centaine d’artistes contemporaines a été et reste un engagement fort pour plus d’égalité de genre en art contemporain.
Quoi de neuf depuis Jeunes Commissaires?
Depuis l’exposition en Allemagne, SOME OF US est devenue une plateforme curatoriale et éditoriale que nous avons fait évoluer avec Jérôme Cotinet-Alphaize et d’autres commissaires et critiques d’art pour oeuvrer à la visibilité et la diffusion des artistes contemporaines en France et à l’international. Pour ce faire, nous travaillons activement à la parution d’une anthologie dédiée aux artistes contemporaines qui retrace 20 ans d’art contemporain en France. Aussi, depuis 2020, j’ai commencé une résidence curatoriale et de recherche au Wonder à Clichy, lieu autogéré par des artistes.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir?
En tant que travailleuse indépendante, enseignante et responsable associative, SOME OF US participe à un projet plus global pour plus de droits et d’égalité. Ayant une vision inclusive de la création contemporaine tant dans sa diversité que sa pluralité, mon désir est de créer et de partager des outils de travail et de réflexion sur l’art contemporain. Ce soutien majeur à la création émergente en France et à l’international est important selon moi afin de porter des projets plus ouverts, solidaires et ancrés dans notre temps avec d’autres commissaires pour être toujours au plus près des artistes.
SOME OF US, an overview on the French art scene, NordArt Kunstwerk Carlshütte, 2019. Crédit photo : Salim Santa Lucia
Diamants rouillés, une exposition sentimentale, avec Tania Gheerbrant, Youri Johnson, Roy Köhnke, Diego Wery, Le Point Commun, Annecy, 2021, crédit photo : Salim Santa Lucia
Transit, Delphine Reist et Laurent Faulon, Le Wonder, 2021, texte pour l’exposition en collaboration avec le graphiste Cédric Pierre, crédit photo : Salim Santa Lucia
François Dufeil, catalogue monographique, La Graineterie, graphisme : Cédric Pierre, 2022, crédit photo : Cédric Pierre
SOME OF US, graphisme : Huz & Bosshard, 2021
Aëla Maï Cabel, 27ème édition Première, 2021,, Centre d’art contemporain Meymac, 2021-2022, crédit photo : Aurélien Mole
Lilas Rozé, 27ème édition Première, 2021, Centre d’art contemporain Meymac, 2021-2022, crédit photo : Aurélien Mole
Théophile Péris, 27ème édition Première, 2021, Centre d’art contemporain Meymac, 2021-2022, crédit photo : Aurélien Mole
Sophie Lapalu
Doutes, Embed 2019
En quoi votre expérience Jeunes Commissaires a-t-elle nourri votre pratique d’aujourd’hui?
Suite au workshop mené par La Biennale de Berlin, j’ai collaboré avec diverses personnes rencontrées à cette occasion : Dan Meththananda m’a invitée à contribuer à son ouvrage Night Shifter, ou bien j’ai invité Rachel Dedman pour un dossier sur la scène de Beyrouth pour la Belle Revue (je fais partie du comité de rédaction).
Sur quoi travaillez-vous en ce moment?
Je mène une recherche à l’intersection des féminismes intersectionnels et de la recherche-action, plus particulièrement autour de la performance comme espace d’expression de voix minoritaires, dans des espaces non dédiés. Je m’intéresser aux tactiques frivoles, aux types de détournements et de résistances destinées à s’octroyer des espaces et prendre la parole. Je publie des entretiens à ce sujet sur *DUUU Radio.
Quels sont vos projets à venir?
Depuis 2019, avec l’artiste Fabrice Gallis nous portons un projet un peu fou, qui consiste à embarquer des œuvres à bord d’un voilier de 7,6m. Les artistes définissent les modes d’activation et d’existence des œuvres en fonction des possibilités offertes par un tel contexte. Cet été, nous allons naviguer de Cherbourg à Marseille avec cette fois les artistes elleux-mêmes à bord ! Je travaille également à l’édition d’une compilation des invitations faites à l’ESACM autour des enjeux du féminisme intersectionnel dans le champ culturel.
Valentine Traverse, activation de Peinture / Partition, Douarnenez, 21 août 2021
Repas-débat art et recherche-action, Greylight Project, Bruxelles, 2019
Fabrice Gallis et Sophie Lapalu, Embed, around press, 2021
Flora Moscovici, Festival de l’inattention, Glassbox, Paris, 2016
Ghita Skali, Hotel Cosmos, Clermont Ferrand, 2018
Liv Schulman, Hotel Cosmos, Clermont-Ferrand, 2018 @Mickael Collet
Rachele Borghi, invitation au sein du workshop Art et recherche-action, Fructôse, Dunkerque, 2019
Simon Bergala, Veste de mer, Port Blanc, 9 août 2021
Steve Giasson, Festival de l’inattention, Quebec, 2018 @cfo
Sophie Lapalu, Street Works, New York, 1969, Presses Universitaires de Vincennes, 2020
Tim Messailler, Festival de l’inattention, Quebec, 2018
Jade Barget — Notes d’observations sur le mouvement de la chair, des états et du soleil
Jade Barget est une jeune conservatrice sélectionnée en 2020 pour la bourse de voyage et de recherche en Allemagne. Elle nous fait part de ses explorations lors de son séjour à Berlin et Francfort sur le Main dans un essai intitulé « Notes d’observations sur le mouvement de la chair, des états et du soleil » (2020).
Ouverture
Berlin est une ville qui danse des premières heures de la nuit, aux dernières lueurs du jour, une ville dans laquelle le soir s’étire et s’allonge. Le mouvement des corps entre alors en relation avec le temps – il l’altère, le sculpte.
C’est dans cette capitale aux nuits sans fin que je souhaitais étudier le rôle de la danse et de la chorégraphie au sein des pratiques artistiques et curatoriales actuelles, et réfléchir au potentiel de penser à travers la danse. La bourse de recherche Jeunes Commissaires du Bureau des arts plastiques de l’Institut Français m’a permis de m’engager dans cette étude.
Ce projet est né de ma fascination pour l’image en mouvement, de ses forces et de ses limites. En effet, si les images opèrent sur notre sensible, cette opérativité connaît également une limite, comme nous le rappelle Jacques Rancière. Andrea Soto Calderón, commentant le travail du philosophe, note : « Les images se situent toujours entre un excès et un défaut : il y a toujours un peu plus que ce que l’on voudrait mettre dans une image et toujours un peu moins. » Mes recherches m’ont amenée à étudier le travail d’un certain nombre d’artistes qui, à travers une approche corporelle, s’émancipent de l’image, se défont de ses logiques de représentation. À la lisière du visible, à travers la danse et la chorégraphie, ils·elles sculptent le sensible, l’affect, ou encore les états psychiques.
Liberty Adrien : Berlin Art Week 2020
Recommandations pour la Berlin Art Week 2020 de Liberty Adrien, commissaire d’exposition basée à Berlin et Paris.

Photo : Nils Müller
Une nouvelle semaine de l’art à Berlin dans un climat particulier. À la lumière des études et des témoignages rendus publics ces derniers mois, nul ne peut douter de la discrimination structurelle de genre et ethnique qui persiste dans le monde de l’art. En tant que visiteurs, nous avons là une responsabilité sociale dont nous devons être conscients. Nos silences ou nos prises de positions critiques face aux inégalités de représentation influencent les approches curatoriales des institutions, des galeries, etc. Il nous faut remettre en question et analyser les offres qui nous sont proposées – conditionnant notre éducation et notre compréhension du monde – et démontrer notre soutien en faveur d’une véritable égalité et diversité culturelle. En savoir plus
POINT DE VUE
Le jeune commissaire Tristan Deschamps (*1992 à Beuvry) s’associe au Bureau des arts plastiques pour le développement d’une série de vidéos sur la scène artistique française à Berlin et partagera les aperçus de son travail avant le lancement officiel de la série cet automne.
24.08.2020 : Claude Eigan

© Tristan Deschamps
Lundi 24 août, aujourd’hui nous avons filmé notre dernière rencontre pour « Point de vue », dans un atelier qui m’est familier, celui de Claude Eigan. Situé non loin de celui de Daniela Macé-Rossiter, dans le quartier de Wedding, au bord de la Seestraße. Un beau moment de partage de projets à venir, deux expositions solo et une biennial à Athènes en 2021. Filmer de beaux échanges va nous manquer…! En savoir plus
MONTPELLIER / NIMES / SETE / SERIGNAN / ARLES: Carnet d’impressions d’Anna Schneider
Anna Schneider, conservatrice de la Haus der Kunst de Munich, revient sur ses impressions du Programme d’art visuels FOCUS dans le sud de la France, un voyage de découverte de la scène artistique locale organisé par l’Institut français.

Photo: Frank Bauer, 2016
Nikola Dietrich partage ses impressions sur Paris avec nous
Nikola Dietrich, directrice du Kölnischer Kunstverein, ainsi que 14 autres conservateurs internationaux, ont été invités à participer au programme FOCUS et à visiter la FIAC. Elle a profité de son séjour pour nous donner ses impressions sur la capitale française.

(c) Nikola Dietrich
Lucile Bouvard : Berlin Art Week 2018
Recommandations pour la Berlin Art Week 2018 de Lucile Bouvard, commissaire d’exposition indépendante à Berlin

photo : Katharina Kritzler, Berlin
Les moments forts de la scène artistique française par Chris Fitzpatrick
Le directeur du Kunstverein de Munich, Chris Fitzpatrick, partage avec nous ses impressions sur le programme FOCUS ARTS VISUELS 1 de l’Institut français :

Chris Fitzpatrick, portrait, courtesy Kunstverein München e.V., photo : Margarita Platis
Expositions recommandées : Gallery Weekend Berlinois 2018
Recommandations de Judith Lavagna, commissaire d’exposition indépendante à Berlin

(c) Agora Collective
Les expos à ne pas rater à Paris en automne/hiver
Stephanie Weber, commissaire d’exposition au Lenbachhaus de Munich, a participé au programme FOCUS ARTS VISUELS de l’Institut français pour des curateurs internationaux pendant lequel elle a visité notamment la FIAC 2017 et la Biennale d’art contemporain de Lyon. Voici ses recommandations.

© Städtische Galerie im Lenbachhaus et Kunstbau München
Diane Turquety @documenta 14
La commissaire Diane Turquety en dialogue avec Nina d’Hostel sur son travail à la documenta 14 dans le cadre du programme Jeunes Commissaires

Diane Turquety au travail
Diane Turquety était invitée à la documenta 14 dans le cadre de la mise en œuvre de marco 14 et CIAM4 / Naufrage avec spectateur, soit une double exposition et un séminaire / tournage reliant Athènes et Cassel.
Berlin Art Week du 13 au 17 septembre 2017
Les recommandations de Valérie Chartrain, commissaire d’exposition indépendante à Berlin

Nadira Husain, Milky Way, 2017, courtesy l’artiste et PSM Gallery, Berlin
J’avoue me réjouir du retour annuel de la Berlin Art Week qui entre dans sa sixième année. Il y a peu d’autres capitales européennes qui consacrent autant d’efforts aux différentes disciplines artistiques que ce soit la danse, la musique, le théâtre, etc. La Berlin Art Week c’est une ville au rythme de l’art contemporain une semaine durant. Cette année une nouvelle foire, outre Positions, la traditionnelle ABC fera place à Art Berlin. C’est la ville qui m’attire encore plus.
5 expositions et lieux à (re)décourvir cet été à Paris
Les recommandations de Lynhan Balatbat, curatrice à SAVVY Contemporary Berlin
Rappelons, pour commencer, que six jours ne sauraient permettre de découvrir la diversité et la richesse des milieux culturels et artistiques d’une ville telle que Paris. Aussi, parmi les projets fascinants présentés dans le cadre de la semaine du FOCUS arts visuels de l’Institut français (invitation de curators internationaux), j’ai choisi de vous présenter ceux que j’ai, à titre personnel, préférés :
5 Highlights du Mois de la Photographie du Grand Paris
Les recommandations de Barbara Hofmann-Johnson, directrice du musée de la photographie de Braunschweig
Il aurait fallu y passer tout le mois d’avril 2017 pour pouvoir voir l’ensemble de la programmation du Mois de la Photographie du Grand Paris, qui, pour la première fois, ne se tient pas uniquement dans le centre mais aussi aux alentours proches de la capitale. Sous la direction artistique de François Hébel, directeur de longue date des rencontres européennes de la photographie d’Arles, la programmation réussit le tour de force de proposer un programme axé sur la photographie et associant une multitude de musées, galeries, instituts culturels, mais aussi d’artistes et de commissaires dans tout Paris et sa banlieue.
Les recommandations de Thibaut de Ruyter pour le Gallery Weekend berlinois 2017
Le « Gallery Weekend » de Berlin est devenu, au fil des dix dernières années, une belle institution et une intéressante alternative aux traditionnelles foires d’art contemporain. La capitale allemande n’ayant pas réellement réussi à trouver sa place dans le paysage des grandes foires internationales, le fait qu’une cinquantaine de galeries s’unissent pour — le temps d’un week-end (28-30 avril) —, vernir leurs expositions et célébrer ensemble la richesse artistique de la ville est une belle alternative.
In Extenso – Erweitert : A Space is A Space is A Space – Groupe de Lecture
Groupe de lecture avec Joanne Pouzenc : L’architecte débate sur des mouvements révolutionaires oubliés et les compare à des nouvelles communautées (de vie) / colocations sur la Spree.
In Extenso – Erweitert : A Space is A Space is A Space Bande-annonce Groupe de lecture avec Joanne Pouzenc
Bande-annonce du groupe de lecture avec Jeanne Pouzenc: L’architecte débat sur des mouvements révolutionaires oubliés et les compare à des nouvelles communautés (de vie) / colocations sur la Spree.
A SPACE IS A SPACE IS A SPACE – Vernissage / trailer
A SPACE IS A SPACE IS A SPACE – Performance « Public Apology » de Dennis Rudolph
L’artiste Dennis Rudolph a présenté des excuses publiques, qui ont été diffusées en direct dans l’espace d’exposition le 24 septembre au Deutsches Architektur Zentrum DAZ.
En savoir plus
A Space is A Space is A Space – Montage
Les commissaires de l’exposition A Space is A Space is A Space Agnès Violeau, Céline Poulin et Karima Boudou (de gauche à droite) au Deutsches Architektur Zentrum
IN EXTENSO – Boiler Room
Quelles pratiques curatoriales à l’ère du nomadisme et de la dématérialisation ?
à la Fondation d’entreprise Ricard
lundi 13 avril 2015 de 14h30 à 18h – entrée libre
La Fondation d’entreprise Ricard accueille In Extenso, programme interdisciplinaire in progress mené par le Bureau des arts plastiques et de l’architecture et le Deutsches Architektur Zentrum (DAZ) à Berlin. Curatrices constructrices du projet, Agnès Violeau, Karima Boudou et Céline Poulin y sondent les pratiques curatoriales actuelles avec les intervenants invités et le public.
DIX SUGGESTIONS D’EXPOSITIONS À VOIR EN FRANCE EN 2015 PAR MEHDI BRIT
Mehdi Brit est commissaire d’exposition et historien d’art, spécialiste de la performance et de ses formes contemporaines. Rédacteur en chef de la Revue Diapo, il est commissaire associé à la FIAC (cycle In Process), au Silencio (cycle A Rebours) et au Festival international d’art de Toulouse (L’Eveil du Printemps).
Il nous propose une sélection de dix expositions à ne pas manquer en 2015.
WORKSHOP : ESPACE PUBLIC
Workshop In Extenso – Erweitert : Espace Public, le 27 novembre 2014 au Deutsches Architektur Zentrum avec :
– Yildiz Aslandogan, architecte
– Fabien Bidaut, architecte
– Alicia Frankovich, artiste
– Judith Lavagna, commissaire d’exposition indépendante
– Aude Pariset, artiste
– Joanne Pouzenc, architecte
– Cailen Pybus, architecte
– Tanya Ostojic, artiste
– Vanessa Safavi, artiste
– Cathy Larqué, responsable du Bureau des arts plastiques
– Matthias Böttger, commissaire d’exposition du Deutsches Architektur Zentrum
Marc Bembekoff : entretien avec Renaud Auguste-Dormeuil

Collage: Renaud Auguste-Dormeuil, Sans Titre
Dans son travail artistique post-conceptuel, Renaud Auguste-Dormeuil sonde les paradoxes des images et déconstruit les stéréotypes véhiculés par les médias. Il remet sans cesse en question la production de l’image médiatique ainsi que son contenu politique subliminal. En savoir plus
Discussion In Extenso – Erweitert : Espace Public
TRAILER IN EXTENSO – ERWEITERT : Espace Public
In Extenso – Erweitert : Espace public
A l’occasion de la troisième discussion publique organisée dans le cadre du projet In Extenso – Erweitert, la curatrice Céline Poulin a invité l’artiste Jean-Pascal Flavien et l’architecte Markus Miessen à débattre sur le thème de l’espace public, autour de la Y-table du Deutsches Architektur Zentrum.
EXBERLINER – INTERVIEW AVEC CÉLINE POULIN
« Three questions for… Céline Poulin »
Dans un interview avec Exberliner, Céline Poulin parle de son travail de commissaire et du projet In Extenso – Erweitert.
STATEMENT IN EXTENSO – ERWEITERT : AGNÈS VIOLEAU
ARTE CREATIVE – INTERVIEW AVEC CÉLINE POULIN
« Je m’intéresse à l’art, celui qui perturbe »
Dans un interview avec Arte Creative, Céline Poulin parle de son travail de commissaire et du projet In Extenso – Erweitert.
Pour le troisième volet « Espace public », Céline Poulin invite l’architecte Markus Miessen et l’artiste Jean-Pascal Flavier autour de la Y-Table du DAZ. Ensemble, ils s’interrogeront sur les questions suivantes : Comment une œuvre, une architecture interagit-elle avec la multiplicité de voix qui construisent l’espace public ? Quel impact ce contexte a-t-il sur la relation qui unit l’artiste, l’architecte et le public, parfois participant ? Sur les acteurs eux-mêmes ?
In Extenso – Erweitert #3 : discussion publique le jeudi 27 novembre 2014 à 19h
Dans le cadre de « In Extenso – Erweitert », la curatrice Céline Poulin discutera, à la DAZ Y-Table, avec l’artiste Jean-Pascal Flavien et l’architecte Markus Miessen, dont les travaux respectifs, à la frontière de l’art et de l’architecture, interrogent la relation entre langage et constitution de l’espace. Comment une œuvre, une architecture interagit-elle avec la multiplicité de voix qui construisent l’espace public ? Quel impact ce contexte a-t-il sur la relation qui unit l’artiste, l’architecte et le public, parfois participant ? Sur les acteurs eux-mêmes ?
Direction artistique : Marc Bembekoff (curateur indépendant), Matthias Böttger (DAZ), Cathy Larqué (Bureau des arts plastiques, Institut français)
STATEMENT IN EXTENSO – ERWEITERT : LÉA GAUTHIER
Statement In Extenso – Erweitert : Christian Jankowski
Statement In Extenso – Erweitert : Karima Boudou
Statement In Extenso – Erweitert : Laurence Kimmel
Statement In Extenso – Erweitert : Jimmie Durham
Workshop : Contexte Social

David Hammons, Shoe Tree, 1981
Workshop In Extenso – Erweitert : Contexte Social, le 25 septembre 2014 au Deutsches Architektur Zentrum avec :
– Karima Boudou, commissaire d’exposition
– Jörg Stollmann, architecte et professeur
– Bani Abidi, artiste
– Cathy Larqué, responsable du Bureau des arts plastiques
– Matthias Böttger, commissaire d’exposition du Deutsches Architektur Zentrum
Huit suggestions pour la FIAC 2014 par Mouna Mekouar
La FIAC ouvre ses portes du 23 au 26 octobre 2014. Entre la réouverture du musée Picasso et l’inauguration de la fondation Louis Vuitton, cette semaine parisienne s’annonce riche en découvertes artistiques.
Mouna Mekouar est doctorante en histoire de l’art et curatrice au Palais de Tokyo entre 2012 et 2014. Elle vient de collaborer comme commissaire associée à l’exposition « Formes Simples » qui se tient au Centre Pompidou-Metz jusqu’en novembre 2014. Pour Jeunes Commissaires, Mouna Mekouar a fait huit suggestions des lieux incontournables pour la FIAC 2014
Dix suggestions d’expositions à voir pendant le Mois européen de la photographie par Sabine Weier
Au cours de la sixième édition du Mois européen de la photographie, l’Institut polonais de Berlin présente l’exposition « Stocznia/Shipyard » organisée par Sabine Weier, auteure et commissaire d’exposition indépendante. Au total, 130 photographies sont présentées du 16 octobre au 16 novembre 2014. Pour Jeunes Commissaires et le Mois de la photographie, Sabine Weier propose dix suggestions d’expositions à voir.
In Extenso – Erweitert sur lechassis.fr
Dédié à la jeune création d’art visuel, le Webzine lechassis.fr consacre un article au projet In Extenso-Erweitert. Interview de Cathy Larqué, responsable du Bureau des arts plastiques.
Pour lire l’article, cliquez ici
Discussion In Extenso – Erweitert : Contexte Social
Trailer In Extenso – Erweitert : Contexte Social
In Extenso – Erweitert : CONTEXTE SOCIAL
A l’occasion de la deuxième discussion publique organisée dans le cadre du projet In Extenso – Erweitert, la curatrice Karima Boudou a invité l’artiste Jimmie Durham et l’architecte Laurence Kimmel à débattre sur le thème du contexte social, autour de la Y-table du Deutsches Architektur Zentrum.
Arte Creative – Interview avec Karima Boudou
« Les jeunes commissaires d’exposition sont à l’honneur avec le programme In Extenso à Berlin »
Dans un interview avec ARTE Creative, Karima Boudou parle de son travail de commissaire et du projet In Extenso – Erweitert.

© Marlen Müller
Pour le second volet « Contexte social » Karima Boudou invite l’artiste, poète et essayiste Jimmie Durham et l’architecte Laurence Kimmel à la Y-Table du DAZ. Ensemble, ils interrogeront les processus sociaux et politiques qui définissent nos relations avec l’environnement, comment l’architecture et l’esthétique peuvent réagir et comment cela affecte l’idée de nous-même ?
Dix suggestions d’expositions à voir pendant la Berlin Art Week par Nele Heinevetter
Nele Heinevetter, co-fondatrice de Niche, art & architecture tours Berlin nous recommande dix expositions et évènements à voir pendant la Berlin Art Week (16-21 septembre 2014).
Young Curators Workshop – 8ème Berlin Biennale
La Berlin Biennale for contemporary art a invité des commissaires d’exposition internationaux et émergents à participer à la cinquième édition du workshop destiné à de jeunes curateurs, dans le but d’échanger et de confronter leurs points de vue quant aux discours et aux pratiques curatoriaux.
Sous la conduite de María Inés Rodríguez qui a centré le workshop sur The Exhibition: Metamorphosis of a Concept – hypothèse selon laquelle les expositions universelles à la fin du 19ème siècle auraient établi l’exposition comme entité autonome -, treize commissaires provenant de onze pays différents ont ainsi durant dix jours dialogué avec les curateurs et des experts issus de disciplines artistiques diverses.
Jeunes Commissaires a travaillé en collaboration avec la Berlin Biennale pour permettre à deux commissaires d’exposition françaises : Mélanie Mermod et Barbara Sirieix de participer au BB8 Young Curators Workshop.
In Extenso – Erweitert : Performance
Le permier volet du projet In Extenso – Erweitert s’est déroulé le 22 mai 2014. La commissaire d’exposition Agnès Violeau s’est penchée sur le thème de la performance, en dialogue avec la critique et philosophe Léa Gauthier et l’artiste Christian Jankowski.

Entretien avec Agnès Violeau
Le coup d’envoi du projet « In Extenso – Erweitert » sera donné aujourd’hui, lors d’une discussion autour de la Y-table du Deutsches Architektur Zentrum à laquelle la curatrice Agnès Violeau a invité la philosophe Léa Gauthier et l’artiste Christian Jankowski. Ensemble, ils aborderont le thème de la performance. En vue de cette rencontre, nous nous sommes entretenus avec Agnès Violeau au sujet de sa conception de la performance et du métier de commissaire d’exposition, entre autres questions captivantes.
CINQ SUGGESTIONS D’EXPOSITIONS À VOIR PENDANT ART COLOGNE PAR REGINA BARUNKE
Regina Barunke est directrice et commissaire d’exposition à la Temporary Gallery, un centre d’art contemporain et chef de projet au sein de l’initiative Die Kunstproduzenten à Cologne.
A l’occasion d’Art Cologne 2014, elle nous recommande des expositions à visiter.
PERFORMER, ARTISAN, NARRATOR
Karima Boudou, participante au workshop Jeunes Commissaires du Bureau des arts plastiques en septembre 2013, est la curatrice de l’exposition Performer Artisan Narrator, projet parallèle de la 5. Biennale de Marrakech qui ouvre ses portes aujourd’hui. En savoir plus
Dix suggestions d’expositions à voir en 2014 par Caroline Soyez-Petithomme
Commissaire d’exposition indépendante et critique d’art, Caroline Soyez-Petithomme est directrice de La Salle de bains, à Lyon.
Elle nous propose une riche sélection d’expositions à ne pas manquer en 2014.
Dix suggestions d’expositions à voir en 2014 par Julienne Lorz et Anna Schneider
Julienne Lorz et Anna Schneider collaborent actuellement dans le cadre de la préparation d’une nouvelle forme d’expositions à la Haus der Kunst : les Capsule Exhibitions. Celles-ci seront inaugurées en octobre 2014 à la Haus der Kunst, avec la présentation condensée d’œuvres de Tilo Schulz et Mohamed Bourouissa. Les Capsule Exhibitions proposeront des œuvres nouvelles représentant des positions jeunes et internationales.
Elles nous font le plaisir de partager avec nous les expositions à ne pas manquer en 2014.

Interview avec Marlène Perronet
Tu as passé un an à l’Akademie Schloss Solitude à Stuttgart dans le cadre d’une résidence « Art-coordination », soutenue par le programme Jeunes Commissaires de l’Institut français. Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ?
L’apport principal de cette bourse de coordination a été de travailler entre les résidents et les membres de l’équipe de l’Akademie Schloss Solitude, auprès desquels j’ai beaucoup appris en termes de management de projets internationaux.
Dix Suggestions pour Paris pendant la Fiac par Anissa Touati et Maud Lourau
A Paris, la Fiac ouvre ses portes du 23 au 27 octobre 2013. Expositions, musées, galeries, centres d’art et de nombreux autres lieux sont à voir ou à découvrir.
Les dix plus belles suggestions de trois commissaires d’exposition parisiens, 2ème partie: Maud Lourau et Anissa Touati. En savoir plus
Fiac 23 – 27.10.2013, PARIS
A Paris, la Fiac ouvre ses portes du 23 au 27 octobre 2013. Expositions, musées, galeries, centres d’art et de nombreux autres lieux sont à voir ou à découvrir. Trois commissaires parisiens listent leurs dix plus belles suggestions: Maud Lourau + Anissa Touati et Marc Bembekoff.
Dix Suggestions pour Paris pendant la Fiac par Marc Bembekoff
A Paris, la Fiac ouvre ses portes du 23 au 27 octobre 2013. Expositions, musées, galeries, centres d’art et de nombreux autres lieux sont à voir ou à découvrir. Trois commissaires parisiens listent leurs dix plus belles suggestions. Aujourd’hui les propositions de Marc Bembekoff, commissaire d’exposition indépendant. En savoir plus

Dans l’atelier de Gerold Miller
Depuis la deuxième moitié des années 1980, Gerold Miller (né en 1961 à Althausen) étudie le seuil où l’espace se change en surface, où la figuration devient abstraction. En savoir plus

Interview avec Jeanne Dreyfus-Daboussy
Quelles sont vos attentes du workshop « Jeunes Commissaires » de cette semaine?
Pour moi ce sont des rencontres. J’en profite pour découvrir la scène artistique berlinoise et me nourrir de son dynamisme, partager une réflexion ouverte sur les questions de l’exposition.
En savoir plus

Rencontre avec Joachim Jäger, Directeur de la Neue Nationalgalerie
Les commissaires ont rencontré Joachim Jäger (né en 1963 à Munich) à la Neuen Nationalgalerie pour une visite privée de l’exposition « BubeDameKönigAss ». L’historien de l’art, il travaille depuis plus de dix ans pour les Musées de la Ville de Berlin, et dirige la Neue Nationalgalerie depuis 2011. En savoir plus
Preis der Nationalgalerie für junge Kunst
Interview avec Shanaynay
The Institut français / Bureau des Arts plastiques, partner of this year’s abc art berlin contemporary, enables the participation of French project spaces in the context of JEUNES COMMISSAIRES. Invited by abc director, Maike Cruse, the collective Shanaynay will curate a program spanning 15 project spaces, including the French Treize and Bétonsalon at UPCOMING EXHIBITIONS – a temporary format, which will reflect on its own terms of exhibiting, to be presented at abc. Read the interview with them by Cathy Larqué:
En savoir plus

Visite de l’abc art berlin contemporary

Interview avec Anaëlle Pirat-Taluy
Comment votre formation d’artiste a-t-elle influencé votre trajectoire?
Durant mon DNAP je n’ai quasiment pas produit d’œuvres. Mon diplôme a consisté en une conférence avec des documents sur des travaux jamais réalisés. Je me suis présentée en tant que critique d’art et ai parlé de mon travail d’artiste comme si c’était celui de quelqu’un d’autre. En savoir plus

Rencontre avec Lisa Marei Schmidt, Commissaire de la Hamburger Bahnhof
Après avoir travaillé à la collection K21 Nordrhein-Westfalen à Düsseldorf, ainsi qu’au musée Folkwang à Essen, la commissaire Lisa Marei Schmidt inaugure avec « Body Pressure » sa première grande exposition au Hamburger Bahnhof: En savoir plus

Interview avec Karima Boudou
A quel moment de votre parcours le concept de « conservation » est-il apparu?
J’ai fait des études traditionnelles d’histoire de l’art. C’est à Rennes, durant mon master en conservation que tout ce vocabulaire est apparu, donc dans un cadre très académique.

Entretien avec Paolo Caffoni d’Archive Books
Plateforme indépendante, Archive Books se consacre à la recherche et à l’étude de pratiques artistiques, sociales et politiques. En savoir plus

Rencontre avec Kathrin Becker, Co-directrice et responsable de la collection Video-Forum du n.b.k. Neuer Berliner Kunstverein
Le n.b.k. compte plus de 1 500 vidéos artistiques internationales, et s’enrichit continuellement depuis sa fondation en 1971. Dirigée depuis 2001 par Kathrin Becker (née en 1965 à Hagen) la collection du forum vidéo est l’une des plus anciennes d’Allemagne.
Visite du « Bibliothekswohnung » et rencontre avec la commissaire et philosophe Anna Catharina Gebbers
Dans ses projets d’expositions, Anna Catharina Gebbers a toujours relié la recherche d’un phénomène culturel à des thèmes sociopolitiques, à travers une approche transdisciplinaire et par le développement de nouvelles formes d’expositions. En savoir plus

Rencontre avec Juan A. Gaitán, Commissaire de la 8e biennale de Berlin
En tant que commissaire de la 8ème Berlin Biennale, le Canado-Colombien Juan Gaitán porte l’une des plus importantes expositions d’art contemporain au monde.

Nos stickers sont arrivés!
Dès demain vous pourrez vous proclamer JEUNE COMMISSAIRE à la foire abc art berlin contemporary! Vous en trouverez aussi au KW Institute for Contemporary Art, au n.b.k. Neuer Berliner Kunstverein, à la Bibliothekswohnung, à Archive Books ou encore au Hamburger Bahnhof et à la Neue Nationalgalerie.

Interview avec Fabienne Bideaud
« Curating is the new criticism »?
Je dirais plutôt que le curating est une nouvelle forme d’expression et d’expérimentation qui permet de manipuler beaucoup d’idées. Il faut pourtant faire attention à la façon dont nous utilisons ces dernières. En savoir plus
JEUNES COMMISSAIRES au KW Institute for Contemporary Art

Interview avec Arlène Berceliot Courtin
Si l’on comprend le mot « curation » au sens anglais du verbe « to care », quelle est la chose dont vous vous occupez en ce moment?
En premier lieu, je m’occupe des artistes. Pour moi, le rôle du curateur/de la curatrice consiste essentiellement en l’action de prendre soin. Concrètement, cela consiste en beaucoup de conversations, et ensuite de mise en application de ces conversations, c’est à dire « prendre soin » de trouver le bon format pour que les idées communiquées par l’artiste prennent forme.

Was ist eigentlich ein Kurator? Commissaire ou curateur? Am I a curator?
Parmi toutes ces questions, certaines prédominent : Que signifie aujourd’hui le terme « commissaire» ? Qui sont les commissaires qui déterminent aujourd’hui le discours curatorial? Comment ces commissaires formulent-ils leur pratique dans le paysage artistiques international ? En savoir plus